Alors que les présidents russe et américain se rencontreront vendredi en Alaska, des spéculations selon lesquelles Vladimir Poutine contesterait la légitimité de la vente de l'Alaska aux États-Unis par la Russie en 1867 ont refait surface sur Internet.
Le président des États-Unis Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine se rencontreront face à face dans une base militaire isolée d'Anchorage, en Alaska, vendredi, pour des discussions très attendues sur l'invasion russe de l'Ukraine.
Le choix du lieu est avant tout logique. L'Alaska continental et la Russie ne sont séparés que de 90 kilomètres, tandis que l'île Petite Diomède, en Alaska, se trouve à moins de 4 kilomètres de l'île Grande Diomède, en Russie, dans le détroit de Béring.
Cela signifie que Vladimir Poutine pourra se rendre au lieu de la rencontre tout en évitant l'espace aérien des pays occidentaux qui pourraient tenter d'intercepter son vol afin d'exécuter le mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI).
Mais le lieu est aussi hautement symbolique. En effet, l'Alaska faisait autrefois partie intégrante du territoire russe.
En 1867, le tsar Alexandre II a vendu l'Alaska aux États-Unis pour 7,2 millions de dollars, afin de rembourser les lourdes dettes accumulées pendant la guerre de Crimée de 1853-1856.
À l'époque, le Kremlin ne considérait pas l'Alaska comme une partie économiquement importante de son territoire.
L'Alaska a été officiellement proclamé 49e État américain en 1949 et est aujourd'hui le plus grand des 50 États américains actuels.
Vladimir Poutine sera le premier président russe à se rendre à Anchorage, une grande ville du sud de l'Alaska qui a été fondée en 1914.
Le choix du lieu ravive les revendications impérialistes
La décision d'organiser la rencontre Trump-Poutine en Alaska a incité d'éminents responsables du Kremlin et leurs alliés à mettre en avant l'héritage et l'histoire russes du territoire.
La théorie selon laquelle la Russie revendiquera un jour l'État américain n'est pas nouvelle et a été défendue par plusieurs hauts fonctionnaires russes dans le passé.
L'année dernière, la propagandiste de la télévision d'État russe Olga Skabeyeva a qualifié le territoire américain de "notre Alaska".
Dmitri Medvedev, vice-président du Conseil de sécurité russe, a plaisanté sur les réseaux sociaux à propos d'une hypothétique guerre avec les États-Unis à propos de ce territoire.
Kirill Dmitriev, l'un des principaux négociateurs du Kremlin, qui dirige également le Fonds russe d'investissement direct, a déclaré la semaine dernière que l'Alaska était un territoire "Américain russe" et a suggéré que le sommet pourrait déclencher une coopération plus étroite entre Moscou et Washington dans l'Arctique.
Un panneau d'affichage datant de 2022 portant le message "L'Alaska est à nous", qui avait à l'époque suscité l'indignation de certains sénateurs américains, a également refait surface.
Aucune preuve officielle que Moscou aurait annulé la vente de l'Alaska en 1867
Des spéculations selon lesquelles Moscou prendrait des mesures pour récupérer le territoire circulent également à grande échelle sur Internet.
Celles-ci se sont multipliées après que Donald Trump a semblé confondre l'Alaska et la Russie lors d'une conférence de presse lundi, lorsqu'il a déclaré qu'il se rendrait en "Russie" pour rencontrer Vladimir Poutine, alors qu'il avait déjà confirmé que l'Alaska serait le lieu de la rencontre.
Par ailleurs, certains utilisateurs de réseaux sociaux ont suggéré qu'un arrêt de la Cour suprême russe de 2022 avait annulé la vente de l'Alaska aux États-Unis en 1867.
Mais EuroVerify n'a pu trouver aucun document de justice officiel pour corroborer cette affirmation.
D'autres internautes ont fait référence à un décret de 2024 qui aurait déclaré illégale la vente de l'Alaska en 1867.
Un décret a bien été promulgué le 18 janvier 2024, qui alloue des fonds pour la recherche, l'enregistrement et la protection juridique des biens historiques russes à l'étranger.
Cependant, nous avons vérifié son contenu et constaté qu'il ne fait aucune référence à l'Alaska ni à aucune des revendications historiques de la Russie sur ce territoire. Les analystes estiment toutefois que le Kremlin pourrait utiliser ce décret pour relancer des différends historiques, non seulement en Alaska, mais aussi dans d'anciens territoires russes.