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Conflit en RDC : le Luxembourg retarde l'adoption de sanctions de l’UE contre le Rwanda

M23 rebels stand with their weapons in Kibumba, in the eastern of Democratic Republic of Congo, Dec. 23, 2022.
M23 rebels stand with their weapons in Kibumba, in the eastern of Democratic Republic of Congo, Dec. 23, 2022. Tous droits réservés  Moses Sawasawa/Copyright 2021 The AP. All rights reserved.
Tous droits réservés Moses Sawasawa/Copyright 2021 The AP. All rights reserved.
Par Amandine Hess
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À la surprise générale, le Luxembourg a bloqué l'adoption de sanctions contre Kigali. Les ministres européens ont suspendu les consultations de l'UE en matière de défense avec le Rwanda.

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Près d'un mois après la prise de la ville congolaise de Goma par les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda selon l'ONU, la RDC était à l'agenda du Conseil des affaires étrangères à Bruxelles.

La réponse de l'UE, présentée par Kaja Kallas, la haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, est pour le moins timide.

"La situation est très grave et au bord d’un conflit régional. L’intégrité territoriale n’est pas négociable tant au Congo qu’en Ukraine. La charte de l’ONU s’applique également partout. Nous appuyons donc le processus de paix de Luanda et de Nairobi pour obtenir des résultats par des moyens diplomatiques", a déclaré Kaja Kallas en conférence de presse.

"Les consultations de l’UE en matière de défense avec le Rwanda ont été suspendues", a-t-elle annoncé.

Les ministres des affaires étrangères européens exhortent également Kigali à retirer ses troupes de RDC.

Le protocole d’accord entre l'UE et le Rwanda sur les chaînes de valeur durables pour les matières premières, signé en février 2024, "fera l’objet d’un examen", a ajouté Kaja Kallas.

Veto du Luxembourg

À la surprise générale, le Luxembourg a retardé l'adoption d'autres sanctions plus ambitieuses contre le Rwanda pour son implication dans l'escalade du conflit à l'Est de la RDC.

Ces sanctions sur la table et non adoptées incluent notamment des sanctions individuelles contre neuf individus et une entité et le gel des 20 millions d'euros débloqués par l'UE en novembre dernier dans le cadre de la facilité européenne pour la paix (FEP) pour financer les forces rwandaises dans la province de Cabo Delgado au Mozambique.

Face à l'onde de choc provoquée, le ministre des Affaires étrangères du Luxembourg a quelque peu rectifié le tir le lendemain.

"Cette semaine, il y a des négociations qui ont lieu à Harare entre les ministres des Affaires étrangères africains. Et je pense qu'il est important, avant de vouloir prendre des sanctions contre le Rwanda, d'attendre ce résultat, ces trois ou quatre prochains jours pour voir si on va dans la bonne direction. Mais tout en disant cependant qu'on est d'accord pour que de nouvelles sanctions soient prises pour en fait augmenter la pression", a déclaré Xavier Bettel, le ministre des Affaires étrangères du Luxembourg.

En somme, le Grand-Duché souhaite que l'UE ne joue pas toutes ses cartes à la fois pour garder une marge de manoeuvre dans les négociations.

Il pourrait toutefois y avoir d'autres enjeux.

"On dit que le Luxembourg collabore à la construction d'un centre financier à Kigali. Mais on ne sait pas très bien pourquoi, on ne connaît pas très bien la raison pour laquelle le Luxembourg a bloqué (les sanctions)", déclare à Euronews Erik Kennes, chercheur à l'Institut Royal des Relations Internationales Egmont

En 2021, le Grand-Duché a signé un accord bilatéral avec le Rwanda pour soutenir le développement du centre financier international de Kigali.  

Le chercheur juge par ailleurs les mesures annoncées par l'UE "timides" et "tardives".

"Quand on parle par exemple du protocole d'accord, en réalité le protocole d'accord n'est pas exécuté normalement et doit se traduire dans une feuille de route. Mais la feuille de route n'a jamais pris corps puisqu'il y a eu un refus du Rwanda de se soumettre aux exigences de transparence", déclare-t-il.

"C"est un peu un coup d'épée dans l'eau", ajoute-t-il.

Free Congo

Une manifestation du collectif Free Congo se tenait lundi à Bruxelles pour réclamer l’adoption de sanctions contre Kigali.  

"J'ai des jeunes dans le groupe que j'encadre, qui ont été massacrés, tués d'une balle dans la tête dans la ville de Goma", déclare à Euronews Maddy Tiembe, présidente de l’AFEDE.

"Nous voulons que le protocole d'accord signé entre l'Union européenne et le Rwanda pour des minerais que le Rwanda ne possède pas, soit complètement déchiré, jeté dans la poubelle", ajoute Sonny Kabeya, membre de l’UDPS.

Les autorités congolaises et les Nations unies accusent en effet le Rwanda d'utiliser les rebelles du mouvement du 23 mars pour piller les ressources minières à l'Est de la RDC.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté la semaine dernière une résolution qui "condamne fermement" l’offensive menée par le M23 en RDC avec le soutien de la Force de défense rwandaise.

Dans une résolution adoptée le 13 février, les eurodéputés ont quant à eux appelé la Commission européenne et le Conseil à suspendre "le Mémorandum d'entente de l'UE sur les chaînes de valeur des matières premières durables avec le Rwanda, jusqu'à ce que ce pays cesse toute ingérence en RDC, y compris l'exportation de minéraux extraits des zones contrôlées par le M23".

Les combats dans l’est de la RDC ont fait des milliers de morts et de déplacés selon l’ONU.  

De nombreux groupes armés, souvent soutenus par des puissances régionales, se battent pour le contrôle de zones riches en matières premières depuis plusieurs décennies.  

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