Croissance mondiale : le FMI pessimiste

Croissance mondiale : le FMI pessimiste
Par Euronews avec FMI, AFP
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Le Fonds monétaire international a abaissé ses prévisions 2016. Gian Maria Milesi-Ferretti, directeur adjoint du département de recherche du Fonds s'en explique auprès de Giacomo Segantini, journ

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Le Fonds monétaire international a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour l‘économie mondiale. Le FMI invoque l’intensification ces derniers mois des risques qui pèsent sur la reprise dans le sillage du ralentissement chinois.

Le Fonds table donc sur croissance globale à 3,4 % en 2016. Du fait du dollar fort, la croissance américaine devrait se limiter à 2,6 %. Par contraste, le FMI relève sa prévision pour la Zone euro à 1,7 %, estimant que la baisse des prix des carburants va venir doper le pouvoir d’achat des ménages et donc, la consommation. La France viendra freiner le rythme : le FMI a abaissé ses prévisions de croissance pour l’Hexagone à 1,3 % contre 1,5 % précédemment. Il maintient enfin à 6,3 % ses projections pour la Chine.

L‘économie chinoise en transition

Les signes d’essoufflement de l‘économie chinoise ont provoqué une panique boursière mondiale début janvier et ont accentué la chute des cours du brut et des matières premières. “ La Chine est en pleine transition vers un modèle moins dépendant des exportations et des investissements, et plus tourné vers la consommation et les services, aux dépends des industries manufacturières traditionnelles, “ a rappelé l‘économiste en chef du FMI, Maurice Obstfeld.

Il est aussi revenu sur la gestion approximative par Pékin de la dépréciation du yuan, qui provoque actuellement une fuite des capitaux. “ Les autorités chinoises pourraient communiquer plus clairement avec les marchés sur leur gestion de leur devise,” a-t-il estimé.

Risques de contagion

La croissance chinoise est retombée à 6,9 % l’an dernier, son plus bas niveau depuis 25 ans. Les exportations ont décliné, la production industrielle s’est contractée et l’immobilier refroidit après des années de surchauffe. Le FMI pointe un risque de contagion à l‘économie mondiale, à travers le commerce, notamment. Les pays émergents exportateurs de matières premières en sont les premières victimes, mais les répercussions pourraient être bien plus larges, comme l’a expliqué Gian Maria Milesi-Ferretti, directeur adjoint du département de recherche du FMI à Giacomo Segantini, journaliste de la rédaction économique d’Euronews.

L’interview : Gian Maria Milesi-Ferretti, directeur adjoint du département de recherche du FMI

Giacomo Segantini, euronews :

“ Les données publiées aujourd’hui à Pékin sont en ligne avec les estimations du FMI et indiquent, outre un ralentissement, un rééquilibrage de l’activité économique. La transformation de la Chine en effraie plus d’un. Cette “ nouvelle normalité “ va-t-elle affecter le reste de l‘économie mondiale ?”

Gian Maria Milesi-Ferretti, directeur adjoint du département de recherche du FMI

“ Nous constatons en particulier un impact sur la demande de matières premières, en particulier de métaux, et cela a provoqué un déclin très sévère ces dernières années des prix de ces matières premières. Avec bien sûr des implications mesurables pour les pays qui produisent ces matières premières. Plus généralement, des investissements plus faibles en Chine impliquent un ralentissement des importations de biens d‘équipement, ce qui affecte les pays qui exportent ces biens. Et il y a des répercussions sur les marchés financiers aussi, étant donnée la taille de l‘économie chinoise et aussi un certain degré d’incertitude quant à la façon dont les décideurs chinois sont en train de réagir à cette “ nouvelle normalité “.”

Giacomo Segantini :

La chute des cours du pétrole semble sans fin, tout particulièrement après le retour de l’Iran sur le marché mondial. Quelles sont vos prévisions à court terme pour les prix du brut et quelles conséquences, positives ou négatives, pour la croissance mondiale ?

Gian Maria Milesi-Ferretti

“ La résilience de la production de pétrole de schiste aux Etats-Unis est plus élevée que prévu. Beaucoup s’attendaient à ce que, à ces prix, la production s’effondre. L’investissement s’est effondré, mais la production s’est maintenue. Le résultat, c’est une surabondance de pétrole : une situation où l’offre excédentaire fait chuter les prix. Clairement, des prix du pétrole plus bas sont positifs pour les importateurs de pétrole. C’est, dans un sens, une bonne nouvelle pour les consommateurs aux Etats-Unis, en Europe et dans des économies émergentes comme l’Inde. Mais bien sûr, cela complique la vie des exportateurs de pétrole et certains d’entre eux sont déjà confrontés à des situations très difficiles. “

Giacomo Segantini :

“ On s’attend à une nouvelle contraction de l‘économie russe en 2016. Cette récession prolongée risque-t-elle d’affecter la croissance des pays européens frontaliers ?”

Gian Maria Milesi-Ferretti :

“ Il y a bien sûr des répercussions au-delà des frontières. Les plus significatives se produiront dans les pays qui faisaient autrefois partie de l’Union soviétique, et qui ont d’importants liens commerciaux avec la Russie. De même, nombre de ces pays ont des travailleurs en Russie qui leur envoient des transferts d’argent de Russie. Dans l’ensemble, les perspectives de croissance pour l’Europe centrale et orientale sont, je dirais, raisonnables pour les deux prochaines années, mais il y a clairement des risques liés entre autres à la situation en Russie. “

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