C’est une pointure de la négociation que la ministre birmane des affaires étrangères, Aung San Suu Kyi, a appelé à la rescousse pour tenter de trouver une solution à la situation des…
Pour construire l'avenir, les deux grandes communautés doivent dépasser des décennies de méfiance et trouver les moyens d'embrasser les valeurs communes de justice et d'équité.
Former UN secretary
C’est une pointure de la négociation que la ministre birmane des affaires étrangères, Aung San Suu Kyi, a appelé à la rescousse pour tenter de trouver une solution à la situation des Rohingyas. L’ex-secrétaire général des Nations unies, prix Nobel de la Paix, Kofi Annan est arrivé dans l’ouest du pays ce mardi avec un message de paix :
“Pour construire l’avenir, les deux grandes communautés doivent dépasser des décennies de méfiance et trouver les moyens d’embrasser les valeurs communes de justice et d‘équité. Nous sommes ici pour aider en apportant des idées et des conseils.“
Mais les bouddhistes nationalistes lui ont réservé un accueil glacial. “Pas d’interférence dans les affaires locales, pas d‘étrangers pour régler nos problèmes” scandaient les manifestants.
Ils sont habitants de l’Etat de l’Arakan, une région de l’ouest du pays, où est concentrée la minorité rohingya du pays.
Prix Nobel de la paix très critiquée pour son silence sur le sort de cette minorité, Aung San Suu Kyi a nommé Kofi Annan à la tête d’une commission consultative chargée de prévenir les conflits ethniques et religieux dans l’Arakan fin août.
Les Rohingyas ou communauté musulmane de l’Arakan
Les Rohingyas sont entre 800 000 et 1,3 million, musulmans, sans aucun droit, sur une terre peuplée à 80-90 % de bouddhistes. 100 000 sont actuellement cloîtrés dans des camps.
Leur origine est contestée par les historiens eux-mêmes. La version officielle, est qu’ils seraient venus du Bengale oriental, à la fin du 19e siècle, au moment de la colonisation britannique. Le Bengale oriental, devenu le Pakistan oriental en 1956 puis le Bangladesh en 1971.
Une version qui a servi les intérêts des gouvernements successifs et qui a permis à la junte militaire de rendre cette minorité apatride en 1982. Cette année-là, le pouvoir birman dresse une liste des 135 ethnies reconnues du pays, dites “races nationales”, c’est-à-dire présentes avant l’arrivée des Britanniques. Les Rohingyas en sont exclus et considérés comme des immigrés illégaux.
En 2012, des violences éclatent dans la région. Elles feront plus de 200 morts, principalement parmi la minorité rohingya. Leurs villages sont incendiés, ils sont tués, violés, terrorisés, affamés. De nombreuses ONG dénonceront un génocide orchestré par les autorités, des groupes locaux et des moines bouddhistes.
Fuir la persécution et la misère, c’est le sort de cette minorité, qui tente régulièrement de quitter la Birmanie sur des embarcations de fortune. Des dizaines d’entre eux y laissent leur vie chaque fois. Partir, mais sans but. Car les Rohingyas ne sont nulle part les bienvenus.
Au Bangladesh, d’où ils seraient originaires et où ils sont plusieurs centaines de milliers, réfugiés, on n’en veut pas non plus. Pas plus qu’en Malaisie, en Indonésie ou ailleurs où ils tentent de trouver refuge.
La situation doit donc se régler en Birmanie. Elle est entre les mains du nouveau gouvernement.