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"Déni de réalité" : le manifeste sur la politique étrangère sème le trouble au sein du SPD

Boris Pistorius, ministre allemand de la défense
Boris Pistorius, ministre allemand de la défense Tous droits réservés  Copyright 2025 The Associated Press. All rights reserved
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Par Thilo Seiz
Publié le
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Un manifeste appelant, notamment, à "reprendre les discussions avec la Russie" et signé par plusieurs membres du parti, a été qualifié de "déni de réalité" par le ministre de la Défense. Mais le même Boris Pistorius persiste et signe le refus des missiles Taurus pour l'Ukraine.

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Un manifeste controversé rédigé par plusieurs membres du SPD a semé le trouble au sein du parti.

Des membres de gauche du SPD, dont l'ancien chef de groupe parlementaire Rolf Mützenich, l'expert en politique étrangère Ralf Stegner et l'ancien président du parti Norbert Walter-Borjans, y appellent à un changement de cap en matière de politique étrangère et de sécurité.

Ces appels ont suscité de vives critiques au sein du parti, notamment de la part du ministre de la Défense Boris Pistorius, qui se trouve actuellement à Kyiv, la capitale ukrainienne.

Que dit le manifeste ?

Les plus de 100 signataires du document appellent notamment à "reprendre les discussions avec la Russie une fois que les armes se seront tues". Les efforts diplomatiques devraient donc offrir une alternative au réarmement.

Le manifeste demande également l'arrêt du déploiement de nouveaux missiles américains de moyenne portée en Allemagne, car cela ferait du pays une cible d'attaque.

Le manifeste qualifie d'"irrationnelle" l'augmentation prévue des dépenses de défense de l'OTAN à 5 % du produit intérieur brut. Il affirme que la militarisation ne se justifie pas du point de vue de la politique de sécurité. La capacité de défense de l'Allemagne doit être liée à la politique de contrôle des armes et de désarmement.

Critiques acerbes au sein du parti

Les critiques du ministre de la Défense à l'égard du document de ses collègues ont été particulièrement sévères. M. Pistorius a parlé de "déni de réalité". La Russie ne veut pas la paix, et si elle la veut, elle ne l'acceptera qu'à ses propres conditions. "Avec Poutine, nous ne pouvons négocier qu'en position de force", a déclaré le ministre.

Le manifeste, selon Pistorius, abuse du "désir de paix de la population de notre pays".

À Kyiv, Boris Pistorius a condamné les récentes frappes aériennes russes sur l'Ukraine. Moscou envoie un signal clair, a-t-il déclaré. "Il n'y a actuellement aucun intérêt pour une solution pacifique, mais au contraire, les attaques se poursuivent avec une férocité ininterrompue et, surtout, visent de plus en plus les zones civiles en Ukraine".

Et si Pistorius a annoncé le prochain déblocage d’une enveloppe d’aide militaire supplémentaire de 1,9 milliard d’euros pour soutenir l’Ukraine contre la Russie, l'Allemagne n’envisage toujours pas de livrer des missiles de longue portée Taurus à l’Ukraine, malgré les appels répétés du président Zelensky.

Le président du parti, Lars Klingbeil, a également pris ses distances avec le manifeste : "Il n'y a pas lieu de faire volte-face en ce qui concerne le soutien à l'Ukraine", a déclaré le vice-chancelier. L'Allemagne n'a pas à choisir entre la force militaire et les efforts diplomatiques. Dans le même temps, le chef du parti a cherché à calmer les esprits : "Un parti doit être capable de supporter de telles discussions", a-t-il déclaré.

Comparé à certains de ses collègues, le chef du groupe parlementaire Matthias Miersch a adopté un ton plus doux. "C'est légitime, même si je ne partage pas expressément les hypothèses centrales", a-t-il déclaré à propos du manifeste. Toutefois, a-t-il ajouté, il faut dire honnêtement que "de nombreuses offres de dialogue - y compris de la part du chancelier Olaf Scholz - ont été rejetées. Vladimir Poutine a jusqu'à présent refusé de s'engager dans des discussions".

Critiques des autres partis

D'autres partis ont également critiqué le document du SPD. Britta Haßelmann, chef du groupe parlementaire des Verts, a déclaré : "Nous voulons tous la paix, et personne n'y aspire plus que le peuple ukrainien. Malheureusement, toutes les tentatives d'obtenir un cessez-le-feu ou d'organiser des pourparlers de paix ont été contrecarrées et rejetées par le président Poutine".

Roderich Kiesewetter, expert en politique étrangère de la CDU, a été encore plus direct. "Quand les gens comprendront-ils que la Russie ne veut pas négocier et ne veut pas la paix ?", a-t-il écrit sur la plateforme X.

Le groupe parlementaire CSU du parlement de l'État de Bavière a également émis des critiques. Il a appelé le SPD à adopter une position claire et à ne pas envoyer de "signaux de faiblesse" à Moscou.

Les signataires défendent le manifeste

Norbert Walter-Borjans, ancien dirigeant du parti, a défendu le document et mis en garde contre une "course aux armements". Il a également déploré "la croyance selon laquelle déclarer les négociations sur le désarmement obsolètes mettra fin à l'effusion de sang".

Le cosignataire du texte Ralf Stegner a également pris sa défense. "N'importe quel idiot peut parler publiquement d'armes. Même quelqu'un qui ne sait pas distinguer un fusil d'un parapluie. Mais la diplomatie à huis clos, voilà le véritable art", a-t-il déclaré au magazine Cicero.

Benedict Lang, chef des Jeunes socialistes de Bavière, a apporté son soutien. "Le débat est devenu très serré ces dernières années, même au sein du SPD", a-t-il déclaré à BR24.

Outre les débats sur l'armement et le service militaire, il y a trop peu de discussions sur "la souffrance et l'horreur" qui se cachent derrière la guerre. "Nous avons besoin d'un débat plus large sur la sécurité qui se concentre sur la diplomatie, le désarmement et la paix à long terme", a-t-il déclaré.

Risque de division à l'approche de la conférence du SPD

À la fin du mois de juin, les membres du SPD se réuniront pour la conférence du parti. Suite à la controverse autour du manifeste, des débats sur la politique étrangère et de sécurité de l'Allemagne sont également susceptibles d'être à l'ordre du jour.

Reste à savoir si le leader du SPD, Lars Klingbeil, parviendra à unir son parti sur cette question sensible.

Sources additionnelles • adaptation : Serge Duchêne

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