La victoire électorale de Viktor Orban relance le spectre de la progression populiste en Europe.
Après les scrutins de 2017 aux Pays-Bas, en France et en Allemagne, l'Union européenne pensait avoir tourné la page du risque populiste. Mais la large victoire du parti national conservateur de Viktor Orban, le Fidesz, lors des élections législatives hongroises est un sérieux rappel à l'ordre. Le Premier ministre hongrois a reçu les félicitations de différentes formations populistes en plus du celles du président du groupe chrétien-démocrate du Parlement européen (PPE), mouvement auquel appartient Viktor Orban.
Le responsable hongrois a bâti son troisième succès électoral consécutif sur un discours anti-immigration. "La crise migratoire en 2015 a changé la donne" explique Paul Taggart, professeur en science politique à l’Université du Sussex. Cela "a permis d'alimenter l'euroscepticisme et l'immigration dans un cocktail commun en mélangeant la politique anti-establishment" que les populistes menaient sur la scène nationale. Fort de son nouveau succès Viktor Orban se place désormais comme le porte-drapeau des partis identitaires européens.
Si beaucoup ont cru que le volontarisme pro-UE du président français, Emmanuel Macron, pouvait faire rempart au populisme, le scrutin hongrois démontre que cela n’est pas suffisant. Paul Taggart estime d’ailleurs "que le phénomène Macron est un phénomène très français. Il est dangereux de l'envisager comme une solution unique qui pourrait marcher partout en Europe".
Au sein des institutions européennes les débats sont vifs sur le recours ou non à l'article 7 du traité sur l'UE contre la Hongrie. Cet article dont l’objectif est de défendre les valeurs fondamentales peut entrainer une suspension du droit de vote d'un Etat membre. Pour l'ancien Commissaire européen hongrois, Laszlo Andor, "c'est un débat politique qui est peut-être plus important que l'action juridique". Il faut faire preuve de plus de pédagogie et de discussions sur les fondements de l’Union européenne, estime-t-il.
La Hongrie n'est pas le seul pays dans le collimateur des institutions européennes. La Commission a engagé pour la première fois une procédure selon l’article 7 contre les réformes judiciaires en Pologne. La réélection de Viktor Orban annonce donc la poursuite du casse-tête politique au sein de l'Union. L'ampleur de ce succès renforce la légitimité nationale du dirigeant hongrois et accroît son influence européenne.