L'Allemagne a revu son modèle de service militaire. À partir de 2026, tous les hommes âgés de plus de 18 ans devront se soumettre à des examens médicaux et remplir un questionnaire détaillant leur motivation et leur aptitude. Les femmes pourront remplir le questionnaire sur la base du volontariat.
L'accord conclu par le gouvernement allemand en vue d'introduire un modèle de service militaire volontaire a suscité un débat dans le pays sur le rôle des femmes dans les forces armées.
Dans le cadre du nouveau plan, adopté après des mois de débat, tous les hommes de 18 ans seront considérés comme éligibles au service, seront soumis à un enregistrement obligatoire et à des examens médicaux et devront remplir un questionnaire dans lequel ils pourront signaler leur intérêt pour un enrôlement complet.
Le projet repose sur la convocation d'un nombre suffisant de volontaires pour servir dans l'armée, mais s'il ne parvient pas à rassembler suffisamment de personnes, le gouvernement envisagera d'autres options, notamment un système de sélection aléatoire.
Bien que le projet soit en principe neutre sur le plan du genre, seuls les jeunes hommes seront tenus de remplir le questionnaire et d'assister aux examens médicaux obligatoires. Les femmes ont été invitées à s'inscrire, mais ne seront pas obligées de le faire.
Cette distinction a suscité une vague de débats et d'affirmations sur les réseaux sociaux, dont certaines ont brouillé la frontière entre la critique et la désinformation.
Pourquoi les femmes ne sont-elles pas obligées de servir dans les forces armées ?
Des messages en ligne laissent entendre que les femmes sont délibérément exclues des forces armées allemandes, d'autres que l'Allemagne force les femmes à s'engager dans l'armée, et d'autres encore considèrent comme un échec du féminisme le fait que le mouvement n'ait pas fait pression pour que les femmes soient obligées de s'engager dans l'armée.
Alors, pourquoi les femmes ne sont-elles pas obligées, comme les hommes, de s'enrôler dans les forces armées allemandes ?
En bref, c'est parce que la constitution allemande ne le permet pas - du moins pas encore.
L'article 12a de la loi fondamentale allemande stipule que les hommes peuvent "être astreints au service dans les forces armées, la garde fédérale des frontières ou une organisation de protection civile à partir de l'âge de dix-huit ans". Les femmes ne sont pas concernées par cette obligation.
Les femmes ne sont pas exclues de l'enrôlement - elles ne sont tout simplement pas légalement tenues de le faire.
Depuis 2001, les femmes sont autorisées à occuper des postes de combat dans l'armée, à la suite d'un arrêt de la Cour européenne de justice qui leur a permis d'accéder sans restriction aux carrières militaires. La Bundeswehr compte actuellement plus de 24 000 femmes soldats, soit environ 13 % de son personnel militaire.
Le chancelier allemand Friedrich Merz a indiqué qu'il était ouvert à une modification de la constitution pour permettre la conscription des femmes, mais sa démarche est politiquement délicate.
La modification de la constitution nécessiterait une majorité des deux tiers au Bundestag et donc des votes de l'extrême gauche et de l'extrême droite.
Le parti de gauche s'oppose depuis longtemps à la conscription obligatoire, femmes comprises, et si le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) y est favorable, on ne sait pas exactement combien de ses membres seraient prêts à l'étendre aux femmes aussi bien qu'aux hommes.
Comment l'Allemagne se compare-t-elle au reste de l'Europe ?
Alors que l'Allemagne a opté pour un modèle fondé sur le volontariat, plusieurs de ses voisins sont allés plus loin et ont introduit la conscription universelle, pour les hommes comme pour les femmes.
Un nombre croissant de pays européens ont introduit la conscription universelle ces dernières années, en particulier dans les pays nordiques.
La Norvège a introduit le service militaire obligatoire pour les femmes en 2015, devenant ainsi le premier pays de l'OTAN à le faire. La Suède lui a emboîté le pas en 2017, dans le cadre d'une initiative plus large visant à réintroduire la conscription, après l'avoir suspendue en 2010.
Plus récemment, le Danemark a mis à jour sa politique de conscription pour inclure les femmes, dans un système de type loterie qui entrera en vigueur en 2026.
Dans certains pays, la situation est un peu plus nuancée : aux Pays-Bas, la loi prévoit techniquement une conscription féminine, qui a été introduite en 2018, mais il s'agit surtout d'une mesure symbolique, car le service militaire obligatoire n'a pas été activement appliqué depuis 1997.
Dans l'ensemble, cependant, l'Allemagne n'est pas une exception en Europe. Dans les pays où le service militaire est obligatoire, l'enrôlement des femmes est volontaire pour la majorité d'entre elles.
En Autriche, à Chypre, en Estonie, en Finlande, en Grèce, en Lettonie, en Lituanie, en Suisse et en Ukraine, les femmes ne sont pas tenues de s'engager, contrairement aux hommes, mais elles peuvent le faire volontairement pour des rôles différents selon le pays.
Il en va de même au Belarus, en Russie et en Turquie, et la Croatie rejoindra ce groupe au début de l'année 2026.
Dans d'autres pays européens, ni les femmes ni les hommes ne sont obligés de servir dans l'armée, mais ils peuvent se porter volontaires à des titres divers.
Les femmes sont de plus en plus autorisées à occuper des postes de combat ou de première ligne en Europe, notamment en France, en Pologne, en Espagne et au Royaume-Uni.
Au Royaume-Uni, par exemple, tous les rôles dans les forces armées ont été ouverts aux femmes en décembre 2018. En Pologne, les femmes sont techniquement éligibles à tous les postes militaires depuis 1999.
En France, les femmes peuvent techniquement servir dans presque toutes les branches des forces armées, bien que l'intégration ait été progressive : les femmes n'ont été autorisées sur les sous-marins nucléaires qu'en 2017.