Le mouvement palestinien Hamas, qui a mené l'attaque contre Israël le 7-Octobre 2023, reste un acteur majeur dans la bande de Gaza, déclarent deux analystes à Euronews.
Le 7-Octobre 2023, le Hamas a tué 1200 personnes et pris 251 otages dans le sud d’Israël.
À l'occasion du premier anniversaire de l'attentat, le chef d'état-major des forces de défense israéliennes, Herzi Halevi, a déclaré dans une lettre envoyée à ses soldats que les forces armées avaient "vaincu la branche militaire du Hamas" et continuaient à lutter contre ses capacités terroristes.
Une version que ne partagent pas tout à fait les analystes interrogés par Euronews.
"Si le Hamas perd, disons, 6 000 combattants, il semble également mobiliser environ 6 000 membres de ses réserves", explique Hugh Lovatt, analyste politique du groupe de réflexion European Council for Foreign Relations (ECFR), dans un entretien accordé à Euronews.
"Ils ne seront certainement pas aussi bien entraînés que les troupes initiales, mais ils sont toujours capables de tenir une arme et de tirer des lance-roquettes sur des chars israéliens", ajoute l'expert, qui précise par ailleurs que le Hamas a déjà entrepris de restaurer certains de ses tunnels endommagés.
Pour Joost Hiltermann, analyste politique au Cris Group, il est évident que le groupe militant palestinien continue de recruter pour reconstituer ses forces affaiblies.
"Il est très facile pour eux de recruter, parce qu'il y a beaucoup d'orphelins et que des groupes comme le Hamas ont toujours recruté les orphelins des précédentes attaques israéliennes", déclare-t-il.
La nouvelle direction du Hamas est intransigeante
L'assassinat du chef politique du Hamas, Ismail Haniyeh, le 31 juillet 2024, alors qu'il était en visite en Iran, a été perçu comme un coup dur pour le mouvement.
Exilé au Qatar, Ismail Haniyeh était considéré comme pragmatique et relativement modéré dans les négociations. Mais le nouveau chef du groupe militant, Yahya Sinwar, l'orchestrateur de l'attentat du 7 octobre, est perçu comme beaucoup plus radical que son prédécesseur.
Yahya Sinwar déclare qu'il ne regrette pas les attentats du 7-Octobre et estime qu'il n'est possible de créer un État palestinien que "par les armes".
"Les décisions du Hamas sont prises par consensus au sein du Conseil de la Shura", explique Joost Hiltermann. "Bien sûr, Yahya Sinwar a beaucoup d'influence à cause de ce qui s'est passé le 7 octobre 2023 et du fait qu'il est considéré, au sein du Hamas comme à l'extérieur, comme un dirigeant fort".
"Et le fait qu'il détienne des otages israéliens lui donne bien évidemment un avantage", ajoute l'expert.
Un ancien militant communiste libanais, Nabih Awadah, qui a été emprisonné avec Yahya Sinwar, affirme que le nouveau chef du Hamas considère les accords de paix d'Oslo de 1993 entre Israël et l'Autorité palestinienne comme "désastreux" et comme un stratagème d'Israël, qui ne cédera les terres palestiniennes que "par la force, et non par la négociation".
La diplomatie n'est toujours pas en mesure de changer le cours du conflit
Alors que les États-Unis et l'Union européenne qualifient le Hamas de "groupe terroriste", il est impératif pour les efforts de négociations de maintenir la communication avec l’organisation palestinienne, selon les experts.
Tandis que le conflit entre Israël et le Hamas entre dans sa deuxième année, d’autres pays pourraient avoir un rôle à jouer dans les pourparlers, affirme Joost Hiltermann.
"Des pays comme la Norvège et la Suisse peuvent discuter avec le Hamas parce qu'ils ne le qualifient pas d'organisation terroriste. C'est une décision politique", explique-t-il. "Mais l'absence de canaux de négociation directs est un problème, car le Hamas est manifestement un mouvement qui combat l'occupation militaire par la violence".
"Mais il faut parler davantage de solutions au conflit israélo-palestinien, qui ne sont pas encouragées jusqu'à présent", ajoute l'analyste.
Si l'Autorité palestinienne, dirigée par Mahmoud Abbas, reste l'interlocuteur privilégié des médiateurs internationaux, les analystes estiment que le Hamas devra être associé à toute décision concernant l'avenir du territoire, bien que le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, ait promis d'"effacer le Hamas de la surface de la Terre".
"Soyons clairs : le Hamas n'est pas prêt de disparaître, même après les pertes importantes qu'il a subies", affirme Hugh Lovatt.
"Il sera toujours capable, au moins, de s'opposer à toute intervention extérieure à Gaza, qu'il s'agisse d'une intervention israélienne comme c'est le cas actuellement, ou de l'Autorité palestinienne à l'avenir, ou encore d'une force internationale".
L'analyste souligne que l'extension du conflit au Liban et les représailles directes de l'Iran contre Israël aggravent la crise et indiquent clairement que l'Iran continuera à soutenir le Hamas sur tous les fronts.
"L'Iran continue d'être une source majeure de financement pour le Hamas", déclare Hugh Lovatt. "Pour des raisons stratégiques, pour des raisons potentiellement idéologiques, mais aussi pour des raisons très pragmatiques, l'Iran continuera à le soutenir".
En un an, la guerre dans la bande de Gaza a fait plus de 41 000 morts et près de deux millions de déplacés, selon les autorités sanitaires palestiniennes et les chiffres des Nations unies.