Newsletter Newsletters Events Évènements Podcasts Vidéos Africanews
Loader
Suivez-nous
Publicité

L'ombre de Moscou plane sur l'élargissement de l'Union européenne

Un manifestant brandit un drapeau européen et un drapeau géorgien lors d'une manifestation de l'opposition contre les résultats des élections législatives à Tbilissi, en Géorgie, le 28 octobre 2024.
Un manifestant brandit un drapeau européen et un drapeau géorgien lors d'une manifestation de l'opposition contre les résultats des élections législatives à Tbilissi, en Géorgie, le 28 octobre 2024. Tous droits réservés  Zurab Tsertsvadze/Copyright 2024 The AP. All rights reserved
Tous droits réservés Zurab Tsertsvadze/Copyright 2024 The AP. All rights reserved
Par Mared Gwyn Jones & video by Gregoire Lory
Publié le
Partager cet article Discussion
Partager cet article Close Button
Copier/coller le lien embed de la vidéo de l'article : Copy to clipboard Lien copié

Les récents scrutins en Géorgie et en Moldavie ont montré comment le Kremlin s'efforce de contrer l'expansion orientale de l'UE.

PUBLICITÉ

L'évaluation annuelle des progrès réalisés par les pays candidats sur la voie de l'adhésion à l'UE, dévoilée mercredi par la Commission européenne, montre qu'aucun de ces pays n'a fait de grands progrès, malgré le sentiment renouvelé d'urgence d'élargir le bloc européen vers l'Est.

Dix États attendent dans les coulisses pour rejoindre l'Union européenne, dont neuf ont été reconnus comme candidats officiels.

L'invasion de l'Ukraine par la Russie a donné un nouvel élan au processus d'intégration de ces pays afin d'éviter la zone grise sur son flanc oriental.

"Le contexte géopolitique tendu nous incite plus que jamais à achever la réunification de notre continent, sous les mêmes valeurs de démocratie et d'État de droit", a déclaré mercredi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, dans un communiqué.

Mais les récentes élections dans deux de ces pays : la Géorgie et la Moldavie, ont mis en lumière le bras de fer entre Moscou et l’Union pour faire entrer les pays candidats dans leurs sphères d'influence.

En Géorgie, les élections législatives du week-end dernier ont vu le parti au pouvoir, le Rêve géorgien, considéré par beaucoup comme proche du Kremlin, renforcer son emprise à la tête du pays. L'Union européenne a demandé une enquête rapide sur les nombreuses informations faisant état d'irrégularités électorales.

La candidature de Tbilissi à l'adhésion à l'UE a déjà été gelée en raison de ce que l'Union considère comme un dérapage démocratique de la part du gouvernement dirigé par le Rêve géorgien, qui a récemment adopté deux projets de loi controversés, considérés comme inspirés par la législation répressive de Moscou et contraires aux valeurs de l'UE.

L'UE a demandé aux autorités géorgiennes d'abroger ces projets de loi afin de remettre sur les rails sa candidature à l'adhésion à l'UE.

Me chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a proposé mercredi une "voie de réengagement sur le chemin de l'Union européenne", mais seulement si les dirigeants géorgiens font preuve d'une "volonté politique claire".

Il a sévèrement averti que "vous ne pouvez tout simplement pas maintenir des liens avec la Russie ou essayer de faire comme si de rien n'était et espérer que votre pays fasse partie de l'Union européenne", un message voilé à destination du gouvernement de Tbilissi.

Pour Tinatin Akhvlediani, chercheuse au centre de réflexion CEPS, le "double message" du Premier ministre géorgien Irakli Kobakhidze, qui affirme être attaché à l'adhésion à l'UE alors que beaucoup le considèrent comme gravitant autour de Moscou, nuira inévitablement aux ambitions européennes de la Géorgie.

"L'intégration européenne de la Géorgie est gelée et ne progressera pas tant que le parti au pouvoir ne changera pas de tactique et ne retirera pas toutes les lois anti-démocratiques, et ne redonnera pas au peuple des élections équitables", explique-t-elle à Euronews.

Les sondages estiment qu'environ 80 % des Géorgiens sont favorables à l'adhésion à l'UE.

Combattre la guerre hybride de la Russie

La Moldavie a voté au début du mois pour inscrire l'objectif d'adhésion à l'UE dans sa constitution, mais seulement par une marge étroite de 50,4 %.

