Japonismes 2018 : Les arts visuels du Japon s'installent à Paris

Japonismes 2018 : Les arts visuels du Japon s'installent à Paris
Par Hind Meddeb
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Art digital et école Rimpa font partie des curiosités japonaises à découvrir à Paris lors de "Japonismes 2018".

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Pour fêter 160 ans de relations diplomatiques avec le Japon, la France s’apprête à recevoir de juillet 2018 à février 2019, Japonismes 2018, les âmes en résonance, une cinquantaine d‘événements dédiés à la culture japonaise.

Au programme : du théâtre Kabuki à Chaillot, l’exposition “Jakuchu” au Petit Palais, le festival Yosakoi au Jardin d’Acclimatation en octobre à Paris, le théâtre japonais contemporain mis à l’honneur lors du Festival d’Automne à Paris, l’exposition Manga Tokyo à la Villette, 100 films japonais à la Cinémathèque française…

Cette série de manifestations fait écho au japonisme, cet engouement que les artistes français ont eu pour la culture nippone durant la deuxième moitié du XIXe siècle.

“Je veux créer un univers qui interagisse avec les visiteurs”

Avant que les œuvres et les artistes japonais ne fassent le voyage jusqu’en région parisienne, nous sommes allés à leur rencontre, à domicile. À Tokyo sur l‘île artificielle de Odaiba, nous visitons le futur musée “teamLab borderless”, entièrement dédié à l’art digital. Le groupe teamLab qui en est à l’origine proposera lors de “Japonismes 2018”, une expérience immersive inédite du 4 mai au 2 septembre à la Grande Halle de la Villette à Paris dans le cadre de teamLab, au-delà des limites.

Son fondateur Toshi Inoko nous explique comment est née l’idée de ce musée alors que nous déambulons dans les différentes salles d’exposition. “Les hommes bougent de la même manière que nous sommes en train de marcher en ce moment-même, les hommes bougent et perçoivent leur environnement avec leur corps, dit-il. Je veux créer un univers qui interagisse avec les visiteurs, je voudrais qu’en marchant dans cet espace, le visiteur ressente que tout son corps interagit avec les œuvres,” souligne-t-il.

“Les frontières sont des concepts créés et imposés par les hommes, mais à l’origine, les éléments interagissaient naturellement sans qu’il y ait de barrières entre les choses,” renchérit-il.

Dans une autre pièce, Toshi Inoko nous précise : “Ici, apparaîtront des milliers de fleurs et les visiteurs seront complètement désorientés, ils se demanderont où ils se trouvent.” Il nous guide dans un nouvel espace : “Ce sera une pièce où seront projetés des hologrammes dans l’espace et on rentrera dedans pour s’y perdre. Les hologrammes joueront des instruments et danseront librement sans chef d’orchestre,” indique-t-il.

【2018年2月18日まで】
「とくしまLED・デジタルアートフェスティバル」にて、「チームラボ 川と森の光のアート祭」開催。
徳島市内の街や自然を活かした作品などを展示。https://t.co/P1IWMsMkYGpic.twitter.com/epNBJkySMS

— チームラボ / teamLab (@teamlab_news) 18 février 2018

“Effacer la notion de cadre”

L’aventure teamLab démarre en 2001. Toshi Inoko vient de décrocher son diplôme en mathématiques et physique appliquées à l’Université de Tokyo. Avec quatre étudiants, il monte sa propre société de création numérique. Dix-sept ans plus tard, teamLab compte près de 500 salariés. Une fourmilière en open space où se déploie une petite armée d’ingénieurs, de graphistes et d’artistes en tout genre…

Toshi Inoko nous présente une œuvre animée qui occupe tout un mur dans les locaux de sa société : “Tous les jours, cette œuvre change, fait-il remarquer. Il y a trois jours, c‘était un paysage enneigé et là, la neige est en train de fondre ; dans une semaine, il n’y aura plus de neige, explique-t-il avant de nous montrer une partie spécifique du tableau : “Là, vous voyez un personnage qui porte une lanterne parce que la nuit est tombée ; bientôt, il fera si sombre qu’il n’y aura plus personne dehors et demain matin, vous verrez les gens qui se lèvent pour cultiver les rizières,” raconte-t-il.

Les œuvres de teamLab puisent aussi dans l’art pictural japonais en s’inspirant notamment des motifs de Rimpa, la célèbre école de peinture née au XVIIe siècle à Kyoto.

“Pour moi, Rimpa a inventé une peinture qui efface la notion de “cadre”, affirme Toshi Inoko. C’est aussi ce que nous essayons de faire avec nos œuvres : abolir la notion de cadre de manière à ce que nos créations s‘étendent à l’infini sur n’importe quelle surface,” conclut-il.

Peinture en mouvement

Rattaché au plus ancien temple zen de Kyoto, le paravent du Dieu du vent et du Dieu du tonnerre est considéré comme l‘œuvre fondatrice de l‘école Rimpa. Début octobre, il voyagera pour la première fois jusqu‘à Paris pour l’inauguration d’une exposition exceptionnelle.

Yoshiyuki Hosomi, directeur du musée du même nom, nous le décrit : “On a l’impression qu‘à droite, le Dieu du vent sort le vent de son sac et s‘élance vers le centre et qu‘à gauche, le Dieu du tonnerre fait gronder le tonnerre et qu’il descend vraiment du ciel vers la terre. C’est une peinture en mouvement alors que généralement, les peintures japonaises sont très figées, cette peinture rompt avec la tradition, fait-il remarquer. À partir du moment où ces deux Dieux se sont dressés sur ce paravent, l’histoire de la peinture japonaise a basculé et pendant près de trois siècles, l‘école Rimpa a perduré,” insiste-t-il.

Dépositaire de l’une des plus importantes collections Rimpa du Japon, Yoshiyuki Hosomi a accepté de prêter au musée Cernuschi à Paris, des œuvres de Sotatsu, Korin et Sekka, trois générations de peintres emblématiques du genre. Le public français aura ainsi le privilège de découvrir les trésors de l‘école Rimpa de Kyoto.

Attirance artistique mutuelle

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“C’est une petite peinture, mais c’est un chef-d‘œuvre très célèbre de Sotatsu, nous montre le directeur du musée Hosomi. Inspirée par les contes d’Ise, cette œuvre représente un seigneur au pied d’une princesse, il la courtise, mais elle refuse ses avances : c’est une scène très rare dans l’histoire de la peinture japonaise,” souligne-t-il.

Et si le public français aura bientôt la chance de découvrir toutes ces œuvres, c’est aussi grâce aux efforts de Korehito Masuda qui a coordonné les échanges entre le monde de l’art japonais et les institutions françaises.

“Sur le plan culturel, nous sommes sur la même longueur d’onde : c’est la raison pour laquelle cela fait 160 ans que de nombreux artistes français et japonais sont attirés mutuellement,” assure Korehito Masuda, directeur général du Bureau Japonismes à la Japan Foundation.

Les chefs-d‘œuvre de l‘école Rimpa de Kyoto sont à découvrir lors de l’exposition Les trésors de Kyoto, trois siècles de création Rimpa, du 26 octobre 2018 au 27 janvier 2019 au musée Cernuschi à Paris.

Pleins de nouveaux articles sur notre site, et notamment l'ouverture d'un grand dossier sur le “Japonisme”, avec plein d'articles à venir!https://t.co/jgzfR0Cjx9#Japonismes2018#japonisme#meiji#traitéfrancojaponais#traité1858

— Meiji 150ème (@Meiji150eme) 6 février 2018

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