10ème anniversaire de la fin de l'ETA : chronologie de la vie et de la mort du groupe terroriste

Une femme passe devant un arrêt de bus sur lequel on peut lire en basque "ETA" à gauche et "Prisonniers basques, rentrez chez vous"
Une femme passe devant un arrêt de bus sur lequel on peut lire en basque "ETA" à gauche et "Prisonniers basques, rentrez chez vous" Tous droits réservés Alvaro Barrientos/AP2011
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Par Rédaction de langue espagnole
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C'était il y a dix ans : le 20 octobre 2011, le groupe terroriste ETA annonce sa dissolution. Il laisse derrière lui plus de 800 morts, 43 ans de lutte armée et plus de 3 500 attentats.

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Plus de 800 morts, 43 ans de lutte armée et plus 3 500 attentats : c'est le funèbre bilan du groupe terroriste basque ETA lorsqu'il annonce sa dissolution le 20 octobre 2011.

Ce mercredi marque le 10e anniversaire du communiqué paru dans les journaux basques Berria et Gara annonçant la fin de l'organisation.

Cette annonce a été faite par le gouvernement du socialiste José Luis Rodríguez Zapaterio, en soulignant le travail de tous les partis de la démocratie espagnole et en prononçant une phrase visant à garantir que le pays n'oubliera jamais les victimes de ces 43 années : "Ce sera une démocratie sans terrorisme, mais pas sans mémoire".

1959

Le groupe **ETA (**Euskadi Ta Askatasuna, soit "Pays Basque et Liberté") est fondé le 31 juillet 1959 en pleine dictature franquiste par un groupe d'étudiants nationalistes s'inspirant des mouvements de libération révolutionnaires. Organisation dissidente du Parti nationaliste basque, ses fondements reposent sur la défense de la langue basque, le rejet de l'Espagne vue comme une puissance colonisatrice et la défense des territoires qu'ils considéraient comme appartenant à l'Euskadi. Les premières actions de l'ETA se sont limitées à placer de petits engins explosifs et à peindre des slogans indépendantistes et révolutionnaires.

1961

Le groupe terroriste mène sa première action violente : une tentative, ratée, de faire dérailler un train transportant des volontaires franquistes partis célébrer le coup d'État de 1936.

1962

L'ETA organise sa première assemblée à Belloc dans les Pyrénées-Atlantiques, en France. Elle s'y définit comme une organisation clandestine révolutionnaire dont la lutte armée est un outil pour obtenir l'indépendance du Pays basque.

STAFF/AFP
Tentative d'assassinat du Premier ministre Luis Carrero Blanco, le 20 décembre 1973STAFF/AFP

1968

Le 7 juin, le garde civil José Pardines Arcay meurt à un barrage routier, abattu par Txabi Etxebarrieta, membre de l'ETA. Ce dernier est alors abattu à son tour alors qu'il s'enfuit.
Le 2 août, l'organisation terroriste riposte en assassinant Melitón Manzanas, chef de la brigade politico-sociale de Guipúzcoa, devant son domicile. Seize membres de l'ETA sont arrêtés et jugés dans cette affaire, six d'entre eux sont condamnés à la peine de mort. Sous la pression internationale, Franco commue la peine en une peine d'emprisonnement plus longue. Pendant le procès, ils affichent leurs opinions marxistes.

1973

L'ETA assassine le Premier ministre de Franco, Luis Carrero Blanco, lors d'une opération bien planifiée au cours de laquelle la voiture du Premier ministre est soufflée par-dessus le toit d'un immeuble. Un an plus tard, l'organisation terroriste tue douze personnes et en blesse 80 autres dans une explosion à la cafétéria Rolando à Madrid. L'attentat provoque une scission au sein de l'organisation entre l'ETA militaire et l'ETA politico-militaire. Les premiers s'engagent dans la révolution populaire, les seconds dans une violence sélective.

