John F. Kennedy : la théorie de la "poisse" à Dallas

John F. Kennedy : la théorie de la "poisse" à Dallas
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Par Joël Chatreau
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John Fitzgerald Kennedy avait largement assez d’ennemis pour se faire assassiner un jour. Ce jour fut le 22 novembre 1963. 50 ans après la mort du 35ème président des Etats-Unis, un sondage indique que70% des Américains ne sont toujours pas convaincus par les conclusions de la commission d’enquête Warren. La thèse de cette dernière est la plus simple possible, un seul tireur, trois coups de feu, Lee Harvey Oswald était coupable. Enterré le même jour que JFK, le 25 novembre, le suspect n’a jamais pu contredire la commission.

Vous avez lu ou vous lirez toutes les théories de complot possibles, y compris les plus farfelues. Les nombreuses tentatives de l’administration Kennedy pour éliminer Fidel Castro ne pouvaient qu’entraîner une haine farouche du régime cubain. Dans le camp adverse des anti-castristes, après l’opération catastrophique de la “Baie des Cochons” pour envahir Cuba, on avait aussi toutes les raisons de détester le président. JFK et la CIA se renvoyaient l‘échec de cette opération, et cela avait amplifié la méfiance entre eux. Et puis la mafia, que John F. Kennedy avait promis d’abattre, avait tout intérêt à le supprimer, l’extrême droite américaine et les nostalgiques du Ku Klux Klan voyaient en lui le pire danger pour leurs “valeurs” puisqu’il luttait activement contre la ségrégation, etc, etc.

Mon propos n’est pas de revenir sur l’une ou l’autre de ces théories, ni de décortiquer l’enquête que beaucoup ont jugé bâclée ou de raconter par le menu l’une des journées les plus tristes de l’histoire des Etats-Unis. Je souhaite plus modestement mettre l’accent sur toute une série de petits faits qui, à postériori, s’accumulaient comme des nuages sombres dans le ciel du Texas. Peut-on les appeler des mauvais présages, font-ils partie de la fameuse malédiction qui poursuivrait, paraît-il, la famille Kennedy, appartiennent-ils au destin ou seulement au hasard ? A vous de vous faire une idée…

"L'univers impitoyable" de Dallas

Le sénateur texan Lyndon Baines Johnson, battu par John F. Kennedy aux élections primaires du Parti démocrate en 1960, est devenu son vice-président. Trois ans après l‘élection de JFK, le Texas lui reste hostile mais il en a besoin pour récolter des fonds en vue de la prochaine présidentielle. Lyndon B. Johnson est au contraire populaire chez lui comme dans d’autres Etats du sud où le racisme contre les noirs reste dans les gènes. Alors, les deux hommes iront ensemble à Dallas pour débuter la pré-campagne présidentielle. Ce sera le 22 novembre.

JFK vient de passer des mois difficiles, tout comme son épouse. Début août, ils ont perdu leur petit Patrick, bébé prématuré qui n’a pas survécu. Jackie est très déprimée, tellement déprimée que son mari accepte qu’elle parte en croisière sur le yacht d’un ami de sa soeur, Aristote Onassis. A son retour, elle va mieux et elle accepte même d’accompagner John au Texas. Jackie connaît la rage de cet Etat contre son époux, et elle demande un jour au policier du Secret Service qui est chargé de sa protection “Pensez-vous que c’est raisonnable ?”

Le président américain lui-même pense que non. Au matin du 22 novembre en arrivant à Dallas, il dit à Jackie “Nous voici au pays des dingues !” Les “dingues” font savoir ouvertement ce qu’ils pensent dans le Dallas Morning News; sur une page encadrée de noir qui imite un faire-part de décès, on peut lire “Bienvenue à Dallas, M.Kennedy !”. La veille, des tracts ont circulé dans la ville; ils montrent JFK de face et de profil, avec dessous l’inscription “Recherché pour trahison”. Pourtant, contre toute attente, la foule est au rendez-vous dans le centre-ville et elle est en liesse.

Des signes de mauvais augure

Il a plu toute la matinée mais à la mi-journée, le soleil est apparu. Il a donc été décidé de ne pas couvrir la limousine décapotable dans laquelle s’installent le président et son épouse à l’arrière, le gouverneur du Texas John Bowden Connally et sa femme à l’avant. Cette dernière dira à JFK pendant le trajet “Vous ne pourrez pas dire que les gens ne vous aiment pas au Texas !” A la sortie du centre-ville de Dallas, sur Dealey Plaza, le parcours initial devait aller tout droit, passant de Houston Street à Main Street, mais il a été changé trois jours avant. Le virage fatal sur Elm Street longeant le Texas School Book Depositery, l’entrepôt de livres scolaires d’où aurait tiré Lee Harvey Oswald, aurait été évité.

A 12H30 précises retentit un premier coup de feu. Selon la version officielle, le tir aurait raté la voiture présidentielle. A la deuxième détonation, Clint Hill, l’un des policiers du Secret Service qui suivent la Lincoln Continental à bord d’une Cadillac également décapotable, voit le président américain se tenir la gorge. A quatre reprises, le garde du corps personnel de la Première dame est monté sur le marchepied arrière de la limousine présidentielle parce que la foule était trop dense mais à ce moment-là, il n’y est pas. De plus, le chauffeur de la limousine ralentit, faisant chuter la vitesse à 10 Km/h alors qu’intervient un troisième tir. Clint Hill est le seul agent à bondir sur le coffre arrière de la Lincoln Continental, il voit au plus près le crâne de JFK exploser.

A 13H, le 22 novembre 1963, la mort de John Fitzgerald Kennedy est annoncée depuis l’hôpital Parkland de Dallas. Le 35ème président des Etats-Unis repose au cimetière d’Arlington près de Washington. Il demeure le seul chef d’Etat qu’a “perdu” le Secret Service depuis sa création il y a 111 ans.

Le 6 décembre 1963, Jacqueline Kennedy quitte la Maison Blanche définitivement et va s’installer à New York. En 1968, elle refait sa vie avec Aristote Onassis. Décédée des suites d’un cancer le 19 mai 1994, elle sera toutefois enterrée aux côtés de son premier époux.

Clint Hill est resté son garde du corps jusqu’en novembre 1964. Puis, toujours au sein du Secret Service, il a assuré la protection des présidents Johnson et Nixon. Après une période de dépression, il a été mis à la retraite à 43 ans. Il a actuellement 81 ans.

Le décor n’a presque pas changé sur Dealey Plaza. Le dépôt de livres scolaires du Texas a été transformé en musée. Dallas fait beaucoup d’efforts pour qu’on oublie son surnom de “ville de la haine”.

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