Maria Grazia Cucinotta : "les Italiens ne savent pas se promouvoir"

Maria Grazia Cucinotta : "les Italiens ne savent pas se promouvoir"
Par Euronews
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Maria Grazia Cucinotta est une actrice italienne mondialement connue depuis son rôle dans “Le facteur”, un film de Michael Radford sorti en 1994, dont le succès a été retentissant dans les pays anglo-saxons.

Après “Le facteur”, on la retrouve dans des séries américaines et surtout en James Bond girl dans “le monde ne suffit pas”.

Née en Sicile, Maria Grazia Cucinotta, 44 ans, vit depuis huit ans à Los Angeles où elle est actrice, réalisatrice et productrice.
C’est à Rome qu’elle nous a livré le regard qu’elle porte sur son pays à l’approche des législatives.

Eri Garuti, euronews :

Maria Grazia Cucinotta, vous avez souvent incarné la beauté italienne à travers le monde. Quand avez-vous pris conscience de cette responsabilité d’ambassadrice de l’Italie ?

Maria Grazia Cucinotta :

La première fois que j’ai pris conscience de cette responsabilité, c’est quand j’ai participé à la nuit des Oscars pour le film “Le facteur”. Je me suis sentie pour la première fois non seulement fière, mais aussi heureuse d‘être italienne, parce que j’ai réalisé que le monde aimait l’Italie, les femmes italiennes, tout ce qui représente le “Made in Italy” : la culture, la poésie… Tout cela, pour les Américains notamment, est véhiculé par mon image.

Eri Garuti, euronews :

Mais y-a-t-il quelque chose qui vous dérange dans l’Italie d’aujourd’hui ?

Maria Grazia Cucinotta :

Ce qui me gêne c’est que les Italiens ne savent pas se promouvoir, donc quand je suis à l‘étranger j’entends des commentaires négatifs sur mon pays. Ces 15-16 dernières années, les journaux n’ont parlé de l’Italie qu’en mal. Pour atteindre un homme, Berlusconi bien sûr, ils ont ciblé un pays tout entier. Et les Italiens ne sont pas tous responsables, au contraire. Il y a ceux qui se lèvent tôt le matin pour travailler dûr, qui font des sacrifices pour faire avancer l’image de l’Italie et du “Made in Italy”.

Eri Garuti, euronews :

Parlons des différences entre l’Italie et les Etats- Unis en termes d’organisation du travail et de la production. Vous vivez là-bas depuis 8 ans et y avez produit des films…

Maria Grazia Cucinotta :

C’est tout a fait différent. Ceux qui arrivent au sommet sont vraiment ceux qui le méritent. C’est très beau, c’est ce dont tout le monde rêve : être recompensé pour ce que l’on vaut, pour ce que l’on fait. Si cela n’arrive pas, on est bien sûr déçu. L’Italie, donc, devrait devenir un pays beaucoup plus méritocratique et apprendre à travailler en équipe.

Eri Garuti, euronews :

Un clin d’oeil à présent à votre passé. Vous avez été mannequin, pensez-vous que la mode puisse permettre de redorer l’image de l’Italie et relancer son économie ?

Maria Grazia Cucinotta :

La mode est l’atout absolu. Nous sommes connus dans le monde pour la mode et le “Made in Italy”

Eri Garuti, euronews :

Et le cinéma? Quel rôle pourrait-il jouer ?

Maria Grazia Cucinotta :

Le cinéma a eu un rôle important dans le passé. Les maîtres italiens ont été des références pour tout le septième art. Malheureusement nous ne sommes pas bien distribués. Autrefois, nos films étaient projetés dans le monde entier et faisaient connaître nos stars. Aujourd’hui, cela n’arrive que rarement. Moi, j’ai eu de la chance, car mon film, “Le facteur”, a été à l’affiche dans le monde entier et il m’a rendu célèbre, mais la plupart de nos films, même s’ils sont beaux, sont mal distribués à l‘étranger. C’est non seulement dommage pour les acteurs, mais aussi pour la culture italienne.
Quand un film circule, il fait aussi la promotion d’un territoire, il attire du monde, il aide le tourisme, il fait mieux connaître et apprécier la culture italienne.

Eri Garuti, euronews :

Vous êtes mariée, vous avez une fille, et on sait que, pour vous, la famille est très importante. Est -ce que pour vous la famille, c’est uniquement la famille traditionnelle ou êtes vous pour le mariage gay et l’adoption par les couples homosexuels?

Maria Grazia Cucinotta :

Depuis 12-15 ans, je suis la marraine de tous les mouvements contre l’homophobie. Je crois que, quand il s’agit d’amour vrai, la liberté de choisir doit être accordée à tout être humain.
Je soutiens donc les couples gay, qui s’aiment et veulent adopter un enfant pour lui donner de l’amour.

Eri Garuti, euronews :

A votre avis, sur le plan des droit civils et de la lutte anti-discrimination, où en est l’Italie ? A-t-elle des progrès à faire ?

Maria Grazia Cucinotta :

Il reste toujours des choses à faire, bien évidemment. Les préjugés l’emportent souvent sur l’intelligence. Il faut donc faire disparaître cette confusion de la tête des gens et leur faire comprendre que chacun a le droit de vivre comme il veut, tant qu’il ne fait pas de mal aux autres. Lorsque deux adultes décident de vivre ensemble, ils doivent avoir le droit de le faire et de s’aimer.

Eri Garuti, euronews :

En 2005 vous avez produit le film “The invisible children” qui raconte l’histoire de sept enfants qui subissent des injustices et des violences en différents endroits du monde. Pensez-vous qu’en défendant les droits des enfants, on défend aussi notre futur ?

Maria Grazia Cucinotta :

Defendre les droits de l’enfant, pour moi, c’est fondamental dans la vie et cela devrait aller de soi pour tous, car l’enfance est une des plus belles période de la vie. L’enfant ne devrait pas avoir à endurer des problèmes, il devrait sourire, rêver et construire les fondations de sa propre vie. On doit le protéger non seulement parce qu’il représente le futur, mais aussi parce qu’il est un être vivant en train de construire les fondations de sa vie. Et si ces fondations ont des fissures, l’adulte qui se construira dessus aura toujours des problèmes.

Eri Garuti, euronews :

En conclusion, dites-nous quel est votre voeux le plus cher pour l’avenir?

Maria Grazia Cucinotta :

Pour l’avenir, je voudrais une baguette magique pour pouvoir changer tout ce qui ne va pas dans ce monde. Et si on est tous unis, cette baguette magique pourrait bien devenir réalité.

Eri Garuti, euronews :

En êtes-vous persuadée…?

Maria Grazia Cucinotta :

J’en suis persuadée, oui. Surtout quand je regarde derrière moi. Lorsque je rentre en Sicile chez ma mère, où j’ai grandi, car ma mère y vit toujours, quand je regarde par la fênetre et que je vois d’où je viens et où je suis arrivée, je me sens la personne la plus heureuse du monde.
Et je ne l’oublie jamais. Chaque jour de ma vie, quand je me reveille, je regarde autour de moi et je me dis: je n’ai pas rêvé…

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