Les actions européennes se dirigent vers leur pire baisse hebdomadaire depuis février 2022, plombées par les inquiétudes liées aux tarifs douaniers américains. Les valeurs bancaires s'effondrent tandis que les obligations se redressent, les investisseurs se tournant vers les valeurs refuges.
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Les actions européennes ont encore chuté vendredi, terminant leur pire semaine depuis l'invasion totale de l'Ukraine par la Russie en février 2022, alors que les investisseurs s'inquiètent de plus en plus des conséquences économiques des droits de douane massifs annoncés par les États-Unis.
Ce vendredi à 11 heures , heure d'Europe centrale, l'Euro STOXX 50 était en baisse de 2,2 %, ce qui porte les pertes hebdomadaires à 5,9 %. L'indice plus large Euro STOXX 600 a également baissé de 2,1 %, portant sa chute hebdomadaire à 5,4 %.
Les principaux indices nationaux ont suivi le mouvement, le DAX allemand perdant 1,8 %, le CAC 40 français 1,7 %, et des pertes importantes ont été enregistrées en Europe du Sud : l'IBEX 35 espagnol a chuté de 4,1 % et le FTSE MIB italien de 3,9 %.
Les valeurs financières ont été à l'origine de la déroute. L'indice Euro STOXX Banks a plongé de 6,4 % sur la seule journée de vendredi, portant ses pertes hebdomadaires à 10 %.
L'économie américaine, résiliente ?
La banque espagnole Banco Sabadell a perdu 9,4 %, la Société Générale et la Deutsche Bank ont toutes deux chuté de plus de 8 %, tandis qu'UniCredit, Banco BPM et Intesa Sanpaolo ont toutes perdu entre 6,7 % et 7,7 %.
Les tensions se sont aggravées mercredi lorsque l'ancien président américain Donald Trump a annoncé des droits de douane réciproques sur tous les pays, y compris un prélèvement de 20 % sur les marchandises en provenance de l'Union européenne.
"La volatilité est montée en flèche et semble devoir rester élevée, malgré le fait que le président Trump ait signalé une volonté de négocier", explique Alejandro Cuadrado, analyste chez le groupe bancaire multinational espagnol BBVA.
"Nous pourrions être confrontés à un changement de paradigme dans la croyance que l'économie américaine est exceptionnellement résiliente et isolée des vents contraires mondiaux." poursuit-il.
Pendant ce temps, le président français Emmanuel Macron a exhorté les entreprises européennes à réduire leurs dépenses aux États-Unis et a évoqué la possibilité d'utiliser l'instrument anti-coercition de l'UE, qui donne à la Commission européenne le pouvoir de répondre aux menaces économiques des pays tiers.
Les valeurs énergétiques et les valeurs de consommation divergent
La chute s'est étendue au secteur de l'énergie, avec la major pétrolière espagnole Repsol, l'autrichienne OMV, la néerlandaise Shell et l'italienne Eni qui ont toutes perdu entre 2,8 % et 3,6 %.
Le baril de Brent a chuté de 3 % vendredi, à 67 dollars, après une baisse de 6,6 % la veille, marquant son plus bas niveau depuis août 2021.
"Les investisseurs réagissent aux dommages estimés que ces droits de douane pourraient causer au commerce mondial, et donc à la croissance économique mondiale. L'ampleur des droits de douane est telle que l'activité commerciale pourrait ralentir fortement, ce qui entraînerait une baisse significative de la demande de pétrole", estime David Morrison, analyste principal du marché chez Trade Nation.
Les valeurs de consommation discrétionnaire ont également été touchées. Adidas a chuté de 2,8 % après une chute vertigineuse de 11,8 % jeudi. Les valeurs du luxe ont également été plus faibles : LVMH (-0,8 %), Richemont (-2,9 %) et Moncler (-0,9 %).
Dans le même temps, les biens de consommation de base défensifs ont attiré des flux de valeurs refuges. L'Oréal, Beiersdorf et Danone ont progressé de 2 à 3 %, tandis que Heineken a gagné 1,2 %.
"Nous continuons à surpondérer les valeurs défensives et à sous-pondérer les valeurs financières", commente Sebastian Raedler, analyste des actions européennes chez Bank of America.
Selon l'expert en économie boursière, les banques, qui ont surperformé depuis le début de l'année grâce aux espoirs de soutien budgétaire allemand et à l'élan sectoriel, restent vulnérables dans un environnement macroéconomique qui se détériore.
Baisse des rendements obligataires, baisse de l'euro
Les marchés obligataires européens se sont redressés, les investisseurs cherchant à se réfugier dans la dette souveraine. Les rendements des Bunds allemands ont baissé de 10 points de base pour atteindre 2,53 %, ce qui correspond à un gain de prix de 1 %. Les rendements en Espagne, en Italie et en France ont tous baissé d'environ 7 points de base.
Les marchés monétaires prévoient désormais trois baisses de taux de la BCE d'ici la fin de l'année, avec 70 % de chances que la première baisse ait lieu le 17 avril, selon les swaps indexés au jour le jour.
L'euro a glissé de 0,6 % à moins de 1,10 contre le dollar américain, après avoir atteint un sommet de sept mois jeudi.
"Le marché des changes indique que les droits de douane toucheront principalement les consommateurs et les entreprises aux États-Unis", analyse George Vessey, stratège principal des changes et de la macroéconomie chez Convera.