Au Parlement européen, les trois groupes les plus à droite de l'hémicycle sont l'Europe des nations souveraines, les Patriotes pour l'Europe et les Conservateurs et réformistes européens.
Extrême droite, droite dure, droite radicale, national-conservatisme, populisme... Ces termes ont envahi le débat public au risque de se mélanger les pinceaux. Quelle différence sur l'échiquier politique européen ?
A Bruxelles, les membres des Patriotes pour l'Europe se sont réunis jeudi en marge du sommet européen pour la première fois .
Il est l'un des trois groupes les plus à droite de l'échiquier politique au sein du Parlement européen : l'Europe des nations souveraines, les Patriotes pour l'Europe et les Conservateurs et réformistes européens (CRE).
Euronews a échangé avec un expert sur la manière de les classifier.
Extrême droite
"L’Europe des nations souveraines est le groupe d’extrême droite le plus extrême au sein du Parlement européen, assure Dave Sinardet, Professeur de science politique à Vrije Universiteit Brussel (VUB), l'université flamande libre de Bruxelles.
Créé en juillet, il s'agit du plus récent et du plus petit groupe parlementaire. L'Alternative pour l'Allemagne (AfD) représente plus de la moitié des 25 membres du groupe. Une partie de la Confédération polonaise ainsi que des eurodéputés bulgares du parti pro-russe Renaissance les ont également rejoint.
Un certain nombre de ces partis sont d'extrême droite selon le politologue. "Cela veut dire qu’ils ne respectent pas toujours la démocratie parlementaire et qu’ils ont un certain nombre de traits autoritaires", explique-t-il à Euronews.
Illibéralisme et nativisme
Le professeur qualifie également le groupe d'illibéral, de par son rejet de l’indépendance de la justice, de l’État de droit et des libertés individuelles, et de nativiste, de par son opposition à l'immigration et la distinction qu'il opère entre les personnes immigrées et les personnes nées sur le territoire.
"Les partis clairement illibéraux et nativistes se trouvent surtout dans l’Europe des nations souveraines, estime Dave Sinardet. Certains partis qui sont intégrés dans les Patriotes pour l'Europe peuvent également être considérés comme illibéraux".
Avec 86 eurodéputés, les Patriote pour l'Europe est la troisième force au sein de l'hémicycle. Créé en juillet, il est composé du Rassemblement national, du Fidesz hongrois de Viktor Orban, de la Ligue italienne de Matteo Salvini, du parti espagnol Vox de Santiago Abascal, ou encore du FPÖ autrichien d'Herbert Kickl.
Populisme
Les Patriotes pour l'Europe et l'Europe des Nations souveraines peuvent également être classifiés comme populistes, selon le professeur.
Souvent confondu avec la démagogie, le populisme désigne une vision binaire de la société qui oppose une élite présentée comme corrompue avec le peuple présenté comme homogène et pur.
Le populisme peut être de gauche ou de droite. La France insoumise (LFI) est par exemple également considérée comme un parti populiste.
Droite radicale
Enfin, certains partis des conservateurs et réformistes européens (CRE) sont de droite radicale.
Avec 78 eurodéputés, ce groupe est principalement bâti autour des Frères d'Italie de Giorgia Meloni et du parti polonais Droit et Justice (PiS) de Jarosław Kaczyński.
Selon le politologue Cas Mudde, la droite radicale désigne les partis ayant adopté deux idéologies : le nativisme et l'autoritarisme, qui érige en valeur suprême l'autorité.
"Tous les partis des conservateurs et réformistes européens ne peuvent pas être considérés comme des partis de droite radicale, nuance Dave Sinardet. Ils sont souvent plutôt nationalistes et conservateurs. Mais d’autres peuvent, par contre, être considérés comme de droite radicale".
Aussi, les partis composant ces trois groupes parlementaires sont généralement nationalistes, souverainistes, conservateurs et eurosceptiques. Leurs positions diffèrent cependant sur la Russie et l'Ukraine ou sur leur rapport à l'Union européenne.
Toutefois, si d'un point de vue académique, ils peuvent tous les trois être classifiés comme d'extrême droite, la plupart des partis qui les composent rejettent cette étiquette.