Sombres horizons pour la liberté de la presse

Sombres horizons pour la liberté de la presse
Tous droits réservés REUTERS/Darrin Zammit Lupi
Par Anne-Lise Fantino
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Deux tendances alarmantes se détachent, à l'occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse : le meurtre de journalistes, récemment, en Europe, et la hausse du nombre de professionnels incarcérés.

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C'était l'un des visages et une plume du journalisme d'investigation à Malte. Daphne Caruana Galizia a été tuée il y a six mois. Des crimes plus en plus fréquents, et qui restent impunis dans neuf cas sur dix, d'après le dernier rapport de l'UNESCO. À l'occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse, ce jeudi, le fils de la journaliste assassinée a réclamé plus de soutien à la profession.

"Ma crainte est que les personnes qui ont rempli l'espace laissé après l'assassinat de ma mère ne reçoivent pas tout le soutien dont elles ont besoin", explique Andrew Caruana Galizia, fils de la journaliste maltaise assassinée, "et ce n'est pas seulement un soutien financier - qui est évidemment nécessaire - mais aussi un soutien moral en dehors de Malte, des institutions européennes".

Daphne Caruana Galizia avait créé un blog indépendant, Running Commentary, dans lequel elle avait révélé de nombreux scandales de corruption. Elle avait notamment révélé en 2016 que deux proches du Premier ministre maltais, Joseph Muscat – son directeur de cabinet, Keith Schembri, et l’un de ses ministres, Konrad Mizzi –, étaient les bénéficiaires de sociétés offshore soupçonnées d’avoir servi à percevoir des revenus issus d’opérations suspectes.

Suite à son assassinat, 45 journalistes représentant 18 médias, dont France Télévisions, Radio France et Le Monde, ont décidé de reprendre son travail sur la corruption et les circuits internationaux de blanchiment d’argent sale. Une collaboration unique pour maintenir en vie les enquêtes de Daphne Caruana Galizia, coordonnée par l’organisation Forbidden Stories.

L'an dernier, 46 journalistes ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions, dont 18 assassinés. L'emprisonnement est lui aussi en hausse avec 262 journalistes incarcérés, dont 49 en Chine, selon le Comité pour la protection des journalistes.

Autre tendance de fond : l'attaque des médias dans les discours populistes et les régimes autoritaires, et l'instrumentalisation des réseaux sociaux, pour diffuser des rumeurs. La toile offre aussi de nouvelles alternatives, selon Roman Dobrokhorov, journaliste russe

"Notre média "The Insider" n'a pu être créé que grâce aux nouvelles opportunités offertes par Internet", développe-t-il, "et les réseaux sociaux où nous diffusons nos informations sur les liens de Vladimir Poutine avec le crime organisé, sur la corruption en Russie ou sur la guerre en Ukraine. Cela n'est possible que grâce aux réseaux sociaux et aux blogueurs qui nous aident à diffuser ces informations".

Ce lundi, neuf journalistes ont été tués en Afghanistan, dans une attaque qui les visait de manière délibérée.

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