Quel est le destin d'une veuve de djihadiste en Syrie ?

Quel est le destin d'une veuve de djihadiste en Syrie ?
Par Hans von der Brelie
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Euronews s'est rendu en Bosnie à la rencontre d'Alema qui se bat pour faire revenir sa soeur, bloquée en Syrie depuis la mort de son époux djihadiste.

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A 3000 kilomètres d'Alep, dans la campagne bosniaque, se cache peut-être la réponse à notre question : quel est le sort réservé aux veuves de djihadistes morts en Syrie ?

Notre reporter Hans Brelie s'est rendu à Lepenica, au nord du pays. Il a recueilli le témoignage d'Alema Dolamic dont la soeur était mariée à un soldat de Daesh. Depuis la mort de celui-ci, elle est désormais coincée en Syrie, dans la zone contrôlée par les Kurdes, avec ses trois enfants.

La jeune femme de 34 ans y vit avec une cinquantaine d'autres veuves, venues d'Allemagne, des Pays-Bas ou encore de Russie, dans un endroit tenu secret.

Pour Alema, le cauchemar a commencé en 2014. Alors qu'elle attendait sa sœur, elle reçoit un message inattendu de Syrie :

"Quand je l'ai appris, j'étais complètement choquée et très étonnée. Je n'arrivais pas à y croire car ma sœur n'avait jamais parlé de la Syrie, ni de son intention de s'y rendre. A ce moment là, c'était déjà la guerre là-bas. Elle a même emmené avec elle son enfant de huit ans. Je pense que ma sœur était sous l'influence de son nouveau mari.

Les parents bosniens de son compagnon travaillaient en Autriche, il est né là-bas d'ailleurs et il était résident autrichien. Ma sœur a fait sa connaissance sur Facebook et elle l'a épousé en janvier 2014. A peine 9 mois plus tard, ils partaient en Syrie."

"Toutes les veuves sont regroupées dans une maison spéciale"

Là-bas, la soeur d'Alema a donné naissance à deux enfants qui ont aujourd'hui deux et trois ans. Sa fille aîné est elle âgée de 12 ans. Doivent-ils être rapatriés ? Et si oui, quand et comment ? Des négociations sont en cours entre la Croix Rouge et les gouvernements concernés, pour définir le sort de ces femmes et de leurs enfants.

Alema est restée en contact avec sa sœur grâce aux réseaux sociaux. Elle lui envoie de temps en temps des photos de sa vie syrienne.

"Son mari s'est fait tuer en février 2017 en Syrie. La règle de l’État islamique là bas, c'est que dès qu'un soldat meurt, sa femme est envoyée avec toutes les autres veuves dans une maison spéciale qu'on appelle "mufada". On les force alors à se remarier, elles n'ont pas le droit de refuser ou de protester.

Par chance, elle a réussi à y échapper et a voulu tenter de s'enfuir. En septembre dernier, elle m'a envoyé un message disant qu'elle avait rencontré un homme qui pouvait l'aider. Mais pour ca, il fallait de l'argent. Elle m'a demandé de l'aider et j'ai accepté. Elle me disait qu'elle se sentait coupable d'être partie en Syrie, qu'elle regrettait profondément et qu'elle voulait rentrer à la maison pour retrouver une vie normale."

Alema espère que les négociations internationales aboutiront à la création d'un protocole afin de rapatrier sa sœur et ses neveux. Elle n'a plus qu'un seul rêve, une obsession : la revoir au plus vite.

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