Les conservateurs et les sociaux-démocrates se sont mis d'accord après plusieurs semaines de discussions. Le "contrat" de gouvernement prévoit des réductions d'impôts et une position plus ferme sur l'immigration.
Friedrich Merz a atteint son objectif. Après avoir gagné les élections du 23 février, le leader des chrétiens-démocrates allemands affirme avoir conclu en un temps record un contrat de coalition avec les sociaux-démocrates.
L'accord met fin à des semaines de marchandage entre le chancelier en devenir Merz et les sociaux-démocrates, après que le chef de la CDU est arrivé en tête des élections en février, mais bien loin d'une majorité, l'Alternative pour l'Allemagne, d'extrême droite, ayant fait une percée historique.
Lors d'une conférence de presse, Merz a exposé sa vision d'une Allemagne ayant retrouvé sa force et sa fiabilité d'antan. "Le futur gouvernement, la future coalition, réformera et investira pour que l'Allemagne reste stable, qu'elle soit plus sûre et qu'elle redevienne économiquement plus forte", a-t-il déclaré. Il a ajouté que l'Europe pourrait "compter" sur Berlin.
Quel parti obtient quel ministère ?
Voici la liste des différents portefeuilles ministériels selon les formations politiques, annoncée lors d'une conférence de presse à Berlin.
Pour la CDU :
- Chancellerie
- Ministère de l'Économie et de l'Énergie
- Ministère des Affaires étrangères
- Ministère de l'Éducation, de la Famille, des personnes âgées, des femmes et de la jeunesse
- Ministère de la Santé
- Ministère des Transports
- Ministère de la Numérique et de la Modernisation de l'État
Le parti-frère bavarois, la CSU, devrait donc prendre en charge les ministères suivants :
- Ministère de l'Intérieur
- Ministère de la Recherche, de la Technologie et de l'Espace
- Ministère de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Patrie
Le SPD devrait finalement prendre la direction des sept ministères suivants :
- Ministère des Finances
- Ministère de la Justice et de la protection des consommateurs
- Ministère du Travail et des Affaires sociales
- Ministère de la Défense
- Ministère de l'Environnement, et du Changement climatique
- Ministère de la Coopération économique et du Développement
- Ministère du Logement, du Développement urbain et de la Construction
Des négociations sous la pression
Présenté à la presse cet après-midi à 15 heures, puis dans la foulée aux députés des trois partis, le contrat de coalition sera ensuite soumis pendant une dizaine de jours au vote des militants du parti social-démocrate, tandis qu'un mini-congrès de la CDU validera en avril le contrat de coalition. Le tout avec l'objectif d'une nomination de Friedrich Merz à la chancellerie début mai.
Menées tambour battant, les négociations se sont déroulées sous une triple pression, liée à la fois au désengagement américain en Europe en matière de défense, à la crise économique dans laquelle se débat l'Allemagne, et tout dernièrement à l'effondrement des marchés boursiers, suite aux droits de douane infligés par Donald Trump.
Immigration et impôts
La politique migratoire, le retour à la croissance économique, les impôts et les retraites étaient au cœur des négociations.
Ces derniers jours, des membres de la CDU avaient mis en garde le futur chancelier Friedrich Merz contre le risque de faire trop de concessions au SPD et d'édulcorer ainsi le "changement de politique" promis pendant la campagne électorale.
Lors de la conférence de presse, le futur chancelier Friedrich Merz (CDU) a annoncé, en matière de migration, des contrôles aux frontières nationales, une offensive de rapatriement et l'augmentation du nombre de pays d'origine sûrs. Markus Söder, ministre-président de Bavière et membre de la CSU, a ajouté que les expulsions vers l'Afghanistan et la Syrie reprendraient.
Dévoilant les détails de l'accord, Merz a ajouté que la nouvelle coalition allongerait le délai d'obtention de la nationalité allemande à au moins cinq ans, contre un minimum de trois ans.
Lars Klingbeil, président du SPD, a toutefois déclaré mercredi après-midi que l'Allemagne restait un pays d'accueil : "Nous organisons et gérons la migration, avec des règles claires, en agissant de manière conséquente, y compris contre l'immigration irrégulière. Il a toujours été clair aussi que le droit fondamental à l'asile reste intangible".
Le SPD n'a visiblement pas réussi à s'imposer sur la question des augmentations d'impôts pour les hauts revenus, comme le rapporte "Bild".
La pension active devrait donc voir le jour à partir de 2026. Le niveau des pensions restera à son niveau actuel de 48 pour cent, mais sera garanti jusqu'en 2031.
En outre, les réfugiés ukrainiens devraient recevoir moins de prestations et l'impôt sur les sociétés devrait baisser d'un pour cent par an à partir de 2026.