Pour Zelensky, les centrales nucléaires ukrainiennes ne passeront pas sous pavillon américain comme le veut Trump Le sort de la plus grande d'entre elles, située à Zaporijjia, reste incertain car elle est toujours sous contrôle russe.
L'Ukraine ne "discutera pas" d'un transfert aux États-Unis de la propriété de ses centrales nucléaires, y compris celle occupée de Zaporijjia, a déclaré le président Volodymyr Zelensky ce jeudi lors de sa visite en Norvège, qui a ajouté que ces infrastructures n'étaient pas un bien privé mais un bien national. Lors d'une conférence de presse tenue en Norvège jeudi, il a déclaré : "toutes les centrales nucléaires appartiennent au peuple ukrainien. Il s'agit d'une centrale nucléaire d'État, qui n'est pas privée. C'est ainsi que fonctionne l'énergie nucléaire en Ukraine ".
Ces propos interviennent un jour après une suggestion émise par Donald Trump qui envisage de transférer la propriété des centrales ukrainiennes aux États-Unis pour une sécurité à long terme, selon un communiqué américain. "La possession par les Américains de ces centrales constituerait la meilleure protection et le meilleur soutien possible pour les infrastructures énergétiques ukrainiennes", avait justifié après l’appel la porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt. Cette déclaration fait écho à un arguments régulièrement avancé par les Etats-Unis : un engagement économique américain fort en Ukraine constituerait sa meilleure garantie de sécurité, car la Russie n'osera pas prendre pour cible un pays où l'Amérique a des intérêts.
S'adressant ensuite aux médias, Volodymyr Zelensky a précisé que la conversation portait spécifiquement sur la centrale nucléaire de Zaporijjia (ZNPP), occupée par la Russie, dans le sud de l'Ukraine.
Bien que la centrale soir restée connectée au réseau énergétique ukrainien sans produire d'électricité, elle est sous contrôle russe depuis les premiers jours de la guerre, ce qui rend incertaine la portée potentielle de l'intervention américaine. Depuis septembre 2022, des experts de l'instance onusienne sont basés sur place pour surveiller la sûreté et la stabilité des installations, les équipes tournant régulièrement.
L'armée russe a intensifié ces derniers mois ses attaques sur le sud de l'Ukraine et multiplié ses frappes sur Zaporijjia, une ville qui comptait 700 000 habitants avant la guerre. Deux frappes russes, le 6 et le 10 décembre 2024, y ont fait respectivement 10 et 11 morts, et plus de 40 blessés. Les attaques sur cette région se sont intensifiées depuis plusieurs mois. Depuis novembre, l'Ukraine craint une offensive vers cette ville, chef-lieu éponyme de la région qui se trouve à environ 35 kilomètres à vol d'oiseau des positions russes et 50 kilomètres de la centrale nucléaire du même nom.
La crainte d'un Tchernobyl bis dès le début du conflit
Dès les premières semaines du conflit, des soldats russes ont notamment occupé le site de la centrale de Tchernobyl, dans le nord de l'Ukraine, nourrissant les craintes de fuites radioactives plus de 35 ans après le pire accident nucléaire de l'histoire. Les troupes russes s'en sont retirées fin mars 2022 après l'échec de leur assaut contre la capitale ukrainienne Kiev, qui est à moins de cent kilomètres à vol d'oiseau de Tchernobyl.
Depuis 2016, une arche mise en service en 2019 après des années de travaux financés par la communauté internationale, recouvre le sarcophage originel construit par les Soviétiques pour recouvrir le réacteur numéro 4, dont le coeur avait explosé en avril 1986, ainsi que ses débris.
Mi-février, Volodymyr Zelensky avait accusé la Russie d'avoir endommagé avec un drone explosif l'arche de confinement de la centrale nucléaire accidentée, sans qu'une hausse des radiations soit constatée. Le président ukrainien, rejoint sur ce point par la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas, y a vu une preuve selon laquelle Vladimir Poutine "ne veut pas la paix".