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Loi Duplomb : le texte rejeté pour contrer les amendements de la gauche, la FNSEA "satisfaite"

Des tracteurs sont garés devant l'Assemblée nationale alors que les agriculteurs protestent contre les réglementations qui leur sont imposées, lundi 26 mai 2025 à Paris.
Des tracteurs sont garés devant l'Assemblée nationale alors que les agriculteurs protestent contre les réglementations qui leur sont imposées, lundi 26 mai 2025 à Paris. Tous droits réservés  Michel Euler/Copyright 2025 The AP. All rights reserved.
Tous droits réservés Michel Euler/Copyright 2025 The AP. All rights reserved.
Par Sophia Khatsenkova
Publié le Mis à jour
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Les principaux syndicats agricoles avaient appelé à se mobiliser pour soutenir le projet de loi contre ce qu'ils considèrent comme de l'obstruction de la part des écologistes et insoumis. Le texte qui prévoyait d'autoriser certains pesticides a été renvoyé devant une commission mixte paritaire.

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Près de 150 agriculteurs ont installé leurs tracteurs ce lundi devant l’Assemblée nationale à Paris. Objectif : faire pression sur les députés qui devait examiner la loi Duplomb à l’ordre du jour des débats dans l’hémicycle.

Ce projet de loi promet d'alléger ce que de nombreux acteurs du secteur agricole considèrent comme des contraintes administratives étouffantes. Elle faciliterait l'obtention de permis de construire pour les installations d'élevage et les réservoirs d'eau, et réautoriserait l'utilisation temporaire de certains pesticides tels que l'acétamipride, un insecticide néonicotinoïde interdit en France depuis 2018.

Bien que toujours autorisé dans d'autres pays de l'Union européenne, l'acétamipride a suscité l'inquiétude des écologistes et des apiculteurs en raison de son impact sur les pollinisateurs et des risques potentiels pour la santé humaine.

Le projet de loi devait faire l'objet d'un débat, suivi d'un vote à la chambre basse du Parlement lundi. Mais les élus de l'opposition, principalement de gauche et des Verts, ont soumis quelque 3 500 amendements pour tenter de retarder la procédure.

Le débat étant menacé par l'impasse législative, les législateurs centristes, conservateurs et d'extrême droite ont adopté une motion visant à rejeter le débat sur le projet de loi au parlement par 274 voix contre 121. La proposition est maintenant soumise à une commission mixte composée de sept sénateurs et de sept députés, dont la plupart soutiennent les revendications des agriculteurs, qui devra s'accorder sur une version commune en partant du texte déjà adopté au Sénat - cette fois, sans possibilité d'amendement. Cette décision a exaspéré la gauche, qui a annoncé son intention de déposer une motion de censure contre le gouvernement.

"Ce que nous voulons tous, c'est vivre et simplement survivre"

Pour de nombreux agriculteurs présents lors de la manifestation, ce projet de loi représente une occasion d'alléger les pressions croissantes, tant économiques que réglementaires.

Clément Patoir, un jeune céréalier de 19 ans, a expliqué comment la bureaucratie éloigne les jeunes du métier : "il y a moins de jeunes qui veulent devenir agriculteurs de nos jours. Beaucoup d'enfants d'agriculteurs doivent constamment entendre parler de leurs parents qui se débattent avec les réglementations. C'est un métier compliqué, on travaille de longues heures et on n'est pas forcément récompensé."

"La majorité des agriculteurs français essaient de survivre. Ce que nous voulons tous, c'est vivre et non survivre. Donc, moins de contraintes et une simplification seraient très appréciées", a déclaré Clément Patoir à Euronews.

Pierrick, un autre jeune producteur de betteraves sucrières, a déclaré que le projet de loi visait à maintenir les niveaux de production. Le pesticide acétamipride est considéré comme essentiel par de nombreux producteurs de betteraves sucrières et de noisettes. "Aujourd'hui, toutes les méthodes de production pour produire le plus possible nous sont progressivement retirées. De plus, nous avons toujours des contraintes administratives qui alourdissent notre charge de travail... Mais pour maintenir les niveaux de production que nous avons, non, il n'y a pas d'alternative aujourd'hui qui fonctionne", a-t-il expliqué.

Les partisans du projet de loi soutiennent que l'assouplissement des restrictions sera essentiel pour éviter la dépendance aux importations et pour maintenir la compétitivité du secteur agricole français.

Mais les écologistes et les législateurs de gauche considèrent le projet de loi comme dangereux. Parmi les personnes rassemblées à Paris pour s'y opposer, Gabriel Bertein, un maire de gauche, a mis en garde contre les dommages à long terme causés à la biodiversité et à la santé des sols.

"Si ce type de projet de loi est adopté, ce sera le signe d'un retour en arrière. Nous ouvrons la porte à une utilisation accrue de produits pesticides que nous savons dangereux pour la vie", a-t-il déclaré à Euronews, alors qu'il était chahuté par un groupe d'agriculteurs. Il a ajouté que les fonds publics devraient être réorientés vers des pratiques agricoles plus durables : "nous devons cesser d'aider et de subventionner un type d'agriculture intensive qui ne va pas dans la bonne direction. Il est urgent de changer de direction et de se concentrer sur ces questions."

Dans une interview accordée à la chaîne RMC, Arnaud Rousseau, le président du plus grand syndicat agricole, la FNSEA, a lui annoncé suspendre la mobilisation agricole : "les tracteurs rentrent à la ferme. Nous avions prévu d'être encore là ce mardi et mercredi." Il explique toutefois "rester vigilant", même si "le texte continue sa vie et ne fera pas l'objet d'obstruction."

Des manifestations sont également prévues à Bruxelles la semaine prochaine, ciblant les règles environnementales de l'UE et son programme de politique verte.

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