1980

L'année la plus sanglante du groupe terroriste. Au cours de cette année, près de 100 personnes sont tuées dans des attaques de l'ETA, malgré le retour du pays à la démocratie cinq ans plus tôt.

Sergio Perez/ Reuters Connect
Attentat à la bombe à Puente de Vallecas le 11 décembre 1995. Six personnes sont tuées et 17 autres blessées, juste avant un sommet des dirigeants européensSergio Perez/ Reuters Connect

1983

Début, en décembre, des opérations des commandos para-militaires des Groupes antiterroristes de libération (GAL) créé clandestinement par Madrid. Cette organisation a aussi opéré sur le territoire français. De 1983 à 1978, 28 militants basques ont été assassinés dans le cadre de cette "guerre sale" contre le terrorisme.

1987

Le 18 juin, l'ETA pose une voiture piégée dans le parking d'un centre commercial Hipercor à Barcelone. 21 personnes sont tuées et 45 autres blessées. Quelques mois plus tard, le 11 décembre, 250 kilos d'explosifs sont déclenchés devant la caserne de la Guardia Civil à Saragosse, faisant 11 morts et 40 blessés.

1993

Les socialistes remportent les élections, mais avec moins de soutien et entourés du scandale du rôle présumé du gouvernement dans l'affaire des GAL.

Dominique Faget/AFP
Enterrement du conseiller municipal d'Ermua, Miguel Ángel Blanco, le 14 juillet 1997Dominique Faget/AFP

1997

L'Espagne est à nouveau choquée par l'enlèvement et le meurtre du conseiller municipal d'Ermua, Miguel Angel Blanco. Le groupe terroriste avait exigé le transfert des prisonniers de l'ETA au Pays basque. Le gouvernement conservateur du Parti populaire de José María Aznar refuse de céder et les terroristes abattent M. Blanco de sang-froid le 12 juillet, deux jours seulement après son enlèvement. Le conseiller municipal n'est pas mort des deux balles qui lui ont été tirées à la tête. Il a été retrouvé vivant et emmené à l'hôpital où il meurt de ses blessures le lendemain. Sa mort, le 13 juillet, entraîne des manifestations sans précédent de millions de personnes dans toute l'Espagne contre l'ETA.

2000

L'ancien ministre socialiste de la santé Ernest Lluch, déjà retiré de la vie politique à l'époque, est assassiné à Barcelone à l'âge de 63 ans.

2006

L'ETA déclare un cessez-le-feu permanent deux ans après l'appel du gouvernement socialiste de José Luís Rodríguez Zapatero à cesser la violence. Le groupe terroriste rompt ce cessez-le-feu le 30 décembre avec un attentat au Terminal 4 de l'aéroport de Madrid-Barajas. Deux personnes sont tuées alors qu'elles dormaient dans une voiture garée sur le parking où la bombe a explosé.

Bernat Armangue / AP
Des pompiers sur les lieux de l'attentat de l'ETA au nouveau terminal 4 de l'aéroport de Madrid, le 30 décembre 2006Bernat Armangue / AP

2008

Le Premier ministre de l'époque, le socialiste José Luis Rodríguez Zapatero, exclut toute possibilité de conclure un accord de paix avec le groupe terroriste. Le 17 novembre de la même année, le chef militaire présumé de l'ETA, Garikoitz Aspiazu Rubina, dit "Txeroki", est arrêté dans les Pyrénées françaises, près de la frontière espagnole. Le 8 décembre, la police française arrête également le successeur présumé de Txeroki. 

2009

L'ETA commettra sept assassinats jusqu'à l'été 2009. Le 9 août est marqué par les derniers attentats sur le sol espagnol de l'organisation clandestine.

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2010

En mars, la dernière victime de l'ETA, un policier français, est tué lors d'une course-poursuite en région parisienne.

