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Cisjordanie: Israël coupable de crimes de guerre et de nettoyage ethnique, assure Human Rights Watch

Des Palestiniens déplacés se rassemblent lors d'une manifestation appelant au retour dans leurs maisons dans le camp de réfugiés de Nur Shams, dans la ville de Tulkarem en Cisjordanie, mardi 18 novembre 2025.
Des Palestiniens déplacés se rassemblent lors d'une manifestation appelant au retour dans leurs maisons dans le camp de réfugiés de Nur Shams, dans la ville de Tulkarem en Cisjordanie, mardi 18 novembre 2025. Tous droits réservés  AP Photo/Majdi Mohammed
Tous droits réservés AP Photo/Majdi Mohammed
Par Emma De Ruiter & Nathan Joubioux
Publié le Mis à jour
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Bien que l'opération israélienne "Mur de fer" en Cisjordanie ait pris fin il y a plusieurs mois, les 32 000 Palestiniens déplacés n'ont toujours pas été autorisés à retourner chez eux. Des directives de l'armée israélienne qui constituent des crimes de guerre, selon HRW.

Israël a commis des crimes de guerre lors de son offensive terrestre en Cisjordanie en refusant d'autoriser les Palestiniens à rentrer chez eux depuis la fin des hostilités. C'est ce qu'affirme un nouveau rapport de Human Right Watch (HRW), publié ce jeudi 20 novembre.

En janvier, les forces israéliennes ont mené de vastes opérations militaires dans plusieurs régions de Cisjordanie, notamment dans les camps de réfugiés de Jénine, Tulkarem et Nur Shams, où HRW a mené ses recherches. Baptisée "Opération Mur de fer", l'opération visait, selon le gouvernement israélien, à éradiquer les activités terroristes, en s'attaquant aux groupes militants soutenus par l'Iran, comme le Hamas et le Djihad islamique.

Mais plusieurs mois après la fin de l'opération militaire, quelque 32 000 Palestiniens continuent de se voir refuser le retour chez eux, en Cisjordanie occupée, révèle le rapport, intitulé "All My Dreams Have Been Erased" (Tous mes rêves ont été effacés).

"Le droit international est très clair à ce sujet. Les personnes déplacées doivent être rapatriées une fois que les hostilités ont cessé dans la région. Et les hostilités dans la région ont cessé depuis longtemps", a déclaré l'auteure du rapport, Nadia Hardman, chercheuse sur les droits des réfugiés et des migrants à HRW, dans une interview accordée à Euronews. "Il n'y a aucune raison de continuer à bloquer l'accès de ces camps aux populations déplacées", a-t-elle assuré.

De la fumée s'élève à la suite d'une explosion déclenchée par l'armée israélienne, qui a déclaré qu'elle détruisait des bâtiments utilisés par des militants palestiniens à Jénine, le 2 février 2025.
De la fumée s'élève à la suite d'une explosion déclenchée par l'armée israélienne, qui a déclaré qu'elle détruisait des bâtiments utilisés par des militants palestiniens à Jénine, le 2 février 2025. AP Photo/Majdi Mohammed

Pour leur enquête, les chercheurs du HRW ont mené des entretiens et analysé des images aériennes des camps de réfugiés de Jénine, Tulkarem et Nur Shams afin de retracer l'étendue des déplacements et des destructions.

Les Palestiniens ont connu "l'humiliation et la peur"

Selon la Convention de Genève, le déplacement forcé d'une population ne peut avoir lieu que lorsque l'évacuation est nécessaire pour des raisons militaires impératives ou pour assurer la sécurité de la population civile. Les civils doivent également bénéficier d'itinéraires sûrs, d'un accès à la nourriture et à l'eau, et de la possibilité de revenir une fois les hostilités terminées.

Des mesures que n'ont pas prises les autorités israéliennes lors de ses opérations militaires à Jénine, Tulkarem et Nur Shams, dénonce le rapport de l'organisation.

"Tous les résidents qui ont parlé à Human Rights Watch ont décrit l'humiliation et la peur d'être expulsés de force de leurs maisons, de ne pas pouvoir rassembler leurs affaires et de ne pas savoir s'ils seraient autorisés à revenir ou quand ils le seraient", est-il écrit.

