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La COP16 sur la biodiversité peut-elle inciter les pays à protéger 30 % des terres et des mers d'ici 2030 ?

Un lac en forme de cœur est visible à Rodgau, près de Francfort, en Allemagne, en octobre 2024.
Un lac en forme de cœur est visible à Rodgau, près de Francfort, en Allemagne, en octobre 2024. Tous droits réservés  AP Photo/Michael Probst
Tous droits réservés AP Photo/Michael Probst
Par Euronews Green
Publié le
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Selon Greenpeace, les regards seront tournés vers l'UE, afin de jauger le respect de ses engagements.

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La conférence des Nations unies sur la biodiversité débute la semaine prochaine, deux ans après que le dernier sommet a débouché sur un accord mondial visant à protéger 30% des éléments naturels.

La COP16 - la 16e conférence des parties à la convention sur la diversité biologique (CDB) signée en 1992 - se tiendra à Cali, en Colombie, du 21 octobre au 1er novembre.

Après les objectifs historiques « 30x30 » convenus lors de la COP15, l'accent sera mis sur la manière dont les pays peuvent tenir cet engagement au cours des six années à venir.

« Ce sera une opportunité majeure, pour l'un des Etats les plus riches au monde en termes de biodiversité », assure S.E. Susana Muhamad, ministre colombienne de l'environnement. « Cet événement permettra de faire passer un message de l'Amérique latine au monde entier sur l'importance de l'action climatique et de la protection de la vie».

Mardi, seuls 25 pays, ainsi que l'Union européenne, avaient présenté des plans sur la manière dont ils allaient protéger les écosystèmes en péril sur la planète, selon les analyses de CarbonBrief et du Guardian, avant l'échéance de la COP16 fixée à 195 Etats.

Selon un rapport récent, les populations d'espèces sauvages de la planète auraient diminué de 73 % en l'espace de 50 ans. Et la gestion de la crise de la biodiversité est étroitement liée à la lutte contre le réchauffement climatique.

Qu'est-ce qui a été convenu lors de la COP15 ?

La dernière conférence des Nations unies sur la biodiversité, qui s'est tenue au Canada, s'est achevée par l'adoption du Cadre mondial pour la biodiversité (CMB) de Kumming-Montréal, en décembre 2022. Son principal engagement visait à protéger au moins 30 % des terres et des mers de la planète, et à restaurer 30 % des écosystèmes dégradés d'ici à 2030.

Qualifié par certains d'« Accord de Paris pour la nature », le GBF s'engage également à éliminer ou à réaffecter 500 milliards de dollars (environ 460 milliards d'euros) de subventions préjudiciables à l'environnement, notamment en matière de combustibles fossiles.

Parallèlement, les Etats devraient mobiliser collectivement près de 200 milliards de dollars (184 milliards d'euros) par an à des fins de conservation, à partir de fonds publics et privés. Sur ce montant global, les pays développés se sont engagés à allouer 20 milliards de dollars (18,4 milliards d'euros) par an aux pays en développement d'ici à 2025, puis 30 milliards de dollars (28 milliards d'euros) d'ici à 2030.

Les gouvernements ont également convenu de prendre des mesures urgentes pour empêcher l'extinction des espèces, après les récentes mises en garde des scientifiques, indiquant que la sixième extinction de masse de la Terre était amorcée.

Les pays sont tenus de démontrer les progrès accomplis pour chacun des quatre objectifs principaux, et pour les 23 autres objectifs du cadre stratégique mondial, par le biais de plans nationaux sur la biodiversité.

De nouveaux objectifs nationaux en matière de biodiversité

Les nouveaux plans d'action et stratégies nationaux pour la biodiversité (SPANB) doivent être présentés avant le début de la COP16.

« Pour que ces plans réussissent, ils doivent tracer un chemin qui permette de protéger et de restaurer la nature, tout en renforçant les économies et en garantissant suffisamment de nourriture, d'eau et de ressources pour que tout le monde puisse se développer », indique Crystal Davis, de l'Institut des ressources mondiales (WRI).

La situation varie largement d'un pays à l'autre : ainsi, le WRI note des progrès considérables dans certains pays « ultra-divers », qui abritent près de 70 % de la biodiversité mondiale. Le Brésil, par exemple, qui englobe 60 % de la forêt amazonienne, a réussi à limiter la déforestation de 36 % l'année dernière, sous l'impulsion du président Luiz Inácio Lula da Silva.

La Colombie, de son côté, a réduit la perte de forêt primaire de près de 50 %.

Mais selon les estimations, une surface équivalente à deux fois celle de l'Inde devrait être transformée à des fins agricoles d'ici à 2050.

Et sur les 17 pays très riches en biodiversité, où la protection de la nature a un impact considérable, seuls cinq ont à ce jour élaboré des plans d'action nationaux pour la biodiversité, selon le décompte de CarbonBrief.

De l'importance des peuples autochtones

Un nouveau rapport de l'organisation de protection de la nature Fauna & Flora révèle que les projets destinés à la protection de la nature menés au niveau local ont un impact plus important et sont plus durables.

« Les personnes qui vivent au plus près des zones à forte biodiversité sont susceptibles d'avoir la meilleure connaissance de leur région, et cette expertise ne devrait pas être négligée, mais au contraire soutenue par les organisations de conservation, les gouvernements et les autres parties prenantes, », déclare Kristian Teleki, directeur général de l'organisation.

À la suite des nombreux appels lancés en faveur de la reconnaissance des droits des communautés autochtones, la COP16 a désormais pour mission de traduire ceux-ci en politiques.

Crystal Davis, directrice mondiale du programme Food, Land & Water du WRI, suggère de garantir la propriété foncière des peuples autochtones et des communautés locales, d'inclure leurs voix et leurs systèmes de connaissances traditionnelles dans les décisions politiques et de fournir davantage de financements pour leur donner les moyens d'agir.

À ce jour, plus d'un million de personnes ont soutenu une campagne d'Avaaz appelant à la reconnaissance juridique des territoires des peuples autochtones, dans une pétition qui condamne également l'assassinat de défenseurs de l'environnement.

"La crise de la biodiversité n'est pas sortie de nulle part" : De la COP16 à la COP29

Les experts soulignent également la nécessité de trouver des solutions communes lors de la COP16.

Le système alimentaire mondial étant le principal facteur de perte de biodiversité, notre consommation doit être abordée de manière systématique et plus équitable.

« Les pays devraient établir un lien entre les politiques de protection de la nature et les celles relatives aux systèmes alimentaires et à la sécurité de l'eau, à la fois dans leurs plans nationaux pour la biodiversité, prévus pour la COP16, et dans leurs engagements nationaux pour le climat (NDC), prévus pour le début de l'année 2025 », déclare M. Davis.

Le WWF indique également que la COP16 doit ouvrir la voie à une intégration plus marquée de la nature dans les actions climatiques lors des prochaines COP. Et les militants attendent de l'UE qu'elle fasse preuve de leadership.

« Les dirigeants européens nouvellement élus et la Commission doivent adopter des lois qui protègent les écosystèmes vitaux, garantissent une eau propre et fournissent une alimentation saine », déclare Špela Bandelj Ruiz, responsable de la campagne sur la biodiversité pour l'Europe centrale et orientale chez Greenpeace.

« Lors de la COP16 sur la biodiversité, les représentants de la Commission européenne seront sous les feux de la rampe. Le monde entier scrutera la manière dont ils respectent leurs engagements mondiaux actuels, et observera aussi s'ils ouvrent la voie à la mise en œuvre des objectifs dans leur pays, avec un financement adéquat ».

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