Débat présidentiel : passes d'armes, points d'accord, qui a dit quoi ?

Débat présidentiel : passes d'armes, points d'accord, qui a dit quoi ?
Par Joël Chatreau
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button

Un débat entre les cinq principaux candidats à l‘élection présidentielle française avant le premier tour, c‘était du jamais vu au cours de la Vème République.

PUBLICITÉ

Un débat entre les cinq principaux candidats à l‘élection présidentielle française avant le premier tour, c‘était du jamais vu au cours de la Vème République. Cette confrontation, diffusée lundi soir à la télévision, a permis un recentrage sur les programmes politiques, après des semaines de concentration sur les affaires judiciaires, mais elle n’a guère convaincu les observateurs de la presse et de la communication. Les Français, dont pas moins de 15 millions restent encore indécis, sont restés un peu sur leur faim.

9,8 millions de téléspectateurs ont suivi la prestation des 5 candidats.

“Grand débat” sur TF1 : 9,8 millions de téléspectateurs https://t.co/AA7qer0LPppic.twitter.com/zuyEpIijSU

— Les Echos (@LesEchos) March 21, 2017

La forme

Plusieurs quotidiens français jugent ce mardi matin que le débat n’a pas été décisif pour un candidat ou pour un autre. Durant la première heure, il a été “mou” puis s’est animé un peu, avant de permettre enfin des passes d’armes, notamment sur la laïcité, l’immigration ou le rôle de la Russie sur la scène internationale.

Des experts en communication, cités par l’Agence France Presse, estiment que le débat, qui a duré 3 heures et demie en tout, a été trop long. “Sur les réseaux sociaux, tout le monde a décroché à la troisième partie”, fait remarquer Anne-Claire Ruel, du blog Fais pas Com Papa. “La durée a neutralisé l’effet positif ou négatif”, pense Thierry Herrant, du cabinet Equancy. La partie réservée à “la France dans le monde” est arrivée trop tard, les candidats avaient moins d‘énergie.

Le journal Libération titre “L’arène de piques” :

Débat présidentiel : l’arène de piques (dans un décor entre l’amphithéâtre, la boîte de nuit et le vaisseau spatial) https://t.co/zVlPkD6Xw6pic.twitter.com/gUUPBQdWgp

— Libération (@libe) March 21, 2017

François Fillon, du parti de droite Les Républicains, s’est présenté comme “le président du redressement national”. Selon les observateurs, il s’en est assez bien sorti, malgré ses casseroles sur les emplois fictifs présumés de sa femme et de ses enfants. Il a exprimé peu de regrets, admettant seulement “avoir pu commettre des erreurs”.

Benoît Hamon, du Parti socialiste, a promis d‘être “un président indépendant par rapport à l’argent et aux lobbies”. Il a été un bon pédagogue mais est resté trop en retrait.

Emmanuel Macron, du parti centriste En Marche !, a proposé “un projet d’alternance profonde avec de nouveaux visages, de nouveaux usages”. Il s’est montré à l‘écoute des idées de ses rivaux mais a eu du mal à utiliser des mots simples pour s’expliquer.

Marine Le Pen, du parti d’extrême droite Front national, a déclaré qu’elle serait “la présidente de la République française, mais vraiment !”. Sans surprise, elle a utilisé un ton ferme, parfois moqueur, mais elle s’est adressée directement aux Français déçus ou en colère.

Jean-Luc Mélenchon, du parti d’extrême gauche La France insoumise, a indiqué qu’il mettrait fin à “la monarchie présidentielle”. Il a eu, comme souvent, le sens de la formule et il a fait son show. C’est lui qui a généré le plus d‘échanges sur les réseaux sociaux.

