Pourquoi choisir le train plutôt que l’avion ? Pour un voyage plus agréable, flexible et écologique. Récit d'un voyage en famille en Interrail jusqu'à la Solvénie.
"Pourquoi ne pouvons-nous pas simplement prendre l'avion ?" m'a demandé le plus jeune de mes enfants alors que nous attendions notre train pour Paris sur le quai, à Londres.
"Le train, c'est plus amusant ! lui ai-je alors répondu en argumentant :"Pas d'attente à l'aéroport, plus d'espace pour se mouvoir et la possibilité de changer de plan en cours de route ! "
Pour la première fois, mon mari, mes deux enfants - âgés de 8 et 11 ans - et moi-même allions partir en voyage en Interrail.
N'ayant encore jamais visiter la Slovénie, nous avons choisi d'y passer la majeure partie de nos vacances.
Ce pays étant l'un des pays les plus verts du monde, il nous est apparu comme évident de privilégier le train pour y effectuer un séjour totalement en phase avec la nature et les enjeux environnementaux.
Renaissance du train
Il semble que nous ne soyons pas les seuls à avoir tenté l'aventure. Le voyage en train connait un véritable renaissance. De plus en plus de personnes choisissent ce mode de transport pour leurs déplacements et alors que le réseau de ligne à grande vitesse de l'Union européenne a presque doublé en dix ans, les trains de nuit ont eux aussi repris du service.**
L'une des premières motivations avancées est la volonté de limiter son impact environnemental. Voyager en train plutôt qu'en avion permet de réduire jusqu'à 90 % ses émissions individuelles de carbone ; notre choix a donc été vite fait.
Au-delà de l'aspect écologique, ce mode de transport est aussi considéré par de nombreux passagers comme bien plus agréable. Alors que les aéroports évoquent des files d'attente interminables, des contrôles stricts et des trajets souvent longs et inconfortables, voyager en train offre une expérience plus détendue : on est mieux installé, et l'on peut profiter du trajet pour admirer les paysages.
Organiser son voyage en train : un défi à relever
Réserver un voyage en train peut cependant s'avérer bien plus complexe que d'acheter un billet d'avion.
Outre la multitude de pays et d'itinéraires possibles, il faut jongler avec différents opérateurs ferroviaires, identifier les trajets nécessitant une réservation de siège, repérer ceux encore accessibles sans supplément, et veiller à ce que l'itinéraire reste adapté au rythme des enfants.
Les réservations de sièges ouvrent généralement jusqu'à trois mois à l'avance : mieux vaut donc s'y prendre tôt pour avoir une chance d'être assis ensemble.
Lors de la planification de l'itinéraire, il est aussi recommandé d'espacer les longs trajets afin d'éviter que les enfants ne se sentent dépassés par le rythme du voyage.
Les sites d’Interrail et Seat61 se sont révélés être de précieuses ressources pour nous aider à planifier notre aventure. Nous avons ainsi construit un itinéraire passant par la France, l'Allemagne, la Croatie et l'Autriche.
Pour ceux que l'organisation rebute, le service Byway, spécialisé dans les voyages sans avion, constitue une excellente alternative : il propose des séjours sur mesure, sans stress.
Afin de simplifier l'ensemble du processus, l'Union européenne œuvre à la mise en place d'un système de réservation paneuropéen unifié.
Parallèlement, des projets sont en cours pour améliorer le réseau de transport ferroviaire à l’échelle européenne.
Voyager en train : un choix économique pour les familles
Au-delà de ces aspects écologiques et pratiques, le voyage en train reste également très avantageux sur le plan financier.
Interrail propose en effet des tarifs particulièrement attractifs pour les familles : les prix des pass sont fixes toute l'année, et les enfants de moins de 12 ans voyagent gratuitement lorsqu'ils sont accompagnés d'un adulte.
Le train : un luxe comparé aux vols de nuit en classe économique
Vivant au Royaume-Uni, nous avons amorcé notre aventure par un trajet court en Eurostar de Londres à Paris.
Après une première nuit dans un confortable appartement de la capitale française, suivie de délicieux croissants au petit-déjeuner, nous avons pris le métro pour nous rendre au parc de la Villette, au nord-est de la ville.
