À quoi ressemblera la politique étrangère d’une Amérique post-Trump?

À quoi ressemblera la politique étrangère d’une Amérique post-Trump?
Tous droits réservés Alex Brandon/The Associated Press
Par Yolaine De Kerchove Dexaerde
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Copier/coller le lien embed de la vidéo de l'article :Copy to clipboardLien copié

Quelles traces la politique étrangère de Donald Trump va-t-elle laisser derrière elle? Quel sera l'impact sur la présidence de Joe Biden? Ishaan Tharoor, chroniqueur en politique étrangère au Washington Post, nous donne son avis.

PUBLICITÉ

D'ici quelques jours, Joe Biden prendra le relais de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis. Un passage de témoin qui ne se fera pas sans troubles. Les derniers jours de la présidence trumpiste ont été très mouvementés. Avec quel héritage pour la nouvelle administration Biden?

Les troubles politiques qui ont suivi la violente attaque du Capitole ont atteint un nouveau sommet. Quelques jours à peine avant que Donald Trump ne quitte la présidence américaine, une majorité bipartisane à la Chambre des représentants, l'a déclaré coupable d'incitation à l'insurrection violente.

"Aujourd'hui, de manière bi-partisane, la Chambre a démontré que personne n'est au-dessus des lois, pas même le président des États-Unis"
Nancy Pelosi
Présidente de la Chambre des représentants des États-Unis

Invité dans The State of the Union, Ishaan Tharoor, chroniqueur en politique étrangère au Washington Post, a répondu aux questions de Stefan Grobe.

Euronews : Dans un monde normal, une administration américaine sortante qui n'a plus que quelques jours à vivre ne ferait pas preuve de beaucoup de réactivité en politique étrangère. Mais ce n’est pas le cas de Donald Trump et Mike Pompeo. Dans une chronique de cette semaine, vous les avez accusés de "vandalisme diplomatique".

Ishaan Tharoor : Ce que vous avez vu avec Mike Pompeo est une multitude d'activités où son administration a fait un certain nombre de gestes significatifs : ils ont inscrit les Houthis du Yémen sur la liste des organisations terroristes, ils ont remis Cuba sur la liste des États américains parrainant le terrorisme, ils ont fait des déclarations assez provocatrices concernant Taïwan, etc. Et ce qu'ils ont surtout fait, c'est de semer un tas d’embûches politiques que le nouveau gouvernement Biden devra manœuvrer pour établir son propre programme à l'avenir.

Euronews : Mais est-ce important à ce stade ? Joe Biden ne peut-il pas faire marche arrière immédiatement ?

Ishaan Tharoor : Non, Joe Biden ne peut pas faire marche arrière immédiatement sur tous les plans. Ces désignations du département d'État peuvent être annulées ou inversées, mais elles nécessitent toutes un certain nombre de procédure avant d’être annulées. Et donc, pendant ce temps, surtout dans le cas des Houthis au Yémen, cela complique vraiment les efforts des organisations humanitaires qui apportent de l'aide à un pays ravagé par la famine et la maladie. Et lorsqu'il s'agit d'autres fronts, ce qui va se passer, c'est que les efforts de Joe Biden pour faire marche arrière auront un coût politique à Washington.

Euronews : La plupart des dirigeants européens et ailleurs sont soulagés que Joe Biden prenne le relais la semaine prochaine. Mais y a-t-il comme un héritage durable de la politique étrangère de Donald Trump ?

Ishaan Tharoor : C'est une bonne question, car la politique étrangère de M.Trump a été si dispersée, si perturbatrice, si souvent porteuse d'un manque de stratégie réelle, comme le lancement de guerres commerciales et le lancement de tweets de colère, qu'il a parfois été difficile de voir quel était le véritable objectif final. Joe Biden promet une grande restauration du leadership américain sur la scène mondiale, mais les événements de ces dernières semaines, le fait que tant de fonctionnaires et d'hommes politiques républicains restent derrière Donald Trump, et le fait que des millions et des millions d'Américains soutiennent ce qui semble être une sorte de subversion démocratique, donnent aux dirigeants européens une bonne raison de se méfier du soutien des États-Unis à l'avenir, vu la volatilité à Washington.

Euronews : Quelle sera la priorité numéro un de Joe Biden en politique étrangère à partir de mercredi ?

Ishaan Tharoor : Je pense que le grand projet de Joe Biden sera le changement climatique. Au cours des cinquante dernières années, avec la campagne de Donald Trump puis les quatre années de sa présidence, les États-Unis ont complètement perdu leur place de leader en matière de politique et d'action climatiques. Et en ce qui concerne l'héritage auquel Joe Biden a reçu, il s'agira de galvaniser à nouveau le mouvement en faveur de l'action climatique et de faire des États-Unis un élément central de cette action.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

State of the Union : économie de guerre et aide humanitaire

"State of the Union" : défense de la démocratie et aide à Gaza

Ursula von der Leyen fixe ses lignes rouges pour une prochaine majorité