Hélène Langevin-Joliot : "Les gens mesurent difficilement à combien de choses utiles les produits chimiques servent"

Hélène Langevin-Joliot : "Les gens mesurent difficilement à combien de choses utiles les produits chimiques servent"
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Par Euronews
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Je vais profiter ici de dire, puisque je ne peux pas être à Helsinki, et je le regrette beaucoup, que je suis très touchée que l’on ait pensé à donner le nom de Marie Curie à ce nouveau centre de conférence, d’échange, que construit la nouvelle agence qui n’est pas si vieille que cela non plus: l’agence Européenne pour les produits chimiques.

Marie disait “J’ai consacré beaucoup de temps à la science parce que j’aimais la science, parce que j’aimais la recherche”, c’est le plus important.
Je reviens un petit peu sur cette idée de dédier sa vie à la science, oui, dédier sa vie au plaisir de vivre dans un laboratoire, d’y trouver le plaisir de chercher quelque chose que l’on ne connaît pas, de trouver son chemin au milieu d’une série d’obstacles, etc. Voyez, dédier sa vie à la science… Elle a su choisir, par exemple, pendant la guerre de 1914-1918, elle laisse de côté ses recherches entièrement. La chose qui lui paraît importante, c’est de sortir du laboratoire pour s’occuper de trouver le moyen de multiplier la possibilité de diagnostic aux rayons X pour les blessés de la guerre. Pendant 4 ans, la radioactivité, elle attendra, je crois que cela fait partir de sa manière d’être.

Marie a été à la fois physicienne et chimiste, mais dans son rôle de chimiste, elle a été emmenée à s’occuper et à s’intéresser très fortement aux applications du radium, pas seulement à sa découverte, à ce qui se passait dans le laboratoire, elle voulait regarder les applications. Qui dit regarder les applications, c’est d’un coté se réjouir que l’on ait trouvé des applications notamment pour le traitement des tumeurs, chose qui a été très importante dans les années 20, 40, et un peu au delà, mais aussi commencer – elle a eu beaucoup de mal pour cela, parce que cela n’était pas facile à l’époque – à prendre en compte les aspects qui pouvaient être dangereux dans l’utilisation du radium. Alors, sans vouloir faire d’extrapolations, si l’on pense à l’ensemble des produits chimiques, les gens mesurent difficilement à combien de choses utiles cela sert. Cela sert à un nombre de choses absolument incommensurables. C‘était une responsabilité pour les scientifiques d’aller plus loin que par le passé dans la manière de gérer les produits chimiques pour assurer la santé, le bien être des gens, pour être sûrs qu’il n’y avait pas d’effets secondaires négatifs dans l’utilisation de tel et tel produit.

Et si je comprends bien, l’Agence justement Européenne est chargée de mettre en œuvre, d’appliquer, de travailler, avec les industriels, entre autres, sur la nouvelle règlementation qui a été introduite pour, réellement, à la fois centraliser toutes les informations que les industries et les laboratoires peuvent avoir acquis sur tous les produits chimiques que nous utilisons depuis 100 ans ou même 200 ans, et parfois on ne sait pas où sont les informations donc, contrôler tout cela, et contrôler tous les nouveaux produits qui arrivent tous les jours, car l’industrie chimique est très productive de nouveaux produits qui sont bien nécessaires pour prendre la place de quelques uns d’entre eux que l’on soupçonne de pouvoir avoir des effets négatifs.

Mais en même temps, que l’on prenne toutes les mesures de contrôle et de sécurité nouvelles, c’est un grand travail. Cela nécessite une grande transparence, mot à la mode, mais mot qui signifie qu’au siècle ou nous vivons, très normalement, les citoyens ont à la fois le droit et le devoir de chercher à s’informer, et je suis convaincue qu’un centre comme cela, y compris comme centre de conférences et d’échanges doit aussi contribuer non seulement à l’échange entre scientifiques mais à l’ouverture plus largement vers les citoyens.

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