Ces affirmations bizarres font suite à l'approbation par les députés d'un projet de loi qui légaliserait l'aide à mourir pour les adultes en phase terminale en Angleterre et au Pays de Galles, sous réserve de l'approbation de deux médecins et d'un juge.
Un message diffusé sur les réseaux sociaux affirme que le gouvernement britannique offre des "primes en espèces" aux familles qui euthanasient leurs proches âgés.
Des messages sur Facebook et X semblent montrer une capture d'écran d'un article avec un titre disant cela, accompagné d'une photo d'un homme âgé s'enfermant dans une capsule violette.
Le message de X renvoie également à l'article, qui attribue l'affirmation à ce qu'il appelle un "rapport troublant" du journal britannique The Telegraph.
Les légendes des messages publiés sur les réseaux sociaux vont dans le même sens, affirmant que des experts ont averti que les retraités en phase terminale pourraient mettre fin à leurs jours plus tôt afin d'épargner à leurs proches une facture fiscale à six chiffres. Cependant, tout cela est trompeur.
L'article auquel les messages font référence a été publié par The People's Voice, un célèbre site de fausses nouvelles basé aux États-Unis.
Ses articles ont été démystifiés à plusieurs reprises par des vérificateurs de faits au fil des ans, souvent lorsque le site s'appelait auparavant NewsPunch ou Your News Wire.
L'Union européenne a également reproché au site de diffuser de la propagande russe.
Quelle que soit la réputation de The People's Voice, les affirmations concernant les "primes en espèces" pour l'euthanasie des personnes âgées ne reposent sur aucune base factuelle.
L'article du Telegraph qui aurait rapporté l'affaire ne fait pas du tout référence à des "primes en espèces".
Il souligne plutôt qu'en vertu des règles britanniques actuelles, les pensions sont héritées en franchise d'impôt sur le revenu si la personne décède avant 75 ans.
Selon le Telegraph, si le projet de loi sur l'aide à la mort de l'Angleterre et du Pays de Galles est adopté, les personnes âgées pourraient être confrontées à un choix difficile : prolonger leur vie ou faire économiser des milliers d'euros à leur famille.
Même cette affirmation est trop simpliste : fin novembre, les députés britanniques ont voté en faveur d'un projet de loi historique qui pourrait légaliser l'aide à la mort pour les adultes en phase terminale en Angleterre et au pays de Galles, mais cette légalisation serait soumise à des contrôles stricts.
Plus précisément, toute personne souhaitant qu'un médecin l'aide à mettre fin à ses jours devra être âgée de plus de 18 ans, avoir la capacité mentale de prendre elle-même la décision, être en phase terminale et se trouver dans les six derniers mois de sa vie.
Selon le texte du projet de loi, deux médecins doivent évaluer une telle demande, à au moins sept jours d'intervalle, pour s'assurer que la personne remplit les critères d'admissibilité, notamment qu'elle a pris sa décision de son plein gré, sans contrainte ni pression.
Si les médecins approuvent la demande, le demandeur peut alors demander à la High Court de l'approuver. La personne dispose alors d'un délai de réflexion de 14 jours (ou de 48 heures si la mort est imminente), à l'issue duquel elle peut demander une dernière fois à un médecin de l'aider à mettre fin à ses jours.
Si le médecin est toujours convaincu que la personne remplit les critères d'admissibilité, il peut lui prescrire une substance approuvée pour mettre fin à sa vie.
Il est donc simpliste de suggérer qu'une personne puisse si facilement choisir de mettre fin à sa vie avant l'âge de 75 ans pour épargner de l'argent à sa famille.
Le projet de loi n'est pas encore entré en vigueur, mais son approbation par les députés constitue un pas important dans cette direction. Il va maintenant faire l'objet d'un examen plus approfondi par la Chambre des communes et la Chambre des lords.
S'il est approuvé, il devrait entrer en vigueur d'ici deux à trois ans.