2011

En janvier de cette année, le quotidien espagnol Gara publie : "L'ETA a décidé de déclarer un cessez-le-feu permanent et général, qui pourra être vérifié par la communauté internationale". Le ministre de l'Intérieur espagnol de l'époque, Alfredo Pérez Rubalcaba, déclare alors que l'ETA doit renoncer définitivement à la violence et mettre un terme définitif et irréversible à ses activités.

Le 20 octobre 2011, l'ETA annonce sa dissolution, bien que la fin totale du groupe et de toutes ses structures ait été prolongée de quelques années supplémentaires.

AP2011
Capture de la vidéo diffusée par la BBC le 20 octobre 2011 annonçant la fin de l'ETAAP2011

2017

Le 8 avril 2017, l'organisation basque annonce son "désarmement total" et remet à la justice française la liste de ses caches, geste salué par Paris mais insuffisant pour Madrid. Quelques semaines plus tard, elle annonce avoir lancé un débat interne sur son avenir.

2018

Le 3 mai, l'ETA annonce dans une "déclaration finale" sa dissolution avec le démantèlement de "l'ensemble de ses structures" et la "fin de toute activité politique". Le groupe terroriste présente aussi ses excuses aux victimes qui n'avaient pas de relation directe avec le conflit, déclare regretter les dommages causés et reconnaît sa "responsabilité directe" dans des "souffrances excessives". 343 des personnes tuées par l'ETA étaient des civils.

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L'ETA a failli se dissoudre quelques jours avant le 20 octobre 2011, lorsqu'un groupe de personnalités internationales réunies en conférence au palais d'Aiete à San Sebastián a appelé l'organisation à déposer les armes. Parmi eux figuraient, entre autres, l'ancien secrétaire général des Nations unies Kofi Annan et le leader du Sinn Fein Gerry Adams.

Reuters
Médiateurs à la conférence internationale pour mettre fin à la violence : Jonathan Powell, Pierre Joxe, Kofi Annan, Gro Harlem Brutland, Bertie Ahern et Gerry AdamsReuters

Des représentants de tous les partis, à l'exception du PP, assistent à la réunion. Pour beaucoup, la fin du groupe terroriste n'était pas tant une décision convenue entre les deux parties, mais la seule issue pour l'ETA, fortement mise à mal par les opérations policières des années précédentes et dont près de 700 membres sont dans les prisons espagnoles.

Commémorations du 10e anniversaire du cessez-le-feu

Ce lundi 18 octobre, Arnaldo Otegui, qui fut un temps le dirigeant de Batasuna (branche politique de l'ETA) et l'un des protagonistes du dialogue entre le gouvernement et l'ETA, a présenté ses excuses à toutes les victimes, mentionnant plus spécialement celles parmi les rangs du groupe terroriste.

Les propos d'Otegui n'ont pas été bien accueillis. La réponse du Parti populaire (PP) conservateur ne s'est pas fait attendre et, en quelques heures, il a accusé le Parti socialiste de blanchir un parti (EH Bildu) qui, selon lui, ne condamne pas le terrorisme.

Le socialiste Jesús Eguiguren, l'une des figures clés des négociations avec l'ETA, considère toutefois comme positif la fin du conflit terroriste dans une interview au quotidien Naiz : "Quand ils ont cessé de tirer, ça a été la paix ; c'est ça la paix, ce n'est rien d'autre, la paix qui se fait immédiatement. Et ce qu'ils ont appelé la réconciliation est également arrivée plus tôt que prévu".

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Mardi, à Guernika, l'ancien Premier ministre José Luis Rodríguez Zapatero a rencontré d'éminents dirigeants socialistes basques : Jesús Eguiguren, qui a participé aux négociations de paix, l'ancien Premier ministre basque Patxi López, Begoña Gil et Rodolfo Ares, pour célébrer le dixième anniversaire du cessez-le-feu permanent.

Le camp conservateur accuse les socialistes de vouloir s'approprier la fin de l'ETA.

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