Vingt ans de Cannes... le festival vu de l'intérieur

Vingt ans de Cannes... le festival vu de l'intérieur
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Par Frédéric Ponsard
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Le tapis rouge, la compétition, le glamour, les stars, les paillettes et les coulisses… Pendant toute la durée du Festival, notre reporter Frédéric Ponsard vous fera vivre au jour le jour, et de l’intérieur, le plus grand festival de cinéma du monde.

Cannes, vingt ans déjà !

1995-2015, et vingt Festival de Cannes au compteur… en regardant dans le rétroviseur, on ne garde évidemment que les bons souvenirs.

Oubliées les heures d’attente pour voir un film, les gens stressés qui courent partout et n’hésitent pas à vous marcher dessus pour rentrer dans une salle, les rendez-vous reportés ou annulés, la foule toujours dense, la transpiration à éviter… Heureusement, à Cannes, le paradis et l’enfer ne sont jamais bien loin.

De la carte jaune à la pastille dorée

Pour autant, il ne s’agit pas de bouder son plaisir, car vivre le Festival de Cannes de l’intérieur est en soi une expérience irremplaçable, pourvu que l’on ait les bons sésames. Car à Cannes, tout est une question de hiérarchie. Du simple quidam à l’invité officiel, le gouffre est immense.

Au sein des journalistes aussi, il y a une lutte des classes et une hiérarchie très stricte, et l’on ne vit pas le même festival si l’on est correspondant de la Charente-Libre ou si l’on est présentateur pour Canal+.

Je me souviens de mon premier festival où, très fier, je suis allé retirer mon badge Presse. En voyant la couleur jaune du sésame, je ne me doutais pas que je me retrouvais dans la caste des Intouchables, ceux qui ne rentrent à une projection de presse en compétition officielle que si il reste de la place ! Quand on sait qu’il y a plus de 5000 journalistes accrédités chaque année et que la plus grande salle du Festival fait 2500 places, on comprend que les places sont chères… Au fil des ans, en changeant de médias et en prenant de l’ancienneté, je suis passé doucement mais sûrement de la honteuse jaune à la carte bleue, puis rose pour enfin être stabilisé depuis une dizaine d’années en carte « rose à pastille dorée », qui permet de ne pas faire la queue, et d’être même prioritaire pour les séances et les conférences de presse. Le bonheur, surtout quand on n’a pas une minute à perdre !

So close, so far…

Mais à vrai dire, mon premier festival date de 1993, année où, jeune étudiant, je finissais mes études par un stage… à l’Institut Lumière. A l’époque, Thierry Frémaux, aujourd’hui Délégué général du Festival, était en charge de la programmation de la cinémathèque lyonnaise, et devait assister à Cannes à la projection de « So close, So far » de Wim Wenders en compétition officielle. Ma mission : conduire Frémaux à Cannes dans la journée, trouver un hôtel pour le soir, et remonter le lendemain matin. Autant dire que je n’ai vu du Festival de Cannes que le Parking en sous-sol du Palais des Festivals et le Formule 1 du Cannet, avant de reprendre l’autoroute pour Lyon. Un rendez-vous manqué. Il ne suffit pas d’aller à Cannes pour participer au Festival, mais ce trajet avec le futur « boss » du festival reste gravé dans ma mémoire.

  • Equipe du film Timbuktu

  • Habemus Nanni Moretti

  • Nuri Bilge Ceylan, Palme d’Or 2014

  • Nicole Kidman et son homme

  • Orlando Bloom

  • Salma Hayek au micro

  • Les cartes

  • Who’s that girl?

  • Palais, côté mer

  • Roman Polanski

  • The Boss

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  • Sean Penn

  • Fred Ponsard

Yes, we Cannes

Depuis, je me suis bien rattrapé. Outre les centaines de films visionnés en vingt ans, j’ai aussi eu quelques moments magiques que l’on ne peut vivre qu’à cannes, pendant le Festival. Comme la couverture de cette soirée VIP à l’Eden rock d’Antibes, le palace des palaces, en l’honneur de… Beyoncé et Jay Z. ! Monsieur avait loué les lieux pour sa dulcinée, et invité pour l’occasion la crème de la crème des stars – de Brad Pitt à Uma Thurman, en passant par Leonardo di Caprio et Will Smith. Du beau linge, quoi ! Travail oblige, je n’ai pu goûter le champagne Dom Perignon millésimé… qu’à une heure du matin, mais qu’il était bon !

Un autre souvenir amusant : une pause cigarette lors d’une réception dans un grand hôtel. Sur le perron, une jeune femme blonde vient me demander du feu… Paris Hilton ! Etre aussi riche, et ne pas avoir de briquet Dupont…N’a pas la classe qui veut ! A Cannes, tout peut donc arriver si vous êtes au bon endroit, au bon moment…

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A tout Seigneur, tout honneur…

Mais les vrais stars du festival, il ne faut pas l’oublier, ce sont les films. Les gens se battent pour les voir, les sifflent, les conspuent ou au contraire les encensent, les portent aux nues. A Cannes, il faut séparer le bon grain de l’ivraie, se méfier des rumeurs et des avis unanimes. Et pour cela, il faut être assidu aux projections, se lever tôt le matin pour la projection de presse de 8h30, qui permet de voir qui montera les marches le soir même. Entre temps, le travail du journaliste est de caler des interviews, d’assister à des conférences de presse, de voir un autre film, de derusher les images tournées le jour, de faire un montage, puis de se préparer pour le tapis rouge, et attendre que les stars arrivent dans leurs plus beaux atours.

… Les stars sont des gens normaux exceptionnels !

Le jeu en vaut la chandelle, et je garde tellement d’émotions de films vus pendant le festival qu’il est difficile d’établir une hiérarchie. Reste quand même la Palme d’or de Lars von Trier pour Dancer in the Dark. La moitié de la salle pleurait, et j’y suis allé aussi de ma petite larme. Plus près de nous, l’an dernier, la projection de Timbuktu, d’Abderrahmane Sissako, qui s’est terminée par une standing ovation de plus de vingt minutes ! Ou encore la montée des marches, balle au pied, de Diego Maradona, accompagné d’Emir Kusturica, qui lui avait consacré un documentaire, en sélection officielle hors compétition.

Steven Spielberg assis à côté de moi pour une séance matinale en compagnie de sa femme. Sean Penn, déboulant des coulisses du Palais en colère, insultant je ne sais qui au téléphone… ou encore Manoel de Oliveira, le doyen des cinéastes, qui nous a quitté cette année à 106 ans, que j’ai croisé incognito sur la Croisette il y a quelques années, en train de faire une promenade de santé ! Sans oublier Sophie Marceau qui m’a accueilli dans sa chambre d’hôtel du Majestic pour une interview de plus d’une demi-heure. Gon Li me faisant attendre près de cinq heures au Carlton pour une interview qui a duré quatre minutes montre en main, ou encore Marion Cotillard à ses débuts, il y a près de quinze ans, tremblotant à chaque question, et qui a pris un malaise d’angoisse avant la fin de l’interview. Depuis, elle est passée par Hollywood et fait preuve de beaucoup plus de professionnalisme… au détriment de la spontanéité !

Et puis, pour finir, comment ne pas parler du tapis rouge où tous les jours défilent les plus belles femmes du monde, dans les plus belles robes de haute-couture, parées des plus beaux diamants des plus grands bijoutiers. Impossible de s’en lasser, il faut revenir chaque année !

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