Drogues nootropiques : le phénomène étudiant à double tranchant

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Par Euronews
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Révisions, stress, manque de sommeil… Quel étudiant n’a jamais souhaité se donner un petit coup de fouet en période d’examens ? Pendant que certains s’accrochent, d’autres décident de se booster à coup de médicaments, drogues ou autres substances. Mais le prix de la réussite est parfois lourd à payer.

Appelés ‘nootropes’ ou ‘smart drugs’, littéralement ‘médicaments intelligents’, ils sont dans tous les campus. Que ce soit sous forme de cachets ou autre, il s’agit souvent de médicaments détournés de leur indication initiale (maladie d’Alzheimer, lutte contre l’obésité, anémie cellulaire, attaques…). Ils sont récupérés par les étudiants comme stimulants intellectuels et repousseurs de fatigue.

Alors qu’on ne connaît pas encore les effets à long terme de ces médicaments, une étude récente a permis d’établir que plus de 10% des étudiants suisses ont déjà pris des nootropes pour tenter améliorer leurs performances scolaires. Elle a été menée auprès de 6 725 étudiants dont l‘âge moyen était de 23 ans.

Selon La Presse canadienne, les produits les plus utilisés sont l’alcool (5,6%), la Ritaline (4,2%), des sédatifs (2,7%), du cannabis (2,5%), des bétabloquants (1,2%), des amphétamines (0,4%) et de la cocaïne (0,2%). Moins de 2% des étudiants consomment ces produits quotidiennement. Substances caféinées, vitamines, sédatifs à base d’herbes : les étudiants sont aussi nombreux à se tourner vers des produits plus doux.

Etudiants boostés mais malades et accros

« J’ai commencé à prendre de l’Adderall chaque matin, juste pour me réveiller, et me donner assez d‘énergie pour survivre toute la journée », a confié un étudiant dans une interview au New York Times. « Lors de ces longues journées brumeuses où j’ai oublié de le prendre, mon esprit était en mode sommeil ; je somnolais en classe et ma pensée était à la dérive. Je proposais ces comprimés à des amis mais je les avertissais toujours des effets secondaires : la dépendance, les troubles de la mémoire et les sautes d’humeur sévères qu’ils m’ont souvent rapportés. Je savais (et je sais encore) que ces médicaments font plus de mal que de bien, que mes humeurs peuvent changer en un rien de temps et que ma mémoire est de pire en pire ; mais obtenir des notes meilleures que les autres, sans effort, sur un test, semble en valoir la peine. L’Adderall n’est pas resté un dopant universitaire pour moi, c’est devenu un mode de vie. C’est ma tasse de café du matin, et personne ne m’avait prévenu des effets insidieux ».

Dommages au foie et aux reins, augmentation de la tension artérielle, tachycardie, hallucinations, pertes de fonctions cognitives, tremblements, addiction… Selon leur composition, les nootropes provoquent des effets secondaires parfois graves. Surtout lorsque les utilisateurs gèrent eux-mêmes leur prise.

« J’ai consommé de la Ritaline pendant quatre ans », confie Amélie sur un blog, une citation reprise par le Figaro étudiant ensuite. « Ce n’était pas l’euphorie mais je me sentais plus efficace, je savais mieux quoi faire et comment. Mais à quel prix. Cela m’a détruit le système digestif et m’a rendue dépressive. » Selon des associations de familles américaines, en dix ans, la Ritaline aurait tué 186 personnes.

Beaucoup d‘étudiants passent majoritairement par le web pour se fournir. Rien d’étonnant lorsqu’on sait que le générique du Modafinil, qui maintient l’éveil, se vend en moyenne 100 dollars (environ 73€) les 100 cachets sur la toile. L’addiction pour les étudiants est donc à portée de main et de bourse.

Photo par cc Quinn Dombrowski

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