Les organisateurs de l'Eurovision ont annoncé qu'ils autorisaient Israël à concourir. Plusieurs pays européens, critiques à l'égard de l'offensive israélienne à Gaza, ont rapidement annoncé leur retrait.
Israël a reçu le feu vert pour participer au Concours Eurovision de la chanson de l'année prochaine, malgré les appels à l'exclusion du pays en raison de la guerre à Gaza et les allégations selon lesquelles le vote du concours de cette année avait été manipulé en faveur du candidat israélien.
Lors de l'assemblée générale de l'Union européenne de radio-télévision (UER), qui organise le concours, "une grande majorité des membres a convenu qu'il n'était pas nécessaire de procéder à un nouveau vote sur la participation et que le Concours Eurovision de la chanson 2026 devrait se dérouler comme prévu, avec les garanties supplémentaires mises en place", selon l'organisation.
En effet, au lieu d'un vote sur la participation d'Israël, les membres de 37 pays ont été invités à voter à bulletin secret pour savoir s'ils étaient satisfaits des nouvelles règles annoncées le mois dernier. 65% des délégués ont voté en faveur des changements, 23% ont voté contre et 10% se sont abstenus.
Les radiodiffuseurs norvégiens, suédois, finlandais et danois, qui ont tous déclaré qu'ils continueraient à soutenir le concours de la chanson, se sont prononcés en faveur des changements.
Le radiodiffuseur autrichien ORF a déclaré qu'il était satisfait de la décision et qu'il se réjouissait d'accueillir le concours l'année prochaine.
Roland Weissman, directeur général de l'ORF, a déclaré que le concours "est une compétition pour les radiodiffuseurs, pas pour les gouvernements" et qu'il avait personnellement plaidé en faveur de la participation d'Israël.
"Dans l'esprit de favoriser le dialogue culturel et de soutenir et renforcer le rôle démocratique des radiodiffuseurs publics, il était important de ne pas brûler les ponts", a-t-il déclaré, ajoutant que les préoccupations soulevées par certains membres avaient été prises "très au sérieux".
Réagissant à la décision de l'UER, le président israélien Isaac Herzog a posté sur X : "Israël mérite d'être représenté sur toutes les scènes du monde, une cause pour laquelle je suis pleinement et activement engagé... J'espère que la compétition restera une compétition qui défend la culture, la musique, l'amitié entre les nations et la compréhension culturelle transfrontalière".
Toutefois, la décision de maintenir Israël dans la liste des participants de l'année prochaine a conduit quatre pays - pour l'instant - à se retirer de l'Eurovision 2026.
Qui ne participera pas à l'Eurovision 2026... jusqu'à présent ?
L'Irlande, les Pays-Bas, la Slovénie et l'Espagne vont boycotter l'Eurovision l'année prochaine. Les radiodiffuseurs de ces pays ont immédiatement publié des déclarations indiquant qu'ils ne participeraient pas au concours 2026 à la suite de la réunion de l'assemblée générale de l'UER qui s'est tenue hier.
Le radiodiffuseur néerlandais AVROTROS a déclaré qu'il "conclut que, dans les circonstances actuelles, la participation ne peut être conciliée avec les valeurs publiques qui sont fondamentales pour notre organisation".
Le directeur général, Taco Zimmerman, a ajouté : "La culture unit, mais pas à n'importe quel prix. Ce qui s'est passé au cours de l'année écoulée a mis à l'épreuve les limites de ce que nous pouvons défendre".
Le radiodiffuseur slovène RTVSLO a déclaré que sa participation "serait contraire à ses valeurs de paix, d'égalité et de respect" et qu'il se retirait de la compétition "au nom des 20 000 enfants qui sont morts à Gaza".
