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Le Royaume-Uni rétrocède l'archipel des Chagos à l'île Maurice

Cette image publiée par l'US Navy montre une vue aérienne de l'île de Diego Garcia, dans l'archipel des Chagos
Cette image publiée par l'US Navy montre une vue aérienne de l'île de Diego Garcia, dans l'archipel des Chagos Tous droits réservés  AP Photo
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Par Vincent Reynier & AP
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En vertu de cet accord, le Royaume-Uni versera à l'île Maurice 120 millions d'euros par an pour la location de la base militaire de Diego Garcia pendant au moins 99 ans.

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Le Royaume-Uni a signé jeudi un accord transférant à l'île Maurice le contrôle des îles Chagos, situées dans le nord de l'océan Indien. Londres estime que cet accord permettra d'assurer la pérennité d'une base militaire américano-britannique importante pour la sécurité du Royaume-Uni.

L'archipel des Chagos comprend la grande île Diego Garcia, qui abrite une base navale et aérienne stratégique utilisée par les États-Unis.

En vertu de l'accord, le Royaume-Uni versera à l'île Maurice 120 millions d'euros par an pour louer la base pendant au moins 99 ans.

Le Premier ministre britannique Keir Starmer affirme que celle-ci est "au cœur de la sécurité intérieure" et qu'elle est essentielle pour la lutte contre le terrorisme et l'espionnage.

Le Premier ministre britannique Keir Starmer s'exprime lors d'une conférence de presse dans un centre militaire du nord-ouest de Londres, le jeudi 22 mai 2025
Le Premier ministre britannique Keir Starmer s'exprime lors d'une conférence de presse dans un centre militaire du nord-ouest de Londres, le jeudi 22 mai 2025 AP Photo

"En concluant cet accord maintenant, nous garantissons de solides protections, notamment contre les influences malveillantes, qui permettront à la base de fonctionner pendant une bonne partie du siècle prochain, contribuant ainsi à assurer notre sécurité pour les générations à venir", a déclaré Keir Starmer jeudi dans un quartier général militaire situé près de Londres.

Retard juridique de dernière minute

Les détracteurs du projet estiment que l'abandon des îles, qui sont des territoires britanniques depuis plus de 200 ans, pourrait donner lieu à des ingérences de la part de pays tels que la Russie ou la Chine.

"Nous ne devrions pas payer pour céder un territoire britannique à l'île Maurice", affirme le chef de l'opposition britannique, Kemi Badenoch.

L'accord s'est heurté à l'opposition d'anciens habitants de l'île qui ont été expulsés il y a plusieurs décennies pour permettre la construction de la base militaire.

L'accord devait initialement être signé par Keir Starmer et le dirigeant mauricien Navin Ramgoolam lors d'une cérémonie virtuelle jeudi matin. Mais la signature a été retardée lorsqu'un juge a accordé une injonction de dernière minute, demandée par deux citoyennes des îles Chagos.

Cette injonction a été levée quelques heures plus tard par un autre juge.

Manifestation devant la Haute Cour de Londres après qu'un tribunal a brièvement bloqué le transfert de souveraineté des îles Chagos à l'île Maurice, le jeudi 22 mai 2025
Manifestation devant la Haute Cour de Londres après qu'un tribunal a brièvement bloqué le transfert de souveraineté des îles Chagos à l'île Maurice, le jeudi 22 mai 2025 AP Photo

Bernadette Dugasse et Bertrice Pompe, nées aux Chagos, craignaient qu'il leur soit encore plus difficile de rentrer chez elles quand l'archipel sera sous contrôle de l'île Maurice.

"Les droits que nous demandons aujourd'hui, nous nous battons pour eux depuis 60 ans. L'île Maurice ne nous les accordera pas", estime Bertrice Pompe.

Conflit diplomatique de longue date

L'accord prévoit un fonds fiduciaire pour aider les Chagossiens et permet à l'île Maurice d'organiser la réinstallation sur les îles - à l'exception de Diego Garcia - mais ne la garantit pas.

Les îles Chagos étaient sous contrôle britannique depuis 1814. En 1965, le Royaume-Uni les a séparées de l'île Maurice, qui est devenue indépendante en 1968.

Dans les années 1960 et 1970, Londres a expulsé quelque 2 000 insulaires afin que les États-Unis puissent construire la base de Diego Garcia. Cette dernière a soutenu les opérations militaires américaines du Vietnam à l'Irak et à l'Afghanistan et abrite des installations pour les sous-marins nucléaires et les opérations de renseignement.

L'île Maurice conteste depuis longtemps les revendications britanniques sur les îles. En 2019, la Cour internationale de justice a déclaré que le Royaume-Uni avait illégalement séparé l'archipel des Chagos de l'île Maurice lorsqu'elle a mis fin à la domination coloniale.

Selon Keir Starmer, il était d'urgent d'agir "parce que la base était menacée". Il explique que l'île Maurice s'apprêtait à poursuivre le Royaume-Uni en justice et qu'il n'y avait pas de "perspective réaliste de succès" pour Londres.

Un accord salué par les États-Unis

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio a salué l'accord, affirmant qu'il "garantit le fonctionnement à long terme, stable et efficace" de Diego Garcia, qu'il a qualifié d'"atout essentiel pour la sécurité régionale et mondiale".

Le ministère britannique de la Défense précise que le traité prévoit de solides protections, telles qu'une zone d'exclusion de 39 kilomètres autour de Diego Garcia, un droit de veto britannique sur le développement et l'interdiction pour les forces de sécurité étrangères de se rendre sur les îles.

Les pourparlers ont débuté en 2022 sous le précédent gouvernement conservateur et se sont poursuivis après la victoire des travaillistes aux élections générales de juillet. Un projet d'accord a été conclu en octobre, mais il a été retardé en raison de changements politiques à Maurice et de désaccords sur le montant que le Royaume-Uni paierait.

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