Le président français s'est livré à une interview télévisée, à la suite des commémorations du D Day en Normandie. Une "omniprésence" pendant la campagne électorale qui lui a valu des critiques.
PUBLICITÉÀ trois jours des élections européennes, le président français Emmanuel Macron a accordé une interview télévisée aux chaînes de télévision TF1 et France 2, ce jeudi en Normandie, à la suite des commémorations du Débarquement.
Si des raisons historiques et diplomatiques ont été invoquées pour justifier son intervention, Emmanuel Macron a commenté les élections - ce qui lui valu une fois de plus les critiques des partis d'opposition, qui estiment que le dirigeant s'est montré omniprésent pendant la campagne électorale.
Nous avons besoin de l'Europe pour protéger la France
"L'Europe n'a jamais été aussi menacée", a averti le dirigeant français, faisant référence à la montée de l'extrême droite en France et sur l'ensemble du continent européen.
Le parti du Président français, Renaissance, dirigé par Valérie Hayer, s'avère en difficulté dans les sondages, affichant plus de 15 points de retard sur Jordan Bardella, le leader du Rassemblement national (RN), selon le dernier sondage d'Euronews .
"Je vois les niveaux d'abstention (...) et j'appelle les compatriotes à aller voter le 9 juin", a déclaré Emmanuel Macron, évoquant les opposants au Brexit, qui ne s'étaient pas déplacés en nombre suffisant pour faire entendre leur voix lors du référendum britannique de 2016.
"Si demain la France envoie une importante délégation d'extrême droite et si d'autres grands pays font de même, l'Europe pourrait se retrouver dans l'impasse", a insisté Emmanuel Macron.
"Nous en avons besoin pour protéger la France", a-t-il plaidé, mettant en garde contre "un vote défouloir.
Les questions nationales sont en réalité au premier plan des élections européennes en France, l'immigration, le pouvoir d'achat et la sécurité étant considérés comme les principales préoccupations des électeurs.
Le parti de Jordan Bardella (RN) a présenté sa campagne comme un référendum vis-à-vis d'Emmanuel Macron, en particulier sur ces questions.
Jordan Bardella a déclaré qu'il exigerait des élections législatives anticipées en cas de victoire de son parti.
Interrogé sur cette hypothèse en cas de victoire de l'extrême droite, Emmanuel Macron a refusé de répondre, déclarant : "J'irai voter et dimanche soir, nous verrons les résultats. J'aime faire les choses dans l'ordre".
Comment les autres candidats aux élections européennes ont-ils réagi à l'interview du Président français ?
Peu après la fin de l'interview, Jordan Bardella a réagi aux propos du président sur X (anciennement Twitter), en déclarant : "Emmanuel Macron confirme qu'en envoyant la plus grosse délégation de députés au Parlement européen, le RN pourra bloquer les politiques néfastes de la Commission...", avant d'appeler les électeurs à aller voter dimanche.
François-Xavier Bellamy, candidat Les Républicains (LR), a également critiqué l'interview et l'annonce du président sur la chaîne de télévision française BFM, la jugeant inappropriée.
"Je ne vois rien dans la déclaration du président (...) qui justifie que 24 heures avant la fin de la campagne électorale officielle, il y ait une telle urgence à s'adresser aux Français", a déclaré François-Xavier Bellamy.
La campagne électorale en France s'achève vendredi à minuit, après quoi les candidats ne sont pas autorisés à s'exprimer publiquement sur l'élection jusqu'aux premiers sondages de sortie des urnes, dimanche à 20 heures.
L'interview d'Emmanuel Macron pourrait être déduite du temps de parole de Valérie Hayer
Plusieurs partis ont déposé des plaintes lundi après avoir été informés de l'interview d'Emmanuel Macron; l'Arcom a alors averti qu'il pourrait déduire l'interview du temps de parole de la candidate Valérie Hayer.
Car lors des campagnes électorales en France, le temps d'antenne accordé à un candidat ou à un parti donné est comptabilisé selon des règles strictes.
Pour les élections européennes, le temps de parole de tous les candidats doit être équitable et non pas égal.
PUBLICITÉLe temps de parole d'une liste est décompté lorsque le chef du parti s'exprime, mais aussi lorsque l'un de ses soutiens prend la parole, ou qu'un invité annonce son soutien à un parti donné. Et cette règle s'applique également au chef d'État.