Des milliers de manifestants se sont rassemblés lundi devant le parlement géorgien nouvellement élu, à l'occasion de sa session inaugurale, accusant le parti au pouvoir d'avoir truqué le scrutin sous l'influence de la Russie.
Les législateurs de l'opposition ont refusé de prendre part à la session, ne laissant que 89 membres du parti "le Rêve géorgien" présents dans l'hémicycle.
Les députés ont élu le président du Parlement, Shalva Papuashvili, et doivent aussi confirmer ce lundi dans ses fonctions Irakli Kobakhidzé, l'actuel Premier ministre.
La commission électorale centrale de Géorgie a déclaré que le parti avait remporté 54 % des voix fin octobre, tandis que les dirigeants du Rêve géorgien ont rejeté les allégations de fraudes de l'opposition.
Les observateurs électoraux européens ont déclaré que l'élection s'était déroulée dans une atmosphère de « division » marquée par des cas de corruption, de double vote et de violences physiques.
Nika Melia, leader de la Coalition pour le changement, a promis que l'opposition « fera tout pour vaincre le soi-disant gouvernement, le gouvernement autoproclamé ».
« Il s'agit d'un combat entre des personnes qui luttent pour la liberté et des personnes qui tentent d'ancrer un régime profondément autoritaire », a-t-il déclaré.
La présidente géorgienne Salomé Zourabichvili a écrit sur X que le parlement était inconstitutionnel en raison de preuves de fraude électorale et a refusé d'ouvrir la session comme l'exige la constitution.
Mme Zourabichvili a fait appel à la Cour constitutionnelle, affirmant que les principes constitutionnels du secret du vote et de l'universalité avaient été violés. La Cour a en principe un mois pour rendre son verdict. La procédure aurait peu de chance d'aboutir si l'on en croit les spécialistes.
Un constitutionnaliste, et opposant au pouvoir, explique pourtant que "selon la loi géorgienne, le parlement ne peut pas confirmer son pouvoir si sa légitimité, est contestée devant la Cour constitutionnelle, si la légalité de son élection est contestée devant la Cour constitutionnelle. Dans ce cas, la légalité de l'élection de l'ensemble des 150 représentants, est débattue devant la Cour constitutionnelle. Cette session et la confirmation du pouvoir de ce lundi sont donc inconstitutionnelles."
La Géorgie s'éloigne-t-elle définitivement de l'Union européenne ?
Les critiques ont accusé le Rêve géorgien de devenir de plus en plus autoritaire et de se rapprocher de la Russie. Le parti a récemment adopté des lois similaires à celles utilisées par le Kremlin pour supprimer la liberté d'expression et les droits des personnes LGBTQ+.
En juin dernier, l'UE a gelé le processus d'adhésion de la Géorgie pour une durée indéterminée après l'adoption d'une loi (baptisée loi Russe par l'opposition) exigeant que les organisations recevant plus de 20 % de leur financement de l'étranger s'enregistrent comme poursuivant les intérêts d'une puissance étrangère, à l'instar d'une loi utilisée par Moscou pour discréditer ceux qui critiquent le gouvernement.