Crise énergétique : l'UE se rend à la COP 27 alors que les pays membres passent du gaz au charbon

L'UE se rend à la COP 27 dans un contexte énergétique difficile
L'UE se rend à la COP 27 dans un contexte énergétique difficile Tous droits réservés Martin Meissner/Copyright 2022 The AP. All rights reserved.
Tous droits réservés Martin Meissner/Copyright 2022 The AP. All rights reserved.
Par Jorge LiboreiroEuronews
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Copier/coller le lien embed de la vidéo de l'article :Copy to clipboardLien copié

A cause de la rupture des approvisionnements en gaz de la Russie, plusieurs pays membres de l’UE relancent des centrales à charbon afin de produire suffisamment d’électricité cet hiver.

PUBLICITÉ

Les dirigeants de l'Union européenne se préparent pour la COP 27, la conférence des Nations Unies sur le climat. L’objectif fixé par la communauté internationale est de limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C.

Mais ce but semble difficile à atteindre, un rapport de l’ONU a conclu le mois dernier qu'il n'existait "aucune voie crédible pour atteindre 1,5°C".

L'UE cherche depuis longtemps à jouer le rôle de leader de la transition écologique. Pour ce faire, les 27 veulent parvenir en 2050 à la neutralité carbone. L’Union est d'ailleurs devenue une sorte de laboratoire expérimental concernant la législation sur le climat, d’autres pays cherchent à voir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas.

Lors de la COP 26, l'UE s’est présentée comme le moteur de la réduction des émissions de méthane et de la protection des forêts tropicales. Mais les choses ont changé depuis l'année dernière à Glasgow.

Les dirigeants européens se rendent cette année à Charm el-Cheikh, en Égypte, au pleine crise énergétique qui menace de paralyser l'industrie et de mettre les ménages en difficulté financière.

Face à la perspective de coupures de courant et de rationnements généralisés, les pays membres ont fait de la sécurité de l'approvisionnement leur priorité absolue, même si le prix à payer est élevé sur le plan économique et environnemental.

Avec la disparition du gaz russe du jour au lendemain, certains États ont été contraints de se rabattre sur le charbon, le combustible fossile le plus polluant.

L'Allemagne, l'Italie, les Pays-Bas, la Grèce et la Hongrie ont annoncé leur intention de prolonger la durée de vie des centrales à charbon et de rouvrir celles qui ont fermé.

L'Agence internationale de l'énergie (AIE) estime que la consommation de charbon de l'UE a augmenté de 10% au cours des six premiers mois de 2022, principalement sous l'effet de la demande en électricité. Cette tendance devrait même augmenter à l'approche de l'hiver.

"Nous nous attendons à ce que la consommation de charbon augmente également au second semestre, poussée à la hausse par la nécessité d'économiser du gaz pour l'hiver dans un contexte d'incertitude sur les flux russes", indique l'établissement international.

À l'échelle mondiale, l'AIE estime que la consommation de charbon devrait atteindre 8 milliards de tonnes, soit un renversement de la tendance à la baisse. Ce chiffre reviendrait à atteindre le record historique établi en 2013. L'Europe représentera environ 5 % de cette consommation.

Cette hausse inattendue de la consommation de charbon semble contredire les priorités déclarées de l'UE pour la COP 27, qui consistent notamment à exhorter les autres participants à "fermer le livre du charbon non freiné par une réduction progressive et la fin des subventions inefficaces aux combustibles fossiles."

Les pays en développement accusent les Etats plus riches d'hypocrisie et d'égoïsme lorsqu'il s'agit de prendre des mesures écologiques, arguant que les pays développés ont un rôle plus important à jouer étant donné leur responsabilité historique dans les émissions de gaz à effet de serre et son impact sur le réchauffement de la planète.

Une urgence de court terme

La Commission européenne estime que le passage du gaz au charbon pourrait durer le temps de trois hivers.

Cela entraînera une augmentation des émissions de gaz à effet de serre à court terme, mais cette hausse sera compensée par un déploiement accéléré de l'énergie verte locale, comme les panneaux solaires et les parcs éoliens, indique l’institution européenne.

L'UE reste légalement tenue de réduire ses émissions d'au moins 55 % d'ici à la fin de la décennie.

"Cela signifie que nous devrons rattraper, dans la seconde moitié de la décennie, l'impact des deux prochains hivers sur nos émissions, s'il y en a un, à cause de l'utilisation supplémentaire de charbon dont nous avons besoin à court terme", déclare un porte-parole de la Commission européenne en réponse à une question d'Euronews.

"Mais je pense que c'est une situation que la majorité de nos partenaires internationaux comprennent, ils analysent la situation dans laquelle nous sommes en ce moment, et ils comprennent que l'Europe restera un leader mondial en termes d'élimination progressive du charbon dans le monde et en termes d'augmentation des ambitions", ajoute-t-il.

PUBLICITÉ

La Commission européenne a dévoilé un nouveau plan, baptisé REPower EU, qui vise à mobiliser jusqu'à 300 milliards d'euros de prêts et de subventions pour parvenir à une indépendance totale avant la fin de la décennie vis-à-vis des énergies fossiles russes .

Cette stratégie vise également à étendre les objectifs de l'UE en matière de renouvelables pour 2030, et passer de 40 % à 45 % de l'énergie totale produite. Le plan REPower EU est toujours en discussion et aucun financement n'a encore été débloqué.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Pertes et dommages climatiques : Ursula von der Leyen prête à examiner des aides supplémentaires

Les députés demandent la saisie des centaines de milliards d'euros d'actifs gelés de la Russie

L'UE va interdire les produits issus du travail forcé, une mesure qui vise principalement la Chine