Dans son discours aux membres avant la décision, Natalija Gorscak, présidente du conseil d'administration de RTVSLO, a déclaré : "Pour la troisième année consécutive, le public nous a demandé de refuser la participation de tout pays qui attaque un autre pays. Nous devons suivre les normes européennes en matière de paix et de compréhension. L'Eurovision a toujours été un lieu de joie et de bonheur, les artistes et le public ont été unis par la musique, et cela doit rester ainsi."
Le radiodiffuseur irlandais RTÉ a réagi à cette décision en déclarant : "RTÉ estime que la participation de l'Irlande est inadmissible compte tenu du nombre effroyable de morts à Gaza et de la crise humanitaire qui y sévit et qui continue de mettre en péril la vie de tant de civils.
Le radiodiffuseur espagnol RTVE a déclaré qu'il ne diffuserait pas le concours ni les demi-finales et a critiqué le processus de décision comme étant "insuffisant". La décision de l'UER "accroît la méfiance de RTVE à l'égard de l'organisation du festival et confirme la pression politique qui l'entoure".
Le boycott a été soutenu par le ministre de la culture du pays, Ernest Urtasun, qui s'est dit "fier d'une RTVE qui place les droits de l'homme avant tout intérêt économique".
C'est la première fois que l'Espagne reste à l'écart du concours depuis 1961 et son absence aura le plus grand impact sur l'Eurovision, car l'Espagne est l'un des "cinq grands" radiodiffuseurs - un groupe qui contribue le plus à l'organisation du concours, qui comprend également la France, l'Allemagne, l'Italie et le Royaume-Uni.
L'Allemagne a déjà déclaré qu'elle ne participerait pas à l'Eurovision 2026 si Israël en était exclu, tandis que la France a confirmé sa participation au début de l'année.
La BBC a déclaré qu'elle diffuserait le concours l'année prochaine et qu'elle soutenait "la décision collective prise par les membres de l'UER".
Que va-t-il se passer ?
Le concours est en crise et le refus d'un vote réel sur la participation d'Israël a provoqué un nouveau chaos.
"L'Eurovision est en train de devenir un événement quelque peu fracturé", a déclaré Paul Jordan, expert de l'Eurovision et titulaire d'un doctorat sur le concours. Le slogan est "Unis par la musique"... malheureusement, il est désuni par la politique.
"La situation est devenue assez confuse et toxique", a-t-il ajouté avant l'assemblée générale.
Certains radiodiffuseurs n'ont pas encore fait de déclarations à la suite de la décision d'hier. La chaîne islandaise RÚV, qui avait déjà approuvé une motion recommandant l'expulsion d'Israël, a déclaré qu'elle ne prendrait pas de décision définitive sur sa participation avant la semaine prochaine.
Il reste à voir si d'autres radiodiffuseurs se joindront à l'Espagne, aux Pays-Bas, à l'Irlande et à la Slovénie pour boycotter l'Eurovision 2026. Les Membres ont jusqu'à la mi-décembre pour confirmer leur participation à l'Eurovision 2026, et la liste définitive sera annoncée avant Noël.
Une chose est sûre : après deux concours qui ont semé la discorde en raison de la participation d'Israël, le risque est réel de voir le nombre de téléspectateurs chuter à l'occasion de l'édition 2026.
Des appels au boycott mondial de la compétition de l'année prochaine ont déjà été lancés, de nombreux internautes exprimant leur consternation et leur colère face au maintien d'Israël dans le programme. La décision de l'UER pourrait alimenter d'autres protestations, exposant ce que certains appellent une démonstration flagrante d'hypocrisie de la part de l'organisation.
En effet, le concours se targue de maintenir une neutralité politique, se positionnant comme célébrant la musique plutôt que la politique. Pourtant, l'UER a banni la Russie en 2022, quelques jours seulement après l'invasion de l'Ukraine. Pourquoi en serait-il autrement pour Israël ?
Le concours de l'année prochaine, qui sera la 70e édition de l'Eurovision, se déroulera en Autriche du 12 au 16 mai. Le regarderez-vous ?