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Comment le Portugal a-t-il réussi à réduire le nombre d'incendies en seulement six ans ?

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Par Joana Mourão Carvalho
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Cet article a été initialement publié en portugais

Tiago Oliveira, président de l'AGIF, souligne l'importance du travail de sensibilisation sur le terrain et plaide pour la création d'un mécanisme d'interopérabilité dans la lutte contre les incendies au niveau européen.

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Plus de 60 morts et 500 000 hectares brûlés. Ce scénario ne s'est pas répété au Portugal depuis 2017, année des incendies les plus meurtriers et les plus dévastateurs du pays.

Depuis, le nombre d'incendies de forêt a diminué de plus de moitié, principalement grâce à une campagne de prévention des comportements à risque, promue par l'Agence pour la gestion intégrée des incendies ruraux (AGIF).

"Nous avons commencé à travailler après 2017. La société portugaise a été très traumatisée par les incendies et lors de la première année de la campagne en 2018, nous nous sommes concentrés sur un message plus clair : 'Le Portugal fait appel à vous', car il était nécessaire d'appeler tous les Portugais à réduire le nombre d'incendies", a déclaré Tiago Oliveira, président du conseil d'administration de l'AGIF, au micro d'Euronews.

Selon Tiago Oliveira, 20 000 incendies en moyenne se déclaraient au Portugal chaque année avant 2019 et l'année dernière, il y en a eu 7 000.

"Cela a été réalisé avec une campagne de communication à la télévision, dans les journaux, à la radio, et avec des mesures visant à améliorer l'efficacité de la campagne, en donnant des alternatives aux personnes qui avaient besoin d'utiliser le feu pour éliminer les déchets agricoles, en fournissant un numéro qui permettait aux gens d'appeler et de demander de l'aide pour brûler ou de demander s'ils pouvaient brûler ou non", explique-t-il, notant qu'il y a eu un changement dans le comportement des Portugais en ce qui concerne l'utilisation négligente du feu.

Après la campagne"Portugal Chama", qui s'est déroulée de 2018 à 2023, l'AGIF a lancé une nouvelle campagne qui se déroulera jusqu'en 2026 pour réduire davantage ces chiffres.

"Cette année, la stratégie va impliquer un contact personnalisé en porte-à-porte, par le biais de la Garde nationale républicaine, par exemple. Elle passe par une plus grande implication, maintenant avec le ministère de l'Education, avec des campagnes dans les écoles, pour les enfanst âgés entre 5 et 12 ans, avec le projet 'Raposa Chama' qui mobilisera environ un demi-million d'élèves au cours des cinq prochaines années", explique Tiago Oliveira.

Selon les données révélées lundi par l'Institut pour la conservation de la nature et des forêts (ICNF), l'année 2024 présente, au 15 août, le plus faible nombre d'incendies et la plus faible superficie brûlée depuis 2014. Au total, il y a déjà eu 3 485 incendies ruraux cette année.

Malgré cela, le mois d'août est déjà le mois où l'on a brûlé le plus de surface en 2024 et où l'on a doublé les chiffres de juillet. Du 1er au 15 août, 3 484 hectares ont été brûlés, alors qu'au cours du mois précédent, les incendies avaient consumé une superficie de 1 582 hectares. La superficie brûlée au cours de ces deux premières semaines correspond à 44 % de la superficie totale brûlée cette année au Portugal (7 949 hectares).

Si l'on compare les chiffres de 2024 avec ceux des dix années précédentes, on constate que le nombre d'incendies ruraux a diminué de 58 % et la superficie brûlée de 87 % par rapport à la moyenne annuelle pour la même période.

"Cette année, en 2024, nous avons 3 500 incendies, ce qui est un bilan relativement correct, car les gens ont aussi vraiment consolidé leurs connaissances dans les zones rurales. L'été a également été doux, nous n'avons pas eu autant de sécheresse et donc toutes les étincelles ne génèrent pas d'incendies", explique le président de l'AGIF.

Selon le rapport "State of Wildfires" publié dans la revue Earth System Science Data, de mars 2023 à février 2024, les incendies en Europe ont été d'une ampleur contenue, ne dévastant que 8 400 kilomètres carrés, mais entraînant l'interruption de l'approvisionnement en eau, des dommages aux infrastructures ou aux terres agricoles, avec des impacts sur le tourisme et les économies locales.

Selon les données de la Banque mondiale, les incendies de forêt causeront 77 milliards d'euros de dégâts en Europe d'ici 2023.

Tiago Oliveira estime que l'Europe a besoin d'un "mécanisme d'interopérabilité pour que les forces des pays voisins puissent opérer de la même manière".

"Il ne suffit pas d'envoyer des moyens aériens d'un pays à l'autre. Lorsqu'ils arrivent, ils doivent être coordonnés avec les forces sur le terrain et travailler avec des mécanismes communs. Le Canada et les États-Unis le font très bien et l'Europe peut s'inspirer de ce modèle", affirme-t-il.

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En outre, le président de l'AGIF estime que les politiques doivent être articulées. "Il faut notamment utiliser la politique agricole commune, qui permet aux agriculteurs de mieux gérer leurs forêts, et accorder plus d'attention, dans le cadre de la PAC, aux terres abandonnées et aux pratiques agricoles qui ne génèrent pas d'incendies et qui permettent de traiter la végétation en permanence", ajoute-t-il.

À ce jour, l'incendie d'Evros, dans le nord-est de la Grèce, en août dernier, est le plus important jamais enregistré dans l'Union européenne. Il a brûlé 938 kilomètres carrés en une seule fois, établissant un nouveau record sur le vieux continent.

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