Militante pour le droit des femmes en République démocratique du Congo, Rebecca Masika Katsuva, plus connue sous le nom de Masika est décédée le 2
Militante pour le droit des femmes en République démocratique du Congo, Rebecca Masika Katsuva, plus connue sous le nom de Masika est décédée le 2 février dernier. Notre journaliste Valérie Gauriat avait rencontré Masika en 2012, à l'occasion d'un reportage, de notre série Women and war, dans la région des Kivu. Masika a succombé de complications dues à la malaria, à l'âge de 50 ans. Dans la région du Sud-Kivu, elle venait en aide aux femmes victimes de viol de guerre.
Elle-même avait survécu à des viols et à de terribles violences infligées par des miliciens à sa famille. Des souffrances transformées en combat. Elle a créé l’association APDUD. Sa maison de Buganga, dans la province du Sud-Kivu, est devenue un centre d’assistance aux victimes de violence sexuelle et aux enfants nés d’un viol. Mama Masika, comme elle était surnommée, consacre sa vie à sauver celle des autres.
We are very sad to hear that #mamasika died yesterday. Please remember her & all survivors of sexual violence. pic.twitter.com/7UfSPDPasW
— Java Films (@java_films) 3 Février 2016
Masika, une femme d’exception
De nombreux hommages lui ont été rendus, comme celui de l’organisation Human Rights Watch, ou encore des Nations Unies par la voix de la Sierra-léonaise Zainab Hawa Bangura"
#MaMasika was returned to the land of our ancestors this afternoon. May She rest in Freedom. #Congo#Masika#Minovapic.twitter.com/dsc4RCNrNa
— Vava Tampa (@VavaTampa) 3 Février 2016
En 2010, Amnesty International attribue à Masika le prix Ginetta Sagan, qui distingue des militantes des droits de l’Homme.

Le procès de Minova
La ville de Masika, Minova, est située à l’intersection de deux des provinces les plus violentes de RDC, le Nord et le Sud Kivu. Masika fait entendre sa voix dans le procès dit de Minova en 2013. Un procès retentissant au cours duquel plusieurs militaires comparaissent pour des viols, des meurtres et des pillages commis en novembre 2012 à Minova, dans le Sud-Kivu. Plusieurs seront condamnés mais la justice va acquitter presque tous les officiers. “Quand j’ai entendu le verdict, j’ai ressenti une immense déception. A cet instant surtout j’ai compris qu’il n’y avait pas de justice dans mon pays”, dira Masika en apprenant le verdict.
En 2015, l’organisation des productions LolaMora Producciones et Femme au Fone ont réalisé une vidéo dans laquelle Masika demande la réouverture du cas.
Avec sa disparition, c’est une des voix les plus courageuses de République démocratique du Congo qui s’est éteinte.