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"Un sursis temporaire" : depuis 20 ans, la fonte de la banquise en Arctique s'est ralentie

Des blocs de glace de mer brisés émergent sous la coque du brise-glace finlandais MSV Nordica alors qu'il navigue dans le détroit de Victoria.
Des blocs de glace de mer brisés émergent sous la coque du brise-glace finlandais MSV Nordica alors qu'il navigue dans le détroit de Victoria. Tous droits réservés  AP Photo/David Goldman, File
Tous droits réservés AP Photo/David Goldman, File
Par Rosie Frost
Publié le
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Si cela peut paraître étranger, il s'agit en réalité d'un phénomène naturel, mais qui ne durera pas éternellement. Au contraire, dès la fin de cette période, la banquise recommencera à fondre plus rapidement encore que la moyenne.

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Malgré le dérèglement climatique qui s'accélère tout autour du globe, la fonte de la banquise en Arctique s'est nettement ralentie depuis la fin des années 2000 sans déclin statistiquement significative au cours des vingt dernières années. C'est ce que révèle une nouvelle étude publiée ce mois-ci dans la revue Geophysical Research Letters par des chercheurs de l'université d'Exeter.

Selon les scientifiques, il s'agit d'un ralentissement temporaire qui pourrait se poursuivre pendant encore cinq à dix ans. Mais ce phénomène ne durera pas éternellement.

Un tel phénomène peut paraître "surprenant", reconnaît Mark England, qui a dirigé l'étude à l'université d'Exeter, au Royaume-Uni. "Toutefois, ce ralentissement est tout à fait conforme aux simulations des modèles climatiques et est probablement dû à la variabilité naturelle du climat, qui se superpose à la tendance à long terme induite par l'homme", explique-t-il. Mais il ne s'agit que d'un "sursis temporaire", prévient-il.

Sans l'homme, la superficie de la banquise aurait augmenté

Mais ce n'est pas forcément une bonne nouvelle, car une fois ce ralentissement terminé, la banquise recommencera à fondre plus rapidement que la moyenne, selon leurs estimations.

Plutôt que d'être un événement attendu ou rare, l'étude indique qu'il faut s'attendre à ce que des périodes comme celle-ci se produisent relativement fréquemment en raison des fluctuations naturelles du système climatique.

Mark England prend alors l'exemple d'une balle qui descend une colline, cette dernière représentant le dérèglement climatique. "La balle continue à descendre la colline, mais lorsqu'elle rencontre des obstacles sur son chemin, elle peut temporairement s'envoler vers le haut ou sur le côté et ne plus sembler descendre du tout", explique-t-il. "Mais la balle atteindre toujours le bas de la colline."

En réalité, l'étude indique qu'en l'absence de réchauffement d'origine humaine, la superficie de la banquise aurait probablement augmenté au cours de cette période.

"Pas un signe de rétablissement"

Pour leur étude, les scientifiques ont étudié l'étendue de la banquise, en utilisant deux ensembles différents de mesures satellitaires, de 1979 à aujourd'hui.

En se concentrant sur septembre, le mois de l'année durant lequel l'étendu de la banquise est à son niveau le plus bas, ils ont constaté qu'entre 2005 et 2024, la glace a diminué de 0,35 million de kilomètres carrés au cours de la première décennie et de 0,29 million de kilomètres carrés au cours de la seconde.

La fonte au cours des deux dernières décennies est donc la plus faible sur une période de 20 ans depuis le début des relevés par satellite en 1979. Elle a même été quatre à cinq fois plus lente que celui de la période allant de 1993 à 2012.

Par rapport à la fonte moyenne observée depuis 1979, qui est de 0,78 à 0,79 million de kilomètres carrés par décennie, les deux dernières décennies présentent un ralentissement de 55 à 63 %.

Il s'agit d'une "pause" dans le rythme de la fonte de la banquise, qui a une superficie "encore bien inférieure à ce qu'elle était dans les années 1980", explique Gaëlle Veyssière, physicienne spécialiste de la glace de mer et de la neige au British Antarctic Survey, qui n'a pas participé à l'étude. "Le déclin s'est globalement ralenti pour la période d'étude 2005-2024", observe-t-elle.

"Cette pause ne doit pas être confondue avec un signe de rétablissement. Elle n'indique pas que la banquise s'améliore ou que nous assistons à un renversement des tendances climatiques", prévient-elle.

Depuis le début des relevés par satellite à la fin des années 1970, l'étendue de la banquise à la fin de l'été a diminué de moitié. Il a été démontré que le réchauffement climatique est responsable de près de deux tiers de cette fonte, le tiers restant étant dû aux fluctuations naturelles des systèmes climatiques de la Terre.

Le réchauffement de l'Arctique (article en anglais) étant près de quatre fois supérieur à la moyenne mondiale, plus de 10 000 kilomètres cube de banquise ont disparu depuis les années 1980, ce qui équivaudrait à remplir quatre milliards de piscines olympiques. En septembre 2012, elle a atteint sa plus petite superficie jamais observée (article en anglais), soit 3,41 millions de kilomètres carrés, ce qui a donné lieu à des spéculations sur la date à laquelle l'Arctique pourrait connaître son premier été "sans glace".

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