L'UE s'entend pour suspendre l'accord facilitant la délivrance de visas pour les Russes

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Tous droits réservés Petr David Josek/Copyright 2022 The Associated Press. All rights reserved
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Par Euronews
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Les 27 se sont entendus pour suspendre l'accord de 2007 qui facilitait les demandes de visa pour les Russes.

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L'Union européenne a décidé de suspendre totalement l'accord sur les visas conclu en 2007 avec la Russie et d'intensifier l'examen des futures demandes soumises par les touristes russes.

La suspension de l'accord devrait entraver considérablement la procédure de demande de visa, la rendant beaucoup plus coûteuse, plus lourde et plus longue pour les ressortissants russes qui prévoient de se rendre dans l'Union.

"Ce sera plus difficile et plus long, et par conséquent le nombre de nouveaux visas sera considérablement réduit", a déclaré Josep Borrell, le responsable de la politique étrangère de l'UE, à l'issue d'une réunion informelle des ministres des affaires étrangères à Prague.

"Il s'agit d'une approche commune et elle empêchera les Russes de faire du shopping avec les visas, en allant ici et là, en essayant de [trouver] les meilleures conditions."

Les passeports délivrés par les autorités russes à l'intérieur des territoires occupés d'Ukraine ne seront pas reconnus sur le territoire de l'UE, a déclaré le diplomate. Les ministres ont également chargé la Commission européenne d'examiner les centaines de milliers de visas détenus par des Russes qui sont toujours en circulation.

Les Etats membres divisés

Les ministres européens des Affaires étrangères, réunis ce 30 août à Prague, étaient divisés sur la possibilité d'interdire ou de réduire l'accès à l'Union européenne aux touristes russes pour les punir de la guerre en Ukraine, comme le réclame Kiev. 

M. Borrell s'était personnellement opposé à l'interdiction totale des citoyens russes, estimant que l'Union devait être "plus sélective" et laisser la porte ouverte à ceux qui tentent de fuir le régime de Vladimir Poutine.

"Nous ne voulons pas nous couper des Russes qui sont contre la guerre en Ukraine", avait-il déclaré.

L'Allemagne, la France, le Portugal et l'Espagne étaient également opposés à cette mesure radicale.

De l'autre côté, un groupe de pays de l'Est et du Nord, dont l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Finlande, le Danemark, la Pologne et la République tchèque, ont uni leurs forces pour introduire une action d'envergure à l'échelle de l'UE qui suspendrait ou réduirait sévèrement la délivrance de visas aux Russes.

Selon eux, la population russe soutient massivement le président Poutine et, par extension, l'occupation qu'il a décidé de lancer contre l'Ukraine.

"Le tourisme normal ne doit pas continuer comme si de rien n'était", a déclaré mercredi matin le ministre finlandais des Affaires étrangères, Pekka Haavisto.

La Finlande a déjà réduit de 90% le nombre de visas pour les ressortissants russes. Le pays a été confronté à des cas de touristes russes qui traversent la frontière terrestre, longue de 1 300 km, pour se rendre ensuite dans les aéroports finlandais et s'envoler vers des destinations européennes plus chaudes.

Les données de Frontex, l'agence européenne de contrôle des frontières, montrent que, depuis le début de la guerre en Ukraine fin février, près d'un million de citoyens russes sont entrés légalement dans l'Union par voie terrestre, principalement en passant par la Finlande, les États baltes et la Pologne.

Des visas "Schengen"

En matière de tourisme, les pays de l'UE peuvent délivrer leurs propres visas nationaux, conçus pour un court séjour à l'intérieur d'un seul pays, et des visas Schengen**,** qui permettent de voyager dans l'espace Schengen sans passeport.

L'espace Schengen étant une zone sans frontières, la délivrance de ce type de visa nécessite une décision approuvée par tous les États membres. (La Bulgarie, la Roumanie, la Croatie, Chypre et l'Irlande restent en dehors de Schengen).

L'accord de facilitation de 2007 visait à accorder un traitement préférentiel aux demandes russes.

Certains pays ont déjà pris des mesures pour interrompre ou réduire le nombre de visas pour les ressortissants russes, à l'exception du regroupement familial, des affaires diplomatiques et de l'aide humanitaire.

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"Il est de notre compétence nationale, en vertu du principe de sécurité nationale, de décider des questions d'entrée dans notre [pays]", a déclaré le ministre estonien des Affaires étrangères, Urmas Reinsalu.

M. Borrell a noté que l'afflux de visiteurs russes, qui a augmenté pendant l'été, posait un "risque de sécurité" pour les pays voisins et pourrait nécessiter des mesures supplémentaires de leur part.

"La situation à la frontière est devenue difficile", a-t-il déclaré. "Ces pays peuvent prendre des mesures au niveau national pour restreindre l'entrée dans l'UE par leurs frontières, toujours en conformité avec les [règles] de Schengen."

Bien que l'idée de l'interdiction pure et simple des visas soit venue de l'Est, elle a gagné en force ces derniers jours et a attiré le soutien d'autres capitales, dont les Pays-Bas.

"Alors que les contacts interpersonnels sont importants, nous voyons maintenant principalement de riches Russes venir en Europe pour faire du shopping", a déclaré le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Wopke Hoekstra.

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"Ce n'est pas une bonne idée. Il est logique de limiter ce type de voyage."

Mais les appels croissants en faveur de l'interdiction se sont heurtés à l'opposition conjointe de l'Allemagne et de la France, les pays les plus grands et les plus puissants de l'UE.

"Tout en comprenant les préoccupations de certains États membres dans ce contexte, nous ne devrions pas sous-estimer le pouvoir de transformation que représente l'expérience directe de la vie dans des systèmes démocratiques, en particulier pour les générations futures", ont écrit les deux gouvernements dans un document.

"Nos politiques en matière de visas devraient refléter cela et continuer à permettre des contacts entre personnes dans l'UE avec des ressortissants russes non liés au gouvernement russe."

L'Espagne et le Portugal ont également adopté une position plus équilibrée, insistant sur la pénalisation de "la machine de guerre de la Russie" plutôt que celle des citoyens ordinaires.

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La décision annoncée mercredi n'est pas formelle et devra être précisée et entérinée ultérieurement.

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