La Roumanie rejoindra l'espace Schengen en janvier 2025, après 13 ans d'attente. Les partis pro-européens ont remporté les récentes élections en Roumanie, mais les groupes d'extrême droite ont gagné 30 %, en partie à cause de la frustration engendrée par le retard de l'adhésion.
Après 13 ans d'attente, en janvier 2025, la Bulgarie et la Roumanie deviendront membres à part entière de l'espace Schengen. Une adhésion trop tardive pour certains...
Les partis pro-européens ont remporté les élections générales de dimanche en Roumanie. Mais les partis d'extrême droite ont réalisé un score historique en obtenant près de 30 % des voix.
L'adhésion de la Roumanie à l'espace Schengen, longtemps reportée, a joué un rôle crucial dans le résultat de la campagne.
Une adhésion tardive à Schengen
La Roumanie et la Bulgarie sont devenues membres de l'UE en 2007 et, quatre ans plus tard, elles ont entamé des négociations pour rejoindre l'espace Schengen. Mais malgré l'approbation de la Commission européenne, les Pays-Bas, puis l'Autriche, ont longtemps bloqué la procédure.
"La réaction en Roumanie n'est pas : "Nous l'avons enfin obtenu", mais plutôt "C'est pas trop tôt !", déclare Kamil Calus, chercheur au Centre d'études orientales en Pologne.
" Certains plaisantent en disant que maintenant que la Roumanie a rejoint l'espace Schengen, celui-ci est en difficulté, les pays imposant de plus en plus de contrôles aux frontières".
Ces derniers mois, l'Allemagne et la France, entre autres, ont en effet décidé de réintroduire des contrôles aux frontières pour des raisons de sécurité.
"Il est vrai que des erreurs ont été commises par l'UE, mais cette rhétorique autour de Schengen a été beaucoup utilisée par les partis souverainistes et l'extrême droite, qui disent à leurs partisans : "Regardez, Bruxelles ne nous traite pas comme des partenaires égaux", et je pense que cela contribue également au sentiment général contre l'UE", explique Suzana Dragomir, chercheuse en désinformation à l'université Babes Boyai.
"Une partie de la population est déçue par l'Occident parce que tout le monde ne bénéficie pas de l'appartenance à l'UE. Les choses n'ont pas nécessairement empiré, mais certains Roumains ne profitent pas de la croissance économique du pays parce qu'il y a beaucoup d'inégalités entre les classes", ajoute-t-elle.
La Roumanie reste majoritairement pro-UE
Selon des enquêtes récentes de GlobSec, si 83 % des Roumains soutiennent l'adhésion de leur pays à l'UE, plus de 70 % d'entre eux pensent que Bruxelles a trop d'influence sur la politique nationale.
"De nombreux Roumains ont l'impression d'être des citoyens de seconde classe de l'Union européenne", affirme Kamil Calus.
Après les résultats des législatives, l'heure est aux négociations en Roumanie pour former un gouvernement.
En attendant, les citoyens voteront ce dimanche pour le second tour de l'élection présidentielle. Celui-ci opposera l'ultranationaliste Călin Georgescu, vainqueur surprise du premier tour, à la conservatrice pro-européenne Elena Lasconi.