Une étude de Bruegel a quantifié les réductions budgétaires auxquelles certains pays de l'UE seraient confrontés si l'Union admettait les neuf États candidats.
L'élargissement potentiel de l'UE à neuf nouveaux États membres - Albanie, Bosnie-Herzégovine, Géorgie, Moldavie, Monténégro, Macédoine du Nord, Serbie, Turquie et Ukraine - pourrait entraîner des changements significatifs dans le budget de l'Union.
Une nouvelle étude du centre de réflexion Bruegel s'est penché sur l’impact que ces adhésions pourraient avoir sur les fonds de cohésion, c'est-à-dire l'argent que les régions moins développées de l'UE reçoivent pour rattraper leur retard économique sur les pays plus riches.
Actuellement, la plupart de ces régions se trouvent dans le sud de l'Espagne, en Italie, au Portugal, en Grèce et dans une grande partie de l'Europe de l'Est.
Reclassement de certains pays
Toutefois, l'adhésion de nouvelles nations pourrait changer la donne
Les régions actuellement moins développées seraient reclassées comme "régions en transition" et recevraient donc moins de fonds de cohésion, étant donné que la plupart des nouvelles "régions moins développées" (PIB régional par habitant inférieur à 75 % de la moyenne de l'UE) se trouveraient dans les nouveaux États membres.
L'Italie et l'Espagne subiraient les réductions de financement les plus importantes, perdant chacune près de 9 milliards d'euros, suivies par le Portugal (-4 milliards d'euros), la Hongrie et la Roumanie (-2 milliards d'euros chacune).
Dans le même temps, "la Pologne, malgré le reclassement de certaines régions vers des catégories supérieures, ne serait pas confrontée à une réduction du financement de la cohésion, car son allocation est déjà limitée par un plafond global de 2,3 % du PIB pour la plupart des paiements de cohésion", indique le rapport.
Globalement, un élargissement potentiel à 36 États ferait passer le budget total de l'UE de 1 211 milliards d'euros à 1 356 milliards d'euros.
L'analyse de Bruegel prend également en compte les changements apportés à d'autres parties du budget, telles que la politique agricole commune, la politique de voisinage et l'administration publique.
L'UE devrait toutefois réviser ses règles budgétaires avant un éventuel élargissement et mettre en place une période de transition avant que les nouveaux membres puissent accéder aux fonds.
Quels seraient les avantages de l'élargissement pour les membres actuels ?
Si le nombre de membres de l'UE passe à 36, le coût net de l'élargissement pour les 27 membres actuels sera d'environ 26 milliards d'euros par an.
D'un autre côté, Bruegel estime qu'une telle expansion stimulerait l'économie des membres actuels, notamment en termes d'exportations et d'investissements.
"Les flux d'investissements directs étrangers des pays d'Europe occidentale vers les pays d'Europe centrale et orientale qui ont rejoint l'UE entre 2004 et 2013 se sont avérés rentables, et l'on peut s'attendre à ce que cette tendance se poursuive avec les neuf nouveaux membres", explique l'organisation.
En outre, les nouveaux États membres pourraient apporter de la main-d'œuvre supplémentaire aux pays de l'UE confrontés à des pénuries de personnel.
"Si les pays bénéficiaires nets recevaient un peu moins du budget de l'UE après l'élargissement, cette réduction serait mineure par rapport à la réduction du cadre financier pluriannuel actuel (2021-2027) par rapport à 2014-2020", période qui a suivi l'entrée de 13 nouveaux pays dans l'UE.