Evolution de l'opinion des téléspectateurs qui ont regardé #LeGrandDebat#DebatTF1 sur les candidat-e-s : #Macron et #Mélenchon en positif pic.twitter.com/bxe58jApZG

— Olivier Biffaud (@bif_o) March 21, 2017

Le fond

Emmanuel Macron, favori dans les derniers sondages avec Marine Le Pen, a essuyé le plus de “tirs” de ses adversaires. Benoît Hamon l’a attaqué sur le financement de sa campagne, évoquant “des dons de personnes qui appartiennent à des grands groupes et pourraient demain nous ligoter”. Le candidat centriste a répliqué : “Je prends l’engagement de n‘être tenu par personne (…) Le financement est transparent”.
Marine Le Pen a qualifié le discours d’Emmanuel Macron sur les affaires internationales de “vide sidéral”. “Vous n’avez pas compris que contrairement à vous, je ne veux pas pactiser avec M. Poutine”, a rétorqué l’ex-ministre de l’Economie, “Contrairement à vous, je veux une France forte dans l’Europe, que j’assume pleinement, c’est notre grand désaccord”.

François Fillon a attaqué Marine Le Pen sur son projet économique : “Le vrai serial killer, c’est Marine Le Pen avec la sortie de l’euro, une inflation galopante…”.
L’ancien Premier ministre de droite, qui entretient de bonnes relations avec le président russe, Vladimir Poutine, a défendu la Russie sur la question des frontières, faisant allusion à la Crimée : “Il y a des frontières qui ont été tracées dans des conditions inacceptables pour les peuples, qui ont séparé des peuples et ce débat là, on ne peut pas refuser de le voir s’ouvrir”.

#LeGrandDebat – Fillon s’accroche à son projet et vise ses rivaux d’En Marche et du FN >> https://t.co/OvKgTLRPL2pic.twitter.com/8J3JgQrugo

— Les Echos (@LesEchos) March 21, 2017

Jean-Luc Mélenchon a appelé “un chat un chat” en rappelant que les deux candidats touchés par des affaires judiciaires étaient Fillon et Le Pen. “Il n’est pas interdit aux électeurs, sachant ce qu’ils savent, a lancé le chef de file de La France insoumise, de récompenser les vertueux et de châtier ceux qui leur paraissent ne pas l‘être”.

Le débat s’est enflammé sur le sujet sensible de la laïcité. Marine Le Pen a expliqué qu’elle “ne reconnaît pas les communautarismes”, provoquant la réaction de Benoît Hamon : “Ah oui, la laïcité, comme ça vous arrange !”. Et Jean-Luc Mélenchon de tacler également la présidente du Front national : “Vous ne pouvez pas aller jusqu‘à établir une police du vêtement dans la rue. Avez-vous l’intention d’empêcher les gens de porter des cheveux verts ?”.

#LeGrandDebat : #LePen déroule ses propositions mais se fait contrer par ses adversaires >> https://t.co/JlQgDE7igHpic.twitter.com/Pr3travvQ0

— Les Echos (@LesEchos) March 21, 2017

Dans le domaine, cher aux Français, des retraites, Benoît Hamon, favorable au maintien d’un départ à 62 ans, propose de pouvoir transférer des trimestres de travail à son conjoint, pour obtenir plus rapidement une retraite à taux plein.
Emmanuel Macron ne souhaite pas repousser l‘âge de départ à 62 ans mais garder le système par répartition “où un euro cotisé, a-t-il précisé, donne les mêmes droits pour tout le monde”.
Jean-Luc Mélenchon plaide pour un retour à la retraite à 60 ans. D’après lui, “Il suffit que les femmes soient payées comme les hommes (…) Les cotisations sociales auxquelles ça donnerait lieu équilibreraient le régime”.
Marine Le Pen prône le même retour à 60 ans, “pour ne pas demander en permanence aux Français des sacrifices via les retraites”.
François Fillon veut passer progressivement à un départ à 65 ans, pour “augmenter les petites retraites et faire à la fin une réforme structurelle”.

Deux autres débats de la présidentielle française sont prévus :

  • le 4 avril sur les chaînes de télévision privées BFMTV et CNews.
  • le 20 avril sur la chaîne de service public France 2.
Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Premier débat pour les cinq favoris de l'élection présidentielle en France : lignes de fracture sur l'immigration

France : onze candidats admis à l'élection présidentielle des 23 avril et 7 mai

Prêt russe au RN en 2014 : Marine Le Pen dit n'avoir "rien à se reprocher dans cette affaire"