Le directeur exécutif de l'Institut de recherche environnementale de l'Amazonie (IPAM), André Guimarães, a qualifié de "décevante" la position du bloc européen à l'approche de la conférence des Nations unies sur le changement climatique, qui s'ouvrira le 10 novembre à Belém, au Brésil.
Traditionnellement à l'avant-garde de la lutte contre le changement climatique, l'Union européenne n'a pas encore présenté de propositions concrètes à l'approche de la COP30.
Les CDN (contributions déterminées au niveau national) sont des plans que chaque pays adopte et met à jour régulièrement pour respecter l'Accord de Paris et limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C.
"La présidence brésilienne avait espéré que davantage de CDN seraient présentées lors de la pré-COP", déplore André Guimarães, directeur exécutif de l'Institut de recherche environnementale de l'Amazonie (IPAM), dans une interview accordée à Euronews.
"L'absence de l'Europe a été décevante, surtout parce qu'elle a toujours historiquement mené ce débat, ce qui a frustré beaucoup d'autres nations et même des secteurs économiques".
Les États membres divisés sur la politique climatique
Les dirigeants de l'Union européenne assurent que les pays membres sont sur la bonne voie pour atteindre leurs objectifs de réduction des émissions et ont promis de présenter leur nouvelle CDN lors de la COP30 à Belém.
Le sujet est à l'ordre du jour du sommet des ministres de l'Environnement, qui se tiendra mardi à Bruxelles. Pour l'instant, l'UE a seulement publié une déclaration d'intention qui prévoie une fourchette de réduction des émissions comprise entre 66,25 % et 72,5 %.
Bruxelles considère ce document comme un moyen de faire avancer le débat pendant que les négociations internes se poursuivent. Certains États membres s'opposent aux mesures environnementales et s'interrogent sur la manière de financer la transition vers une économie à faibles émissions de carbone, tout en tenant compte de priorités telles que la défense et la compétitivité des industries.
"Il est compréhensible, en cette période d'incertitude commerciale et géopolitique, que les pays évitent de se fixer des objectifs très ambitieux. Mais si cette attitude est compréhensible, elle n'est pas justifiable", estime André Guimarães.
"Le problème climatique est grave et a déjà été démontré par la science ; il est mesuré par les thermomètres, avec des records de chaleur, de pluie et d'événements extrêmes. Certains pays sont prudents à l'idée d'annoncer de nouvelles CDN, mais le changement climatique n'attendra pas la fin de la guerre ou la fixation des tarifs douaniers. Il se manifeste déjà par des incendies, des sécheresses, des inondations et des incertitudes économiques".
Les Nations unies soulignent les progrès accomplis, mais appellent à une action plus rapide
Cette semaine, les Nations unies ont publié leur rapport récapitulant les 64 CDN soumises avant septembre. Même si l'analyse est encore incomplète sans l'UE, le rapport prévoit que les émissions atteindront leur maximum avant 2030 et diminueront de 11 % à 24 % d'ici 2035, par rapport à 2019.
Bien que les mesures de lutte contre le changement climatique progressent chaque année dans le monde, l'ONU estime qu'il est urgent d'accélérer le rythme et d'encourager davantage de pays à adopter des politiques climatiques plus ambitieuses.
À cette fin, l'expert brésilien souligne l'importance de la coopération internationale lors de la COP30 pour atteindre les objectifs fixés, affirmant que "la crise climatique ne sera pas résolue par quelques pays : soit tout le monde participe, soit nous ne pourrons pas trouver de solutions".
"Le mot choisi par la présidence de la COP pour symboliser cette approche est "mutirão". C'est un terme très brésilien : il ne signifie pas seulement "travailler ensemble", mais travailler ensemble pour le bien collectif. Ce concept est présent dans les pratiques des peuples indigènes, qui chassent, produisent et construisent collectivement. Cette sagesse résume ce que nous devons faire face à la crise climatique : agir ensemble, de manière coopérative et solidaire, pour le bien commun", conclut André Guimarães.