Le Derby de la Meije, 30 ans de freeride et pas une ride

Cette année, le "Derby de la Meije" a fêté ses 30 ans. Et pour l’occasion, le 6 avril dernier, plusieurs centaines de participants ont fait le déplacement dans le petit village de La Grave dans les Alpes françaises. Et qu’ils soient de vrais champions ou de simples amateurs, tous ces passionnés sont venus pour participer à cette épreuve mythique organisée dans un domaine de haute montagne non sécurisé. A fond les vallons !
La Meije et son téléphérique, c’est une histoire à part, en marge des grandes stations de ski. Ici, point de règles. Dans cet espace hors-piste et non balisé, chacun est libre de choisir sa “ligne”, de tracer sa “droite”. Le Derby de la Meije, c’est un peu la cerise sur la gâteau, l’événement qui clôt la saison à La Grave. Cette édition 2018 a tenu un peu (et comme souvent) du miracle.
Le “comité de sages” de l’organisation, constitué de pisteurs, de guides et d’habitués de la Grave s’est longuement concerté la veille pour déterminer si l'épreuve devait avoir lieu ou non, si la sécurité des coureurs pouvait être assurée en raison de l’instabilité du manteau neigeux. Et après avoir pesé le pour et le contre, le feu vert a été donné. Organiser une telle course avec un budget de 120 000 euros autour d’une association constituée de bénévoles relève de l'exploit. Mais ça marche… depuis trente ans !
Le lendemain ils étaient pratiquement 900, venus de 27 pays différents, à se lancer à l’attaque des vallons de la Meije sous un soleil radieux et sur une neige exceptionnelle. Avant de prendre place dans le téléphérique, le détecteur d’avalanche, que chaque concurrent doit impérativement porter sur lui, a été contrôlé par des pisteurs professionnels, eux aussi bénévoles sur le “Derby”. Ils étaient 53, venus de tous les massifs français pour encadrer l'épreuve.
Après plus de 40 minutes de montée, les 3 600 mètres ont été atteints. Ici, l’objectif des participants, qu’ils soient à ski, en snowboard ou en tout engin qui glisse, c’est de dévaler les 1 500 m de dénivelé le plus vite possible. Et à ce petit jeu, les plus rapides se sont imposés en moins de 7 min… quand le dernier a pris presque trois heures !
Dret dans l'pentu !
Pour certains, le "Derby", c’est effectivement du sérieux. La mission, c’est d’établir LE temps scratch, comme pour Anouck Mouthon qui est une habituée des compétitions sur le Freeride World Tour. Après avoir remporté l'épreuve l’année dernière, la rideuse française s’est à nouveau imposée cette année en catégorie snowboard féminin (11 minutes).
En catégorie handisport, les concurrents en fauteuil les rapides ont mis moins de 13 minutes pour effectuer le parcours. Enfin, Charly Rolland, qui a gagné cette année en ski et qui a établi le meilleur chrono en 6 minutes (!!!), nous a révélé son secret : mettre son cerveau de côté !
D’autres sont venus avec la furieuse envie de juste faire la fête. Et en la matière, la palme revient aux fêtards qui n’ont pas hésité pas à descendre déguisés en mouton, en super héros, en tour Eiffel ou en bougie. Certains ont même “trimballé” une plancha pendant leur run !
Après la course, tous ces coureurs, les têtes brulées comme les plus paisibles se sont retrouvés sous un chapiteau installé dans la vallée à la Grave, à l’ombre des 3 983 m de la Meije. Tout ce petit monde a festoyé jusqu’au bout de la nuit pour célébrer les exploits du jour.
Dans son histoire, la course n’a été annulée qu’une seule fois. Cette année, comme les précédentes, le "Derby" a connu son lot de chutes, de pelles, de gadins ou de soleils. Mais depuis ses débuts, jamais un gros accident n’est venu ternir cette épreuve atypique et attachante pour tous les amoureux de la montagne sans contraintes. Et déjà les bénévoles de l’association qui organise le Derby de la Meije ont en tête la prochaine édition. Rendez-vous en 2019 pour la 31ème édition du Derby !