BeyondSnow travaille avec 10 sites pilotes menacés par la disparition de la neige, et vise trois finalités : rassembler des données, répertorier les ressources, et proposer les résultats aux décideurs locaux, voire nationaux.
BeyondSnow aide les stations de ski de basse altitude à se préparer à la fin de “l’or blanc”. D’années en années, le manteau neigeux diminue, la durée de l’enneigement se raccourcit. Pour être rentable, une station de ski doit ouvrir 100 jours. Les stations concernées doivent donc adopter une forme de résilience, comme l’explique Philipp Corradini, chercheur à l’EURAC Research, l’un des 13 partenaires du projet BeyondSnow :“L'approche de la résilience que nous adoptons consiste à déterminer comment les systèmes - dans notre cas, les systèmes touristiques et communautaires - absorbent ou s'adaptent aux effets du changement climatique. Et cela est également lié à leur vulnérabilité globale. L'exposition au changement climatique est un exemple. Si j'ai une station de ski ou si j'ai une destination touristique qui produit 80 % de ses revenus en hiver grâce au ski, bien sûr, l'exposition et la sensibilité au changement climatique sont différentes de celles d'une destination où les principales nuitées sont en été.”
Philipp Corradini explique les trois finalités du projet qui s’étale sur trois années, entre 2022 et 2025 :
“Il y a en fait trois finalités sur lesquelles nous travaillons depuis le début du projet. La première, que nous appelons le modèle d'adaptation de la résilience, est en fait un recueil de différents indicateurs qui aident les destinations touristiques à comprendre leur vulnérabilité et leur résilience face au changement climatique. Elles devront donc trouver des données concernant les nuitées, leur répartition au fil des ans, etc. Nous prenons note de ces indicateurs. Nous sommes en train de créer un outil numérique qui intègre ces indicateurs. Il y a environ 54 indicateurs, c'est donc un peu de travail, mais cela aidera les destinations à comprendre leur exposition et leur vulnérabilité au changement climatique. La seconde finalité est la stratégie de transition pour les zones pilotes elles-mêmes, qui sont élaborées avec l'aide de nos communautés et partenaires locaux. Il s'agit donc d'une approche de l'adaptation au changement climatique très axée sur les ressources, puisqu'ils développeront des mesures et une stratégie fortement enracinées dans les ressources, naturelles mais aussi sociales, dont ils disposent au sein de leur communauté. Et le dernier résultat sera la généralisation de toutes ces mesures et stratégies différentes pour produire des politiques et des suggestions de politiques à un niveau de gouvernance plus élevé, c'est-à-dire régional ou même national.”
Favoriser les investissements réalisés par la population locale
Philipp Corradini insiste aussi sur le fait que ce sont les communautés locales elles mêmes qui doivent se prendre en charge, et non pas attendre des conseils qui seraient hors-sol : “si la population locale le fait elle-même, elle identifie les attractions qu'elle souhaite inclure dans l'offre touristique et les produits. Je pense que c'est l'une des meilleures façons de développer une destination touristique.”
Margherita Mabel Costantini, co-project-manager à Beyondsnow dans la région de Valpesarina, en Italie, veut que les jeunes prennent en charge leur avenir et leur région, ils sont souvent tentés par quitter les montagnes : S'ils ne s'occupent pas de leur territoire, s'ils restent passifs et ne se préoccupent pas de l'avenir, s'ils ne font pas de plans pour vivre au jour le jour, d'autres personnes de l'extérieur verront les possibilités, les opportunités et le potentiel de cette vallée. Et comme cela s'est produit dans de nombreux autres endroits, ils viendront investir et faire ce qu'ils veulent. Ici, il est donc important pour les habitants de valoriser ce qui doit l’être, la nature, la tranquillité, la paix.”
En conclusion, Philipp Corradini rappelle les trois conséquences du réchauffement climatique : ”les effets que nous voyons et que nous lisons dans la littérature scientifique sont en fait au nombre de trois. Le plus connu, bien sûr, est l'augmentation de la température. Mais il y a aussi l'augmentation de la variabilité des précipitations. Et le dernier, mais malheureusement pas le moindre, est l'augmentation des vents météorologiques extrêmes et des risques climatiques dans les montagnes.”
Autant d’éléments qui fragilisent un peu plus ces communautés, forcées de se réinventer, pour éviter de disparaître.