Chișinău estime que la Russie a dépensé jusqu'à 100 millions d'euros au total pour saper le processus électoral, notamment par le biais de campagnes de désinformation coordonnées visant à influencer ou à supprimer le vote.

La Moldavie a continué à "faire face aux défis sans précédent résultant de la guerre d'agression de la Russie contre l'Ukraine et de l'intensification des actions hybrides de la Russie et de ses mandataires cherchant à déstabiliser le pays", note le rapport de la Commission.

Mais il met également en garde le gouvernement de Chișinău contre des mesures musclées pour contrer la guerre hybride de la Russie.

"Les autorités (moldaves) se sont efforcées de trouver un équilibre entre les mesures visant à contrer l'ingérence malveillante et le respect de l'État de droit et des droits fondamentaux, conformément aux normes internationales", indique la Commission.

La présidente de la Moldavie, Maia Sandu, salue le président de l'Ukraine, Volodymyr Zelensky, en juin 2023
La présidente de la Moldavie, Maia Sandu, salue le président de l'Ukraine, Volodymyr Zelensky, en juin 2023 Vadim Ghirda/Copyright 2023 The AP. All rights reserved

Le second tour de la présidentielle aura lieu dimanche, entre la présidente pro-UE Maia Sandu et Aleksandr Stoianoglo du parti socialiste traditionnellement pro-russe.

Une victoire de Maia Sandu est considérée comme essentielle pour maintenir fermement le pays sur la voie de l'adhésion à l'UE, alors que la population semble plus polarisée qu'en Géorgie, les sondages situant le soutien des Moldaves à l'adhésion à l'UE à environ 60 %.

"C'est un pays en première ligne", précise à Euronews Amanda Paul, responsable du programme "Europe in the World" au European Policy Centre. "Il est le destinataire de l'action malveillante de la Russie depuis de nombreuses années."

"Il faudrait certainement mettre le pied sur l'accélérateur pour aller de l'avant avec les fondamentaux et ouvrir ces chapitres et commencer à faire le travail ", poursuit-elle, en référence aux prochaines étapes de la candidature d'adhésion de la Moldavie.

Le flirt russe de la Serbie

Dans les Balkans occidentaux, l'influence de la Russie entrave également les candidatures.

La Serbie, dont le président Aleksandar Vučić a toujours refusé d'imposer des sanctions à la Russie et souhaite garder des relations chaleureuses avec le Kremlin, a été mise en garde une nouvelle fois mercredi pour son refus de s'aligner sur les politiques étrangères de l'UE, l'une des conditions préalables à l'adhésion à l'UE.

"(La Serbie) a maintenu des relations de haut niveau avec la Fédération de Russie et a intensifié ses relations avec la Chine, ce qui soulève des questions sur l'orientation stratégique de la Serbie", est-il écrit dans l'évaluation de la Commission.

Aleksandar Vučić a récemment signé un accord de libre-échange avec Pékin, annulant les droits de douane sur près de 95 % des exportations du pays vers la Chine dans les cinq à dix prochaines années.

Mais la position ambivalente de la Serbie à l'égard de la Russie est quelque peu reflétée par celle de la Hongrie, membre de l'UE. Le Premier ministre Viktor Orbán entretient des liens avec le président russe et s'écarte de la ligne de politique étrangère de l'UE.

Interrogé mercredi sur la question de savoir si Viktor Orbán avait fait obstruction à la réponse de l'UE aux rapports d'irrégularités en Géorgie en rendant visite au Premier ministre géorgien malgré les allégations de fraude électorale, Josep Borrell a répondu que "les observateurs n'ont pas déclaré qu'il y avait des irrégularités en Géorgie. Les observateurs n'ont pas déclaré que les élections étaient libres et équitables".

"Ils n'ont pas dit le contraire, mais ils n'ont pas dit qu'elles étaient libres et équitables", a-t-il ajouté. "Faites-vous votre propre opinion, la mienne est certainement différente de celle du Premier ministre hongrois."

Accéder aux raccourcis d'accessibilité
Partager cet article Discussion

À découvrir également

Élargissement de l'UE : un processus basé sur le "mérite", selon Bruxelles

UE : quelles conséquences économiques en cas d'élargissement à 36 membres ?

Moldavie : le futur européen en jeu aux élections et au référendum crucial sur l'adhésion à l'UE