D'où vient la dette grecque ? L'accélérateur : la crise de 2008 (3/3)

D'où vient la dette grecque ? L'accélérateur : la crise de 2008 (3/3)
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Par Marie Jamet
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Depuis 2009, la dette en grecque inquiète toute l'Union européenne. L'attention s'est peu à peu détournée des premiers pays touchés au sein de la zone euro et ayant dû imposer l’austérité – Irlande, Espagne et Portugal – pour se focaliser sur la Grèce. Mais d'où vient cette dette ?

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Depuis 2009, la dette grecque inquiète toute l’Union européenne. L’attention s’est peu à peu détournée des premiers pays touchés au sein de la zone euro et ayant dû imposer l’austérité – Irlande, Espagne et Portugal – pour se focaliser sur la Grèce. Mais d’où vient cette dette ?

L’accélérateur : la crise de 2008

L’engrenage des prêts toxiques, les subprimes

  • Dans le courant des années 2000, poussées par des taux directeurs bas et un marché de l’immobilier en expansion, les banques américaines multiplient les prêts immobiliers aux ménages, y compris les plus modestes. Ce sont les subprimes, des prêts plus risqués. Le risque de défaut de paiement par ces ménages est emmailloté dans produits financiers complexes, vendus dans le monde entier à des fonds d’investissement et censés être couverts par le prix de l’immobilier. Si un ménage fait défaut, la maison est vendue pour couvrir les pertes.
  • A partir de 2008, les défauts de paiement de crédits immobiliers par les ménages modestes se multiplient ; trop de maisons se retrouvent sur le marché immobilier sans trouver preneur. Le marché de l’immobilier s‘écroule, entraînant avec lui l‘édifice financier des prêts subprimes et des banques qui avaient investi.
  • Lehman Brothers est sacrifiée ; les autres banques sont sauvées in extremis pour leur éviter la faillite et la perte des capitaux.

(Voir une version sous-titrée en français ici)

De la dette privée à la dette publique

  • Pour éviter la faillite des banques privées et éviter un choc systémique à travers toute la zone euro, les Etats recapitalisent les banques et rachètent les dettes d’Etats détenues par ces banques. La dette détenue par le secteur privé passe dans les mains des Etats et devient publique.
    Pour Jean Arthuis, président de la commission des budgets au Parlement européen, “on a, en fait, transféré le mistigri des banques aux Etats.”
  • En 2009 et 2010, constatant les difficultés de la Grèce, les agences de notation Fitch et Standard & Poor’s abaissent la note de la Grèce à BBB+ puis BBB-. Cette dégradation participe à l’augmentation des taux consentis à la Grèce.

Business as usual

  • Renflouées sans aucune contrepartie, telle une régulation des marchés financiers sur laquelle les Etats n’arrivent pas à se mettre d’accord, les banques reprennent les affaires. Les taux directeurs des banques centrales sont bas. En 2009 le taux directeur de la BCE tombe à 1% : les banques peuvent emprunter à bas coûts.
  • Échaudés par les subprimes, les établissement bancaires se mettent à bouder partiellement le marché des actions, et se tournent vers ceux des produits agricoles, des matières premières… et des dettes publiques, par le biais des CDS (Credit Default Swap), des produits financiers créés pour se protéger d’un défaut de paiement d’un Etat ou d’une entreprise.
  • La spéculation sur un possible défaut de la Grèce par le biais des CDS accélère le processus de défaut du pays. En effet, cette hausse de la demande de CDS pour la Grèce a fait monter leur prix, hausse de prix qui a été considérée comme une preuve de la faiblesse de la Grèce et une perte de confiance des investisseurs. En retour, les marchés ont donc consenti des taux d’intérêts plus élevés à la Grèce. Des taux d’intérêts parfois supérieurs à 10%.

Le cercle vicieux

  • Acculée, la Grèce est contrainte d’accepter un premier (2010) puis un second plan de sauvetage international (2012) piloté par la Troïka (FMI, BCE, Commission européenne). Le pays obtient de nouveaux prêts qui viennent alourdir sa dette. Un troisième plan est en voie (été 2015).
  • En contrepartie des emprunts consentis, le pays doit appliquer de nouveaux plans d’austerité ainsi que des réformes structurelles, telles que la lutte contre l‘évasion fiscale. Mais, cette austérité et le poids grandissant de la dette dont il faut rembourser les intérêts, finissent d’assécher l‘économie du pays, rendant plus difficile encore le remboursement des emprunts en cours.
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