« Tout était de ma faute car j'étais ukrainienne » : des enfants enlevés par les Russes témoignent

Veronika, 14 ans, s'est retrouvée dans un camp de réfugiés fermé et où son intégration forcée a commencé.
Veronika, 14 ans, s'est retrouvée dans un camp de réfugiés fermé et où son intégration forcée a commencé. Tous droits réservés AP Photo
Tous droits réservés AP Photo
Par Sandor ZsirosYolaine de Kerchove (traduction)
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Copier/coller le lien embed de la vidéo de l'article :Copy to clipboardLien copié

De la garde russe à la capitale néerlandaise, six enfants ukrainiens sont arrivés à La Haye pour témoigner de leur enlèvement et de leur déportation forcée par les Russes pendant la guerre.

PUBLICITÉ

Les enfants ukrainiens ont été accueillis par des ours en peluche, symboles du mouvement qui lutte pour le retour des enfants enlevés. Le groupe a entamé une tournée européenne de plaidoyer pour obtenir un soutien à la campagne #BringKidsBackUA. 

Euronews a interviewé deux enfants lourdement traumatisés qui ont passé des mois détenus par les Russes.

Veronika, 14 ans, vivait près de Kharkiv quand la guerre a éclaté. Lorsqu'elle a décidé de fuir la maison, le seul chemin menait en Russie, où elle s'est retrouvée dans un camp de réfugiés fermé et où son intégration forcée a rapidement commencé.

"À partir de septembre, je suis allée dans une école russe normale avec des enfants russes normaux", témoigne Veronika.

"Ce qui était frappant, c'est que les enfants russes m'accusaient que leurs parents avaient été mobilisés et envoyés à la guerre à cause de moi. Tout était de ma faute, parce que j'étais ukrainienne. Et tous les Ukrainiens l'ont fait et maintenant ils doivent souffrir. Ils disaient aussi que j'étais plus bête que les autres parce que j'étais ukrainienne et que j'étais derrière eux pour les études"

Veronika est revenue en Ukraine après 9 mois. Son retour a été extrêmement difficile, car sa mère a servi dans l'armée ukrainienne. A cause du stress, elle a souffert d'une maladie hormonale.

Ivan, âgé de 17 ans, vivait dans un foyer pour orphelins à Mariupol. Après avoir fui les bombardements, il a été capturé par les forces russes et transféré dans un hôpital de la région occupée de Donetsk.

"Vous pouvez imaginer qu'avant la guerre, j'étais un enfant plein de rêves. Je voulais accomplir quelque chose dans ma vie. Je prenais mes études au sérieux, je pratiquais avec passion le football et la boxe. J'avais des projets pour l'avenir. Depuis le début de la guerre, depuis mon retour de Donetsk, j'ai perdu ce sentiment d'accomplissement. J'essaie de subvenir à mes besoins, mais c'est très difficile moralement", avoue Ivan.

"Il y a toujours une marque sur moi. Une sorte de cicatrice qui ne disparaîtra jamais, qui restera toujours avec moi. Parce qu'une partie de mon enfance a été marquée par la guerre".

Veronika et Ivan font partie des 386 mineurs ukrainiens qui ont été renvoyés dans leur pays. Mais le gouvernement de Kyiv a identifié 19 546 autres enfants ukrainiens déportés de force et détenus en Russie ou dans les territoires occupés.

"Sérieusement, je ne peux pas vous donner beaucoup de détails, mais je peux vous dire que la procédure de retour des enfants ukrainiens était absolument difficile et bloquée par la partie russe. Nous avons donc fait beaucoup. Et je suppose que nous ferons encore beaucoup", explique Dmytro Lubinets, Commissaire aux droits de l'homme du Parlement ukrainien.

Début 2023, la Cour pénale internationale a lancé un mandat d'arrêt contre le président russe Vladimir Poutine pour déportation et transfert illégaux d'enfants ukrainiens.

Video editor • Vassilis Glynos

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Bucarest construit des abris antiaériens pour protéger sa population à la frontière avec l'Ukraine

Le pape François participera pour la première fois au G7 en juin prochain

Des milliers d'Espagnols manifestent pour Pedro Sanchez empêtré dans un scandale de corruption