D'où vient la dette grecque ? La source grecque (1/3)

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Par Marie Jamet
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Depuis 2009, la dette en grecque inquiète toute l'Union européenne. L'attention s'est peu à peu détournée des premiers pays touchés au sein de la zone euro et ayant dû imposer l’austérité – Irlande, Espagne et Portugal – pour se focaliser sur la Grèce. Mais d'où vient cette dette ?

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Depuis 2009, la dette grecque inquiète toute l’Union européenne. L’attention s’est peu à peu détournée des premiers pays touchés au sein de la zone euro et ayant dû imposer l’austérité – Irlande, Espagne et Portugal – pour se focaliser sur la Grèce. Mais d’où vient cette dette ?

La source grecque

Un pays endetté depuis longtemps

  • Déjà sous la dictature des colonels (1967-1974), la Grèce est endettée. Une source de cet endettement est le poids des dépenses militaires qui profitent aux fabricants d’armes, au nombre desquels des entreprises allemandes et françaises.
  • A son entrée dans la zone euro, la dette grecque est une source d’inquiétude. A 104% du PIB, elle n’est pourtant pas la plus élevée. L’Italie et la Belgique ont alors des dettes de 108% et 106% du PIB après avoir cofondé la zone euro en 1999 avec des taux d’endettement de 113%.

La démocratie perpétue les dysfonctionnements

  • Après la dictature, deux grands groupes politiques le PASOK (parti socialiste) et Nouvelle Démocratie (parti conservateur) se partagent l’alternance. Ces deux partis sont aux mains de trois grandes dynasties familiales et politiques : les Papandreou (Pasok), Caramanlis (ND) et Mitsotakis (ND).
  • Le pays pâtit d’une culture et de politiques laxistes en matière de fiscalité.
    Selon l’ONG Transparency International, l’évasion fiscale et la corruption en Grèce représentaient 30% du PIB en 2011.
  • Les finances du pays sont encore affaiblies par le fait que l’église orthodoxe et les armateurs, deux groupes puissants et riches, ne paient pas d’impôts.
  • La société repose sur un service public très important et une économie souterraine qui pèserait près de 20% du PIB.

La croissance par l’endettement

  • Si le pays est endetté, la croissance est au rendez-vous jusqu’en 2008. La dette ne pose donc pas de danger immédiat.
  • L’endettement des ménages est relatif à cette croissance insolente (+5,8% en 2006). Les ménages grecs consomment mais s’endettent au passage. Selon l’ONG Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde (CADTM), les prêts aux ménages et les crédits immobiliers sont multipliés par six entre 2000 et 2009.
  • Le traité de Maastricht ne tient pas compte de cet endettement des ménages et ne préconise qu’une limitation de l’endettement public à 60% du PIB.
  • Officiellement, l’endettement public de la Grèce en 2001, à son entrée dans la zone euro est de 103,7% et l’endettement privé de 60,5%. En comparaison, l’Allemagne est à 59,1% et 123,2%.

La bombe à retardement du maquillage de la dette

  • Avant son entrée dans la zone euro en 2001, la Grèce cherche à réduire le poids de sa dette pour répondre aux exigences du traité de Maastricht. Avec l’aide de la banque Goldman Sachs, l’Etat convertit sa dette en yens et dollars. Cette manœuvre appelée « Credit derivative swaps » ou « CDS souverains ». Elle est légale ; la banque explique même l’opération sur son site web.
  • L’opération permet au pays d’obtenir de la banque un premier paiement en cash qui sera remboursé à maturité du crédit et permet de corriger artificiellement le taux d’endettement et de déficit du pays. Mais l’opération fait scandale car les taux de change sont définis de manière artificielle et la banque est accusée de faire payer grassement ses services.
  • En 2009, George Papandreou du parti de gauche du PASOK arrive au pouvoir et révèle les véritables chiffres de la dette et du déficit du pays : ce dernier passe alors des 3% affichés à plus de 8%.

La bombe à retardement de la dette grecque vient alors d’exploser au coeur de l’Europe.

> Lire le deuxième volet : D’où vient la dette grecque ? La source européenne (2/3)

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