"La pêche artisanale a disparu des villages danois"

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"La pêche artisanale a disparu des villages danois"
Par Denis Loctier
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Le Danemark a perdu une grande part de ses entreprises de pêche artisanales en favorisant la concentration des quotas dans les mains des industriels. Interview d'une anthropologue d'un village qui tente de résister.

En marge d'une édition de notre magazine Ocean sur la pêche artisanale danoise qui tente de résister à la concurrence de la pêche conventionnelle, nous interrogeons une anthropologue sur la manière dont le village de Thorupstrand parvient à maintenir son activité traditionnelle et son mode de vie.

Comment expliquer que la décision prise en 2006 par le Danemark de privatiser les quotas de pêche puisse mettre en péril la carrière de jeunes pêcheurs ? Par exemple, le village de Thorupstrand a dû s'organiser et faire preuve d'inventivité pour préserver les droits de pêche de ses pêcheurs. Mathilde Højrup Autzen, anthropologue sociale à Thorupstrand, mène un projet de doctorat industriel sur la pêche à petite échelle au Danemark.

"C'est un village incroyable et il est unique avec ce lieu de débarquement. Il y a beaucoup d'activité ici toute l'année," fait-elle remarquer.

"Concentration rapide des droits de pêche"

"Quand le Danemark a choisi de privatiser son accès aux droits de pêche, il y a eu un phénomène de concentration rapide des droits de pêche au sein d'unités de plus en plus grandes," explique la scientifique. "Ce qui veut dire que de nombreuses entreprises de petite taille ont perdu leur accès aux ressources de pêche et de nombreux lieux de débarquement et de petits ports ont perdu leurs pêcheurs," poursuit-elle.

"Quotas à un prix très élevé"

"L'Etat a décidé de donner les droits d'accès aux ressources à chaque propriétaire de bateau ; donc, les générations suivantes n'y avaient plus accès, ils devaient donc acheter des quotas à un prix très élevé : ce qui est impossible pour la plupart des jeunes pêcheurs," affirme Mathilde Højrup Autzen.

"De nombreux pêcheurs dans ces petits villages ont vendu leur quota de pêche aux grandes entreprises de pêche et ensuite, les villages ont commencé à mourir parce que la pêche a disparu," assure-t-elle avant d'ajouter : "Peut-être que le tourisme ou d'autres secteurs ont pris le relais, mais la pêche a disparu."

"Sauver cette communauté"

"Les jeunes ont constaté qu'ils ne pouvaient plus hériter d'un bateau parce qu'il avait beaucoup de valeur : ils se sont sentis menacés et c'est pour cela qu'ils ont essayé de discuter des possibilités qu'ils avaient pour voir ce qu'ils pouvaient faire pour sauver cette communauté et préserver leurs droits de pêche," indique-t-elle.

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