Un soldat israélien pointe son arme lors d'une manifestation appelant au retour des Palestiniens déplacés dans leurs maisons dans le camp de réfugiés de Nur Shams, le 18 novembre 2025.
Un soldat israélien pointe son arme lors d'une manifestation appelant au retour des Palestiniens déplacés dans leurs maisons dans le camp de réfugiés de Nur Shams, le 18 novembre 2025. AP Photo/Majdi Mohammed

Le gouvernement israélien a indiqué que l'opération "Mur de fer" était nécessaire pour éliminer les "éléments terroristes" dans les camps de réfugiés et que les démolitions étaient indispensables pour les "remodeler".

Au total, Tsahal a détruit 850 bâtiments, la plupart sans avertissements préalables, selon l'analyse des images satellites réalisée par HRW. "L'armée israélienne n'a pas expliqué pourquoi le déplacement de l'ensemble de la population des trois camps était nécessaire pour atteindre ses objectifs, ni si d'autres solutions avaient été envisagées", explique encore Nadia Hardman.

"Certains [Palestiniens] ne savent même pas si leur maison a été détruite, car ils n'ont pas reçu d'ordre de démolition", poursuit-elle.

Le rapport donne, notamment, la parole à Nadim, 60 ans et père de quatre enfants. Il a été contraint de fuir le camp de Tulkarem en janvier 2025 et explique que les forces israéliennes ont pris d'assaut son domicile. Il raconte avoir été ligoté avec des attaches en plastique et que les soldats de Tsahal avaient fouillé sa propriété avant de lui ordonner de partir.

L'armée israélienne lui aurait également assuré qu'en cas de non-respect des consignes, il serait pris pour cible par les tireurs d'élite déployés dans les hauteurs. Sans destination précise et sans aucune information sur les abris disponibles, il a trouvé refuge, avec sa famille, dans une mosquée locale qui avait ouvert ses portes aux résidents déplacés du camp.

Les soldats [israéliens] sont venus et nous ont dit de partir. Personne ne nous a dit où aller, juste de quitter le camp. Je crains que ce qui s'est passé en 1948 ne se reproduise ici. Au fond de moi, je suis convaincu que nous ne pourrons jamais revenir.
Nadim
Réfugié palestinien interrogé par Human Rights Watch

Une "politique de nettoyage ethnique"

Nadia Hardman explique que HRW a interrogé les autorités israéliennes sur l'intention qui sous-tend le maintien de la population déplacée dans les camps. "Les autorités israéliennes ont simplement répété qu'elles justifiaient leur décision par la nécessité militaire de remodeler les camps pour des raisons de sécurité. Elles n'ont donc pas vraiment abordé la question du droit au retour", souffle-t-elle.

Human Rights Watch estime en outre que la présence de combattants palestiniens n'est pas suffisante pour justifier un "déplacement massif de civils" prolongé et qu'elle "reflète le schéma plus large des violations des droits de l'homme commises par les autorités israéliennes à l'encontre de la population palestinienne".

"Il s'agit d'un cas de déplacement massif et systématique. La portée est tout simplement énorme", déplore la chercheuse. "Nos conclusions juridiques sont qu'il s'agit de crimes de guerre, qu'ils sont généralisés et systématiques et qu'ils constituent un crime contre l'humanité et un nettoyage ethnique."

Les habitants du camp de réfugiés de Tulkarem, aujourd'hui évacué, reviennent chercher leurs affaires avant la destruction de leurs maisons, vendredi 2 mai 2025.
Des résidents du camp de réfugiés de Tulkarem, aujourd'hui évacué, retournent chercher leurs affaires avant la destruction de leurs maisons, vendredi 2 mai 2025. AP Photo

HRW rejette la responsabilité sur trois personnalités qu'elle accuse de crimes de guerre : le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le ministre de la Défense Israël Katz et Abraham "Avi" Bluth, chef du commandement central qui a mené l'opération "Mur de fer".

Le rapport demande aux gouvernements internationaux d'appliquer des sanctions à l'encontre de ces personnes et à la Cour pénale internationale d'enquêter sur elles pour crimes contre l'humanité.

"Le plus important, le plus évident et le plus urgent est que les États fassent pression pour mettre fin au placement forcé de ces réfugiés palestiniens", a déclaré Nadia Hardman. Selon elle, les Palestiniens "veulent retrouver la vie qu'ils menaient auparavant". "Et je pense que ce désir de retour ne peut être éteint", conclut-elle.

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