Islam : une réforme nécessaire en France après les attentats

Islam : une réforme nécessaire en France après les attentats
Par Joël Chatreau
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Une réforme de l’islam devenait urgente en France, à la suite de l‘émotion provoquée par les attentats du début de l’année en région parisienne, puis de la fièvre islamophobe qui s’est emparée du pays. Cette réforme est lancée ! Le gouvernement français a annoncé mercredi, à l’issue du conseil des ministres, qu’une “instance de dialogue” va être mise en place d’ici l‘été prochain (avant le ramadan, soit la mi-juin) afin de mieux comprendre et servir la communauté musulmane qui compte 4 à 5 millions de personnes. L’instance, constituée d’imams, d’associations, de personnalités, tous bien implantés sur le terrain, devrait se réunir deux fois par an autour du Premier ministre pour proposer des solutions concrètes.

Les autorités ne le disent pas ouvertement mais il s’agit de combler les défaillances du Conseil français du culte musulman (CFCM) qui n’a pas vraiment réussi à exister et à devenir une référence depuis qu’il a été créé en 2003 par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur. On a surtout reproché au CFCM de ne pas représenter toute la diversité des musulmans de France; il faut dire que la mésentente des différentes fédérations et nationalités en son sein ne l’a guère aidé. Le Conseil épaule pour le moment les pouvoirs publics pour gérer la formation des imams, la construction des mosquées, l’abattage rituel pour fournir le marché halal…

Priorité, former plus d'imams et d'aumôniers

La nouvelle instance de dialogue va donc avoir du pain sur la planche. Le premier problème est le manque criant d’imams pour officier dans les près de 2 300 mosquées ou simples salles de prières réparties dans tout le pays. Les prédicateurs itinérants sont moins sûrs que les imams formés, alors que l’enjeu fondamental – comme l’ont démontré les attentats de janvier perpétrés par des djihadistes français – est de prévenir le radicalisme dans lequel tombent certains jeunes. Et puis, certains imams n’ont pas une assez bonne maîtrise de la langue et de la loi française. Ils vont être incités à suivre une formation civique et civile qui devrait être dispensée dans une douzaine d’universités d’ici la fin de l’année.

Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a commencé sa tournée pour expliquer la réforme. Ce mercredi, il était à Bordeaux et à Cenon :

A la mosquée de Cenon pic.twitter.com/8f1BV17aj8

— Bernard Cazeneuve (@BCazeneuve) 25 Février 2015

Même constat pour les aumôniers musulmans qui visitent les prisons. Ils sont 180 actuellement, ce qui est bien insuffisant, dénoncent les spécialistes du secteur. Là encore, ils ont pourtant un rôle déterminant à jouer auprès des jeunes détenus qui se laissent embrigader par d’autres prisonniers radicaux. Dans le domaine de l‘éducation, le gouvernement français souhaite que plus d‘établissements scolaires musulmans passent un contrat avec l’Etat. Les autres verront leurs contrôles renforcés, et surtout pas question de toucher à la loi de 1905 de séparation entre l’Eglise et l’Etat.

Enfin, cette réforme de l’Islam de France doit permettre de mieux le protéger. Les agressions islamophobes n’ont jamais été aussi nombreuses : 176 au cours du mois de janvier dernier, chiffre fourni par le ministère de l’Intérieur, c’est à dire plus que pendant toute l’année 2014. Environ un millier de lieux de culte musulmans bénéficient actuellement d’une protection policière. Des fonds seront débloqués pour parfaire leur sécurité, notamment en installant des équipements de vidéo-surveillance.

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