Première greffe de tête humaine réalisée... sur un cadavre

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Par Vincent Coste
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Science-fiction ? Ethique médicale mise en cause ? Cette "première mondiale" soulève une vive polémique.

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La semaine dernière à Vienne en Autriche, le neurochirurgien italien Sergio Canavero avait annoncé avoir réussi avec son équipe la première greffe de tête humaine. Cette annonce a suscité une vive polémique. De nombreux membres de la communauté scientifique sont ainsi montés au créneau pour dénoncer cette opération en insistant sur la méthode employée pour la mener à bien, en utilisant deux cadavres. Mais c’est surtout au niveau éthique que cette “première” interroge le plus.

Sergio Canavero et son équipe, en Chine, sont donc arrivés à leurs fins. L’opération, baptisée « **anastomose céphalosomatique **» et qui a fait l’objet d’une publication dans la revue Surgical Neurology International, a eu lieu à l’université médicale de Harbin. Durant plus de 18 heures, deux équipes de cinq chirurgiens ont opéré de concert sur les deux cadavres, le “donneur” d’un côté et le “receveur” de l’autre. Et c’est justement le fait que l’équipe de Canavero ait utilisé des cadavres, deux hommes ayant fait don de leur corps à la science, qui a soulevé le plus de critiques. 

En effet, se pose ici le problème de la circulation sanguine qui de l’aveu même des auteurs de la greffe pourrait « ajouter du temps à l'opération ». En outre, la technique utilisée pour fusionner les moelles épinières des deux cadavres, reposant sur l’utilisation de polyéthylène glycol, est largement controversée, n’ayant pas fait l’objet de validation sérieuse.

Depuis quelques années déjà, Sergio Canavero, habitué des déclarations médiatiques, claironnait qu’il serait le premier à réussir une greffe de tête humaine. Dans un premier temps, il avait annoncé qu’il atteindrait son objectif en 2016, ce qu’il n’a pas pu faire. Depuis il a fait état de ses travaux en publiant des articles sur des opérations pratiquées sur des animaux : singes et rats. L’homme n’est également pas avare de conférences où, en communicant accompli, il séduit son audience en présentant son “graal”.

Sergio Canavero a donc réussi sa première... en utilisant des cadavres. Mais la prochaine étape, la greffe d’un patient vivant, semble encore de la pure science fiction. De plus, de nombreux scientifiques estiment que le neurochirurgien italien suscite de faux espoirs, à l’instar du docteur Arthur Caplan, bioéthicien du Centre médical Langone à New York. Ce dernier, interrogé par le site futurism.com, a en effet déclaré qu' « Il y a des gens dont le corps est paralysé, et d'autres en train de mourir de maladies terribles, qui pensent 'Peut-être pourraient-ils greffer ma tête'. C'est cruel de leur infliger ça, et après ils s'énervent, déçus, car la technologie ne tient pas ses promesses ».  Le scientifique américain a aussi considéré que Sergio  Canavero « parle des greffes de tête comme s’il dévissait une ampoule grillée pour la remplacer par une nouvelle » et que tout cela est « méprisable et dangereux pour la vraie science.» 

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