Malgré le déferlement de catastrophisme climatique et des dégâts irréversibles, 2025 a enregistré quelques grandes victoires pour la planète.
L’omniprésence du changement climatique plane sur le monde tel un nuage gris, plongeant des millions de personnes dans une peur constante.
Internet est saturé de mauvaises nouvelles, pas toutes exactes. Mais la réalité, c’est que les événements météorologiques extrêmes s’aggravent, que les limites planétaires ont été franchies et que les émissions liées aux énergies fossiles atteignent un niveau record, malgré les conséquences dramatiques de la surchauffe de la planète.
Ces gros titres étouffent souvent les bonnes nouvelles, reléguant au second plan les avancées majeures et les efforts de conservation. Alors, pour terminer l’année sur une note d’espoir, voici cinq des plus grandes victoires climatiques que vous avez peut‑être manquées en 2025.
L’avis historique de la CIJ sur le climat
En juillet, la plus haute juridiction de l’ONU a rendu un avis historique sur le changement climatique, précisant les responsabilités des États en droit international. Il s’agissait de la plus grande affaire jamais examinée par la Cour internationale de Justice (CIJ), avec plus de 150 contributions d’États, d’organisations internationales et de groupes de la société civile.
Dans un avis consultatif de 133 pages, la CIJ a affirmé qu’un « environnement propre, sain et durable » est un droit humain, au même titre que l’accès à l’eau, à l’alimentation et au logement. Bien que non contraignant, il a contribué à poser les bases juridiques pour tenir les grands pollueurs responsables et donner des moyens d’action aux communautés les plus touchées par le changement climatique.
Cela s’ajoute à l’élan créé par l’affaire Urgenda, qui a marqué la première fois qu’un tribunal, où que ce soit dans le monde, ordonnait à un gouvernement de renforcer son action climatique. « Nous n’avons jamais été mieux placés pour utiliser le droit afin de protéger les populations et la planète du changement climatique », affirme Dennis van Berkle, juriste chez Urgenda.
2025 a été une année charnière pour le contentieux climatique, avec plusieurs affaires à la une. En novembre, l’audience entre l’agriculteur belge Hugues Falys et TotalEnergies a enfin débuté, près de deux ans après le dépôt de la plainte.
Falys assigne le géant des énergies fossiles devant le tribunal de commerce de Tournai pour obtenir réparation des dommages subis par son exploitation, qu’il attribue directement au changement climatique.
Le traité sur la haute mer
L’Union européenne et six de ses États membres ont formellement ratifié, en mai, le traité des Nations unies visant à protéger la haute mer, une étape qualifiée d’« historique » pour la conservation des océans.
La ratification signifie que les États acceptent formellement que le traité devienne du droit international contraignant. Cela implique souvent d’aligner la législation nationale sur les dispositions du traité.
Le traité sur la haute mer ouvre la voie à la protection de la vie marine dans les zones situées au-delà des limites maritimes nationales, qui couvrent près des deux tiers des océans. Ces régions sont de plus en plus menacées par la pollution, la surexploitation, le changement climatique et l’érosion de la biodiversité.
Il permet la création d’aires marines protégées et soutient l’objectif mondial de préserver au moins 30 % des océans d’ici 2030.
« Le leadership de l’UE est essentiel pour faire face aux crises de la biodiversité et du climat », souligne Nathalie Rey, de la High Seas Alliance. « Ce geste audacieux envoie un message clair : la protection des océans n’est pas optionnelle, c’est une priorité mondiale. »
Un boom des énergies renouvelables
Même si des États pétroliers ont empêché la COP30 d’adopter une feuille de route pour la sortie des énergies fossiles, la production solaire et éolienne mondiale a dépassé la demande d’électricité cette année et, pour la première fois, les énergies renouvelables ont produit plus d’électricité que le charbon.
Selon un rapport du groupe de réflexion Ember, la production solaire mondiale a progressé de 31 % au premier semestre, un record, tandis que l’éolien a augmenté de 7,7 %. À eux deux, ces renouvelables ont gagné plus de 400 térawattheures, soit davantage que la hausse de la demande mondiale sur la même période.
L’énergie solaire s’est le mieux illustrée en 2025 et a été consacrée « moteur principal » de la transition mondiale vers une énergie propre, grâce à son coût ultra‑bas. Une étude de l’université de Surrey l’a désignée comme la source d’électricité la moins chère, pouvant coûter seulement 0,023 € pour produire une unité d’électricité.
Avec la baisse de 89 % du prix des batteries lithium‑ion depuis 2010, l’étude conclut aussi que concevoir des systèmes associant solaire et stockage est désormais aussi rentable que des centrales à gaz.
Cela pourrait faire avancer la sortie des énergies fossiles lors de la conférence mondiale sur la sortie des combustibles fossiles organisée par la Colombie, coorganisée avec les Pays‑Bas en avril prochain.
Des économies en croissance, sans émissions
Le lien entre le PIB et la hausse des émissions commence enfin à se briser, un nombre croissant de pays faisant croître leur économie sans nuire à la planète.
Un rapport récent de l’Energy and Climate Intelligence Unit (ECIU) a analysé 113 pays à partir des dernières données du budget carbone mondial 2025. Les chercheurs ont constaté que 92 % du PIB mondial et 89 % des émissions mondiales se trouvent dans des économies ayant opéré un découplage relatif ou absolu. Le premier cas se produit lorsque les émissions augmentent, mais plus lentement que le PIB, et le second lorsque les émissions reculent tout en maintenant une croissance économique positive.
La majorité des pays européens ont été classés parmi les « découpleurs » réguliers, notamment l’Autriche, la Belgique, la Bulgarie, la Tchéquie, l’Allemagne, le Danemark, l’Espagne, l’Estonie, la Finlande, la France, le Royaume‑Uni, la Hongrie, l’Irlande, les Pays‑Bas, la Norvège, la Pologne, la Roumanie, la Slovaquie et la Suède.
Ces résultats reposent sur des émissions calculées sur la base de la consommation, afin de répondre aux craintes que les économies avancées « délocalisent » leurs émissions en externalisant la production à forte intensité carbone vers les pays en développement.
« On nous dit parfois que le monde ne peut pas réduire ses émissions sans réduire sa croissance », explique John Lang, l’un des auteurs du rapport et responsable du Net Zero Tracker à l’ECIU.
« C’est l’inverse qui se produit. Le découplage est désormais la norme, pas l’exception, et la part de l’économie mondiale qui découple ses émissions de manière absolue augmente régulièrement. »
Les tortues menacées font leur retour
2025 a été une année difficile pour la faune, mais des décennies de conservation marine commencent enfin à porter leurs fruits. En octobre, les tortues vertes ont été officiellement reclassées de « en danger » à « préoccupation mineure ».
Présentes dans les eaux tropicales et subtropicales du monde entier, les populations mondiales de tortues vertes ont chuté à des niveaux inquiétants dans les années 1980, après des années de chasse intensive par l’être humain. L’espèce était abattue en masse pour préparer des soupes et d’autres mets, tandis que leurs œufs étaient couramment utilisés comme éléments décoratifs dans certaines cultures.
Pourtant, après plus de 40 ans sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), les tortues ont opéré un retour spectaculaire. La population mondiale de tortues vertes a d’ailleurs augmenté d’environ 28 % depuis les années 1970.
Ce rebond est attribué aux efforts visant à protéger, sur les plages, les femelles en nidification et leurs œufs, à réduire les prélèvements non durables de tortues et d’œufs pour la consommation humaine, et à lutter contre les captures accidentelles dans les engins de pêche.