Nous avons ensuite longé le canal Saint-Martin jusqu'à la gare de l'Est pour poursuivre notre voyage, d'abord vers Stuttgart, puis jusqu'à Zagreb, la capitale de la Croatie.
Mes enfants ont adoré s’installer sur le pont supérieur du train allemand, le plus grand du monde.
"Il roule à 200 km/h !" s’est exclamé mon aîné, avant de croquer dans un bretzel géant.
Voyager de nuit en train est aussi une expérience unique. Notre couchette privée comportait six petites couchettes et une porte verrouillable. Une bouteille d’eau et un croissant pour chacun d’entre nous nous ont été offerts. Certains des trains-couchettes les plus récents proposent même des douches et un service d'étage à bord.
Téléphériques et musées loufoques à Zagreb
Au réveil, nous avons pu admirer les paysages enneigés de l’Autriche, avant de longer des rivières glacées en direction de Zagreb.
À notre arrivée, nous avons été accueillis par une explosion — au sens propre — avec le tir quotidien du canon Gric, depuis la tour Lotrščak, une tradition datant de 1877.
À Zagreb, nous avons admiré de grands immeubles austro-hongrois, des bâtiments d'architecture brutaliste, un joli jardin botanique jouxtant des murs couverts de graffitis, et des marches abîmées, rafistolées avec des carreaux de mosaïque colorés.
La ville compte près de 50 musées. Nous avons opté pour la maison Ha Ha, un musée aux miroirs déformants et pièces retournées à l’envers, parfait pour les enfants.
Sur les conseils de notre ami Ivo, nous avons également pris le téléphérique pour rejoindre les hauteurs du mont Medvidnica, au nord de la ville, et avons exploré ses sentiers.
"Lundi, les gens vous demanderont si vous avez réussi à monter dans les collines. Si c’est le cas, c’est que vous avez passé un bon week-end, car en haut du Mont Medvidnica, on trouve la bonne humeur", nous avait-il dit.
La bonne humeur nous a accompagné tout au long de notre voyage.
Après avoir embarqué dans un nouveau train pour la Slovénie, nous nous sommes laissés bercer par le cliquetis rythmique des vieux wagons. Nous avons admiré les paysages, Zagreb cédant peu à peu place à des collines boisées, des rivières turquoise, et des groupes de maisons perchées sur les collines.
"Regardez ! Une montagne ! Avec de la neige !" s’est exclamé mon plus jeune, alors que nous pénétrions en Slovénie.
Nous avons également joué à des batailles de Uno, lu, et profité de quelques divertissements sur écran.
Châteaux de contes de fées et ski sans foule en Slovénie
Arrivés à Ljubljana, la capitale de la Slovénie, nous avons été enchantés par son centre piéton, ses rues pavées, ses rives bordées de cafés et ses arbres en fleurs.
Nous nous sommes dégourdis les jambes dans le magnifique parc Tivoli, avant de grimper jusqu’à la tour d’observation du château médiéval pour admirer la rivière sinueuse Ljubljanica et la ville aux toits rouges.
À Bled, nous nous sommes promenés à vélo autour du lac, le plus célèbre de Slovénie, et avons admiré son château perché au sommet d'une falaise ainsi que son église gothique du XVe siècle. Mais c'est Bohinj qui nous a le plus séduits.
Pour rejoindre ce lieu calme et sauvage au milieu des montagnes, il nous a fallu faire quelques efforts, car la ville ne dispose pas de gare. Nous y sommes arrivés en canoë, sur le lac Bohinj, dont l’eau est aussi claire que du verre.
Nous avons terminé cette journée par un délicieux chocolat chaud et un gâteau de Bled, une pâtisserie locale riche en crème et en calories, dont le goût est aussi délicieux que l’apparence.
À Vogel, à 1535 mètres au-dessus du lac, nous avons profité de la fin de la saison de ski. Mon mari a savouré des pistes désertes, tandis que mes enfants et moi-même avons pris une leçon de ski, dévalant une piste bleue.
Puis, hélas, il a fallu penser au retour. Après un bref arrêt à Salzbourg, où nous avons visité la maison natale de Mozart et le fascinant musée du jouet, nous avons regagné le Royaume-Uni via Stuttgart.
En cassant un autre morceau de chocolat autrichien, le plus jeune de mes enfants s'est exclamé : "Finalement, je suis content que nous n’ayons pas pris l’avion."